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Serge Bouillon

Comédien, metteur en scène, administrateur, Directeur fondateur du C.F.P.T.S à Bagnolet de 1980 à 1996 - Gérant de la Fondation Hébertot

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Serge Bouillon lors de l'inauguration de la Promenade Jacques Hébertot, face au Théâtre, le 16 janvier 2014 * copyright Photo Lot

Né le 25 Décembre 1926 à Épernay (Marne) décédé le 31 juillet 2014 à Chinon (Indre et Loire).

Jeunesse et vocation théâtrale
S
erge Bouillon (1926-2014) est né à Épernay le 25 décembre 1926, au sein d’une famille où rien ne pouvait le prédisposer au théâtre. Son père, André Bouillon, né à Charleville, entrepreneur de peinture et fervent gaulliste, fut parmi les fondateurs du R.P.F dans le département de la Marne ; sa mère Raymonde Bouillon, rémoise de naissance, occupait d’importantes fonctions à la Banque de France d’Épernay.

Passionné de poésie et de grands textes, Serge fait ses études secondaires au Collège d’Épernay ; c’est la guerre et il s’active très vite pour saboter systématiquement l’écoute des discours du Maréchal Pétain dans le préau du collège de l’avenue de Champagne, au grand dam des autorités allemandes, puis s’engage dans la défense passive d’une région particulièrement bombardée, avant de rejoindre à 17 ans les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Il appartient au groupe « Centaine André » sous le commandement du Capitaine Servagnat. Il participe ainsi à la libération de la région marnaise, en participant au balisage des terrains pour les parachutages nocturnes et  au nettoyage des poches de résistance allemandes lors de l’avancée des troupes alliées.

C’est au groupe artistique du Collège d’Épernay qu’avec son ami de toujours Jean Menjoz que sa vocation s’affirme. Lors du montage d’une pièce de Molière, il comprend d’une manière irrépressible que sa vie sera consacrée au Théâtre.

L’un de ses camarades est le fils de la célèbre Musidora (héroïne du film muet Vampires, qui fut, grâce à sa beauté plastique, à l’origine du mot «vamp») ; trouvant  à Serge un air romantique, elle lui donne des cours de comédie et écrit une pièce sur George Sand et Alfred de Musset où il incarne le poète. Il participe d’ailleurs au tournage d’un film réalisé par la fameuse comédienne sur les bords de la Marne à Port-à-Binson, d’après un scénario de Paul Claudel, dont il fait alors la connaissance.

Après la guerre, en 1946, il convainc ses parents de l’envoyer à Paris étudier le Théâtre. Sa mère compte, parmi ses clients de la Banque de France à Épernay, le dramaturge Armand Salacrou qui lui conseille l’école Charles Dullin, dont Serge Bouillon va devenir l’élève. Parmi ses camarades de l’époque : Loleh Bellon, Charles Charras, Charles Denner, Roger Vadim, le mime Marceau..

Comme tous, il conserve un souvenir admiratif et ému pour le grand homme de théâtre, à l’époque déjà âgé et fatigué, qu’ils apercevaient depuis les fenêtres de la coupole du Théâtre Sarah Bernhardt, sortant difficilement d’un taxi, aidé par trois personnes, puis, un peu plus tard, jaillissant en scène comme un jeune homme.

Suit une tournée avec ses camarades du cours dans les bases navales de Méditerranée où il joue Cocteau, Giraudoux, Courteline, Feydeau, ce qui lui donne l’occasion un beau soir d’avoir un brillant officier pour lever le rideau : le  futur amiral Philippe de Gaulle…

De retour à Paris, il poursuit sa carrière de comédien en créant notamment, en 1949, La Place de l’Étoile de Desnos et interprétant Les Mamelles de Tirésias d’Apollinaire au Théâtre des Noctambules sous la direction de Clément Harari avec Loleh Bellon et Charles Denner.
On l’apercevra aussi dans quelques films de cette époque Rendez-vous de juillet de Jacques Becker, Les Bataillons du cielD’Homme à Hommes de Christian-Jaque, etc.…)
Marié très jeune en février 1947 à Josette Ouy, fille de la région d’Épernay, il est père à vingt ans seulement de Didier Bouillon né le 25 mai 1947.  Il aura bientôt deux autres enfants, Martine née le 27 août 1948 et Stéphane né le 31 mai 1951. Son activité doit donc se démultiplier pour faire vivre sa famille. Outre le théâtre, il consacre trois années aux films publicitaires et d’animation, ainsi qu’aux marionnettes, notamment celles du Luxembourg avec Robert Desarthis.

