PROBL?MES DE MISE EN SC?NE
les
Dialogues des Carm?lites, derni?re ?uvre achev?e de Georges Bernanos, furent ?crits pour le cin?ma. Mais l'adaptation ? la sc?ne de ce texte dense et vigoureux, dont la qualit? litt?raire et la force dramatique se dispensent ais?ment du soutien de l'image, posait des probl?mes moins ardus sans doute que ne fera, le jour venu, l'utilisation cin?matographique des
Dialogues.
En fait, en d?pit, de la division en s?quences, devenue ici une division en tableaux, l'?uvre de Georges Bernanos a pu passer sur la sc?ne au prix d'infimes retouches et de sacrifices de texte somme toute l?gers.
Nous nous trouvions, Albert B?guin et moi-m?me, en face du d?coupage cin?matographique d'un texte si important et si riche qu'il convenait mieux, dans la forme o? Bernanos nous l'avait laiss?, au th??tre qu'au
cin?ma.
C'est pourquoi le mot ? d'adaptation ? en ce qui concerne notre travail, est trop ambitieux.
* * *
Il est bon de rappeler ici quelques points d'histoire. Les Carm?lites de Compi?gne furent ex?cut?es ? Paris dans la deuxi?me p?riode de la Terreur quelques jours avant le 9 Thermidor. Elles avaient fait v?u de martyr pour ? le maintien du Carmel et le salut de leur patrie ?, mais aussi pour que l'offrande de leurs vies contribu?t ? mettre fin aux massacres. Elles rev?tirent, pour la mont?e ? l'?chafaud leurs robes de Carm?lites, qu'elles avaient d? abandonner sur l'ordre des autorit?s r?volutionnaires, mais qu'elles avaient pu emporter dans leur prison.
Elles s'?taient d?nud? le cou elles-m?mes, en coupant leurs ? toques ? (c'est-?-dire les coiffures qu'elles portaient en dessous du voile), de fa?on que le bourreau n'ait pas ? les toucher.
Elles gravirent les degr?s de la guillotine au chant du
Laudate Dominum omnes gentes et surent donner ? leur mort le caract?re d'une c?r?monie de leur ordre.
Jacques HEBERTOT, apr?s avoir accueilli les
Dialogues des Carm?lites, a bien voulu faire confiance pour le travail du plateau, qui posait des probl?mes assez complexes, ? un metteur en sc?ne presque d?butant. Je veux lui dire ici ma reconnaissance, ainsi qu'aux religieuses du Carmel qui, avec une amiti? ?mouvante pour notre entreprise et une infinie complaisance, ont bien voulu nous donner tous les ?l?ments qu'il nous ?tait n?cessaire de conna?tre sur la vie d'une communaut? des filles de Sainte-Th?r?se.
MARCELLE TASSENCOURT