Ce sera pour lui l’occasion d’élargir son imaginaire et sa créativité pour la réalisation d’idées, d’images, d’objets. Cette curiosité l’anima toute  sa vie. Et il adora  flâner dans des magasins de bricolage, comme le sous-sol, magique à l’époque, du Bazar de l’Hôtel de Ville.

Début 1952, proposition d’une longue tournée organisée par Noël Vincent au cours de laquelle il interprètera Racine et Montherlant ; c’est là qu’il a pour la première fois l’occasion de rencontrer cet auteur qu’il admire intensément et qu’il trouve aimable en dépit de sa froideur légendaire. Il doit ajouter à sa participation artistique – il a une famille à nourrir et le système des intermittents n’existe pas – la régie générale des spectacles de manière à obtenir un salaire suffisant.

Il apprend donc le métier « sur le tas » comme il le disait lui-même. À son retour, après un passage à la régie du Théâtre de la Huchette, il est engagé au Théâtre des Champs-Élysées et devient l’un des quatorze régisseurs recrutés pour servir les spectacles les plus prestigieux du moment, tout au long du Festival du XXème siècle, qui accueille du 30 avril au 1er juin 1952 les plus grands noms internationaux de la musique, de la danse et de l’opéra : Woyzeck, Stravinsky, Boulez, Ballet de Georges Balanchine ou du Marquis de Cuevas…

Serge Bouillon auprès de Jacques Hébertot (1952-1967)

Juillet 1952 marque une date importante de sa vie, celle de sa rencontre avec Jacques Hébertot, qui l’engage d’abord comme régisseur remplaçant pour le seul mois de juillet. À la fin de ce mois, alors que Jacques Hébertot ne s’est guère montré aimable avec lui pendant ce mois de remplacement, il s’apprête à rejoindre la Michodière où l’attend Pierre Fresnay. Au moment de prendre congé, Jacques Hébertot lui signale qu’il entend bien le garder auprès de lui et finit, pour le convaincre, par lui proposer de le loger, lui et sa famille, tout près du théâtre au 74 du boulevard des Batignolles. Il faut se souvenir que c’est l’époque où trouver un appartement ressemble à un parcours du combattant. Conscient de pouvoir ainsi mieux installer sa femme et ses enfants, Serge accepte l’engagement proposé. Sur le plateau, l’équipe technique est importante, puisque les décors sont construits sur place, dans l’atelier situé dans la rue privée à l’arrière (aujourd’hui Studio Hébertot). Les paris sont ouverts, plus d’une dizaine de régisseurs n’ont pas fait long feu, les collègues du plateau observent. Ce n’est pas assez compter sur ses qualités de sérieux, son inventivité, sa gentillesse dans le travail et le respect de l’équipe avec laquelle il travaille. Très vite, il commence à comprendre l’homme étonnant qu’est Jacques Hébertot, qui prend conscience qu’il a désormais auprès de lui quelqu’un sur qui il peut compter : en  septembre 1953,  Serge est nommé  Directeur de la scène.
Ses fonctions sont multiples ; à cette époque, Jacques Hébertot vient de racheter le Casino de Forges les Eaux dont il envisage de faire un vaste centre culturel international, et  les tournées officielles du Théâtre Hébertot parcourent la France avec de multiples spectacles.
Serge Bouillon devient aussi l’assistant de tous les metteurs en scène qui vont travailler sur ce plateau illustre, étant ainsi au plus près de la création des spectacles.

C’est l’occasion pour lui de coopérer étroitement avec des personnalités affirmées : Henry de Montherlant, André Gide, Albert Camus, Maurice Clavel, André Malraux, Thierry Maulnier, Jules Romains, Samuel Beckett, Marguerite Duras, Georges Semprun, Diego Fabbri, Harold Pinter, et les metteurs en scène André Barsacq, Michel Vitold, Marcelle Tassencourt, Marguerite Jamois, Roger Blin, Roger Coggio, Jean-Pierre Darras, Claude Régy, Laurent Terzieff, Raymond Rouleau.

Se souvenant cependant qu’il est aussi marionnettiste, le rideau tombé, il rejoindra longtemps, chaque soir pendant plusieurs saisons le Crazy Horse Saloon pour y participer à l’un de ces numéros d’objets animés de classe internationale, dont Georges Lafaille avait le secret et qu’Alain Bernardin affectionnait particulièrement.

La loi sur la mensualisation n’existant en cette période et les théâtres débauchant leurs équipes techniques dès la fin de la saison, tous les étés, Serge assure la direction artistique et/ou technique de nombreux festivals. ( Festival du Marais, Festival de Fougères, Festival d’Annecy, Festival de Baalbeck au Liban, Festival de Sceaux… )
Il participe à la radio aux émissions théâtrales de Philippe Dechartre et de Marianne Monestier.

En 1961, parallèlement à son activité au Théâtre Hébertot, il parcourt la France avec un spectacle mis en scène par Claude Régy qu’il connaît bien pour le 4ème centenaire de Jean Nicot, l’inventeur de la funeste nicotine. Ce spectacle a lieu les jours de relâche, dans des villes successives où siègent à l’époque les manufactures de tabac : Marseille, Bordeaux, Toulouse, Nice, Nancy et occasionne des déplacements particulièrement exténuants. Dans l’équipe la chanteuse Catherine Sauvage.

Au milieu des années 1960, l’aventure de la mise en scène se présente. Pour lui qui assiste depuis des années les plus grands metteurs en scène de l’époque, il va pouvoir développer ses qualités de directeur d’acteur. Ainsi ses mises en scène seront le plus souvent remarquées pour leur élégance et le respect dû à l’auteur.
Après plusieurs festivals, notamment le Festival sacré d’Annecy où il rencontre Renée Faure, il va mettre en scène L’Aigle à deux Têtes de Jean Cocteau, tant en France qu’à l’étranger, dont plusieurs présentations se déplaceront au cours de multiples tournées, Charles Baret entre autres. Il monte également Noces de Sang de Garcia Lorca, pour le Festival du Messidor au Capitole de Toulouse avec Renée Faure, Catherine Rouvel et Yvette Etiévant.

En 1965, il s’éloigne un moment d’Hébertot pour fonder sa propre compagnie Les Heures Théâtrales de France et entreprend de longues tournées en France en Europe, en Afrique du Nord et, pour le compte du Ministère de la Coopération, en Afrique Noire. C’est ainsi qu’il met en scène plusieurs spectacles : Bérénice de Racine, ainsi qu’un spectacle composé de trois comédies La Jalousie de Barbouillé de Molière, Le Carrosse du Saint-Sacrement de Prosper Mérimée et Feu la Mère de Madame, auquel s’ajoute un montage poétique dont il est l’auteur, sur le thème de Paris. La tournée dure un mois et demi entre Mars et Avril 1965. troupe rassemble autour de Renée Faure, Sociétaire de la Comédie-Française, Inès Nazaris, Paul Ecoffard, Pascal Tersou, Jean-Pierre Helber. Ils vont ainsi parcourir dix pays d’Afrique francophone, lesquels ont tous pratiquement recouvré leur indépendance en 1960. Le Tchad, la République de Centre Afrique, le Congo, le Gabon, la Cameroun, le Bénin, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Niger.

Dans des conditions parfois précaires, ils bénéficient toujours d’un accueil très chaleureux. Serge est particulièrement touché de voir des enfants découvrir le théâtre et suivre Bérénice comme un Western. Les rires fusent aussi car tous les publics s’amusent beaucoup aux trois comédies et c’est avec une grande concentration qu’ils écoutent les poèmes sélectionnés. Cet apport du théâtre, dans la fraîcheur des esprits de ces enfants, engendre une émotion belle à partager.

L’expérience lui laisse en mémoire de nombreuses anecdotes, tissées d’aventures humaines, de douleurs parfois (il s’est fracturé un orteil et le port de chaussures d’époque en scène s’avère un supplice), d’amusements aussi, outre des baignades dans l’Oubangui ou dans le fleuve Congo, non loin des crocodiles, des déplacements folkloriques dans de petits avions, notamment au Cameroun, où les gens prennent ces appareils brinquebalants, comme d’autres, sous d’autres latitudes, prennent l’autobus, avec les paniers remplis de victuailles. Mais la plus marquante pour lui est celle de l’arrivée à Lambaréné, par bateau, pour y rencontrer, lors d’un déjeuner le Docteur Albert Schweitzer, Prix Nobel de la Paix, dans son village hôpital, entouré d’un village de cases, abritant les familles de ses patients.

Ils découvrent sur l’embarcadère, le docteur Schweitzer tel qu’en sa légende, lavallière nouée autour du cou, casque colonial sur la tête, entouré de deux immenses infirmières allemandes. Il est particulièrement disert et aimable, très heureux de recevoir une sociétaire de la Comédie-Française qu’il conviera dans sa chambre… pour lui dédicacer une photo. Il est d’autant plus joyeux que l’Ambassadeur de France doit lui remettre une décoration au dessert. Serge l’interrogera sur ses méthodes : Il insiste sur la nécessité de rassembler les familles autour de l’hôpital afin de rassurer les patients qui sans cela ne viendraient pas. Serge est frappé quand il énonce clairement que pour lui, « la folie se soigne par le travail ! » Quant à son orteil, il lui donnera une pommade. C’est de retour à Libreville qu’il consultera et qu’une radio, constatant une fracture, contredira le grand maître. Il revient fasciné par les couleurs des marchés, notamment celui d’Abidjan et la chaleur humaine qui régnait alors.
Il participera à deux festivals Corneille de Barentin en montant Pulchérie de Pierre Corneille en 1966 et Laodice de Thomas Corneille en 1967 avec Renée Faure, Christiane Tissot et Jean-Marie Bernicat dans des décors et costumes de Michel Juncar.

Jacques Hébertot le rappelle fin 1967 à l’occasion de la nouvelle présentation de la pièce américaine de Thornton Wilder, Notre Petite Ville, dans une mise en scène de Raymond Rouleau, pièce qu’ils avaient découverte, Jacques Hébertot et lui-même, lors de sa création, sous l’égide de la Communauté Théâtrale, automne 1965 au Théâtre Mouffetard – l’Épée de Bois.

Liste des spectacles auxquels Serge Bouillon a participé au Théâtre Hébertot de 1952 à 1968

1952 – Dialogues des Carmélites de Georges Bernanos, mise en scène de Marcelle Tassencourt, décors de Raymond Faure avec Tania Balachova, Hélène Vercors, Catherine Sellers , Robert Fontanet, Mona Dol, Annie Cariel, Annie Noël, Simone Cendry * Henri Gicquel, Serge Bouillon
Saison 1953 – 1954
*La Maison de la nuit de Thierry Maulnier, mise en scène de Marcelle Tassencourt avec Roger Hanin, Pierre Vaneck, Michel Vitold jusqu’au 12 mars 1953 mars
* Mon cœur dans les Highlands, de William Saroyan. un acte en dix tableaux relativement courts et pour cette raison précédés d’une première partie écrite par un auteur de 25 ans, : La Vie à l’envers de Serge Delprat, avec Marcelle Géniat, Lucienne Bogaert, Laurent Terzieff.
Saison 1954 – 1955
* Balmaseda de Maurice Clavel mise en scène de Marguerite Jamois, décors et costumes de Léonor Fini avec Jacques Dumesnil, Marguerite Jamois, Catherine Sellers
* Dialogues des Carmélites de Georges Bernanos, mise en scène de Marcelle Tassencourt avec Tania Balachova, Catherine Sellers, Robert Fontanet, Mona Dol, Annie Cariel, Annie Noël, Simone Cendry, Henri Gicquel, Serge Bouillon
* Le Retour de l’enfant prodigue d’André Gide – La Condition Humaine ( André Malraux, adaptation Thierry Maulnier).
Dans le cadre du Festival International de Paris 1954:
*La Mouette de Tchekhov par la Comédie de l’Est, mise en scène de Michel Saint-Denis avec Malka Ribowska et Pascale de Boysson
*Les Ballets du Théâtre Kabuki jusqu’au 7 décembre
*L’Éventail de Lady Windermere d’Oscar Wilde adaptation de Michèle Lahaye, avec Marie France Planèze, Michèle Lahaye, Jeanne Fusier-Gir, Pierre Vaneck, François Perrot (le rôle sera repris par Gérard Barray avant que ne l’accaparent les films de cape et d’épée), Christian Lude, Serge Bouillon, Eliane Valley, Ludmilla Hols, Philippe Hébrard, Van-Doude, Marcelle Tassencourt, Georges Vanet, Marc Doelnitz, Roger Pappini, Denise Bailly.
*Pour le roi de Prusse de Maurice Bray, mise en scène de l’auteur, décors et costumes de Michel Juncar avec Pierre Vaneck, Annie Cariel ; Pierre Fromont, Allain Durthal, Serge Bouillon
*La Condition humaine d’André Malraux, adaptation de Thierry Maulnier, mise en scène de Marcelle Tassencourt, décors et costumes de François Ganeau, réalisation sonore de Fred Kiriloff, avec Roger Hanin, Lucien Nat, Jacques Dufilho, Jean Parédès, Renaud Mary, Jean Lanier, Serge Bouillon et leurs 23 camarades, du 6 décembre 1954  au 15 mai 1955.

1951 – 1953 : La Vie des tournées
C’est principalement entre 1951 et 1953 que les tournées du théâtre Hébertot en France, au Bénélux et en Suisse vont connaître leur développement le plus significatif: deux pour la saison 1951 / 1952 : Le Feu sur la terre de François Mauriac, alterné avec Fils de Personne de Montherlant et Je vivrai un grand amour de Steve Passeur du 25 Septembre 1951 au 30 Mars 1952; Le Maître de Santiago du 12 Janvier au 5 Avril 1952.
trois pour la saison 1952 / 1953 : de nouveau Fils de Personne ainsi que Rome n’est plus dans Rome de Gabriel Marcel et Le Profanateur de Thierry Maulnier.
quatre enfin pour la saison 1953 / 1954.
à partir de 1953, le programme de certaines tournées inclura, en sus de la pièce principale, une œuvre classique – Britannicus puis Polyeucte – destinée à être jouée « en matinée » devant un public de jeunes scolaires.

Dans le cadre du Festival International de Paris 1955
– Arden de Faversham puis Volpone de Ben Johnson par le Théâtre Workshop de Londres, mise en scène de Joan Littlewood
– Les Fiancés de la Seine de Morvan Lebesque pièce en un acte avec Roger Coggio et Huguette Forge, avec l’adaptation de Venise sauvée de Thomas Obway dans des mises en scènes de René Lafforgue avec Huguette Forge, Chantal Darget, Pierre Reynal et Odette Barrois.
– Ainsi va le monde de William Congreve du 5 au 13 juin, par la Comédie de Provence, dans l’adaptation de Dominique Aury et Auguste Desclos, la musique d’Henry Purcell, la mise en scène, les décors et les costumes de Douking.
 Carré de sept de Charles Galtier, musique de Maurice Thiriet, mise en scène de Douking, décor de Marguerite Steinlen avec, entre autres, Lucien Barjon, Théo Jehanne, Alice Reichen, et, en lever de rideau Le tombeau d’Achille d’André Roussin, mise en scène de Douking avec Martial Rèbe et Alice Reichen.
 Mademoiselle Julie et Père de Strindberg du 14 au 15 juin,au Kunglica Dramatiska Teatern (Théâtre Dramatique Royal) de Stokholm avec Inga Tidblad et Ulf Palme.
– À chacun sa vérité de Luigi Pirandello par La Comédie de Saint-Etienne du 16 au 20 juin, mise en scène de René Lesage avec René Lesage, Jean Dasté, Françoise Bertin, Catherine de Seyne.
– Ta Mar de Fredo Cortez et Les Mystères de la barque de l’Enfer de Gil Vicente le 21 et 22 juin par une équipe portugaise.
– Deux spectacles de Molière, Le Mariage forcé avec Monique Leyrac et Gaétan Labrêche, mise en scène par Jean Gascon puis Sganarelle et La Jalousie du Barbouillé, mises en scène par Jean Dalmain avec Guy Hoffman, Jean Dalmain et Monique Leyrac, du 23 au 25 juin, par le Théâtre du Nouveau Monde de Montréal.
– Roméo et Juliette de William Shakespeare dans l’adaptation de Pierre-Jean Jouve et de Georges Pitoëff du 26 au 29 juin La Comédie de l’Est qui présente la mise en scène de Michel Saint-Denis, les décors et costumes d’Abdel Kader Fara avec Dominique Bernard, José Squinquel, P.-J. Moncorbier, Michel Bernardy, Maurice Ducasse, Hélène Gerber, Mireille Calvo-Platero.
– Iphigénie en Tauride de Goethe les 30 juin et 1er juillet le Schauspiel Haus de Zürich dans une mise en scène d’Oskar Walterlin et dans le rôle-titre Maria Beker.
– L’Alcade de Zalamea de Calderon, dans l’adaptation d’Alexandre Arnoux, par la Comédie de l’Est du 2 au 6 juillet, dans la mise en scène de Daniel Leveugle, les décors et costumes d’Abdel Kader Fara, avec Franck Estange, P.-J. Moncorbier, Jean Thouvenin, Maurice Ducasse José Squinquel, François Dalou, Malka Ribowska, Nadia Barentin.
– Beaucoup de bruit pour rien de Shakespeare, adaptation et mise en scène de Maurice Sarrazin du 7 au 15 juillet, le Grenier de Toulouse s’illustre avec André Thorent et Simone Turck.
– La Servante du passeur de Marcel Routier par la Comédie de Paris, du 17 au 19 juillet, dans la mise en scène de Michel Gudin, le décor d’Huguette Séjournet avec Guy Tréjan, Raymond Pélissier, Danièle Condamin.
– Penthésilée de Heinrich von Kleist dans l’adaptation de Gaston Floquet et Maurice Clavel le 23 juillet, dans les décors de Jacques Marillier, mise en scène de Claude Régy, réalisation sonore de Fred Kiriloff, avec Silvia Monfort, Michel Piccoli, Laurent Terzieff, Yvette Etiévant, Marcelle Ranson, Henri-Jacques Huet, Philippe Moreau, Clotilde Joano, Daniel Darès.
Saison 1955/1956 :
– Gaspar Diaz de Dominique Vincent, mise en scène de Claude Régy, décors et costumes de Jacques Noël, avec Michel Piccoli, François Chaumette Françoise Spira

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Une nouvelle vie, de nouvelles expériences 1967-1980

Serge Bouillon fait alors le 14 décembre 1967 la rencontre de l’assistante de Raymond Rouleau, Danielle Mathieu, laquelle joue également dans la pièce de Wilder. C’est le coup de foudre. Elle partagera dès lors sa vie, clandestinement tout d’abord. Ils habiteront ensemble dès juin 1969 et ne se marieront qu’en 1996. « Elle deviendra bien plus tard, Danielle Mathieu-Bouillon, car nous avons vécu plus de vingt-neuf ans, dans le pêché ! » » dit-il dans le film qui lui est consacré par l’Association des Administrateurs de Théâtres et de Spectacles de France.

En 1968, il prend en charge, jusqu’en 1970, l’administration du Théâtre du Vieux-Colombier et partage avec les Directeurs d’alors, Bernard Jenny et Hélène Sauvaneix, la direction artistique et la programmation. Le Théâtre a connu bien des difficultés et doit faire face à un concordat et à une dette de 150 millions de francs, bien difficile à récupérer, dans une salle dont la jauge est modeste.

C’est le moment de la création de pièces américaines de ce qu’il est convenu d’appeler le nouveau théâtre anglo-saxon, avec James Saunders, Edward Albee, Murray Schisgal… Le pensionnaire quasi attitré de l’époque s’appelle Laurent Terzieff.

Revenue d’une tournée au Moyen-Orient organisée par les Tréteaux de France et le Ministère de la Culture, Danielle Mathieu le rejoint fin 1968 ; elle devient son assistante, à la fois technique et artistique pour les spectacles, et intègre bénévolement l’équipe administrative, dont sa fille Martine, qui poursuit parallèlement ses études, fait déjà partie. Cette dernière fera, plus tard, toute sa carrière dans la magistrature. Quant à son fils Didier Bouillon, toujours passionné par le théâtre (ne joua-t-il pas le rôle de l’enfant dans En attendant Godot de Beckett à Hébertot en 1956 ?) il interviendra, un temps, avec Pierre Roudy, futur proviseur de l’ENSATT, dans une opération tendant à unir Théâtre et Université, le tout avant d’entamer une carrière multiple de professeur de philosophie, d’ethnologue, (il collaborera un temps avec Claude Levi-Strauss au Collège de France), de linguiste, d’anthropologue, et de courir le vaste monde, notamment avec des missions en Iran et en Afghanistan, de travailler sous l’égide du CNRS et du CNAM, de créer et gérer des parcs régionaux, puis de devenir Professeur à l’École nationale du paysage de Versailles.

Mais en cette année 1969, au Vieux-Colombier, si l’activité est débordante, l’ambiance demeure joyeuse, à la fois angoissante et passionnante. Les représentations se multiplient encore avec deux matinées classiques, la création des spectacles de 18h30, notamment plusieurs avec Mouloudji, et même des spectacles à minuit.

Tout en gérant l’administration complexe de ce lieu, il y met également en scène plusieurs spectacles : Horace de Pierre Corneille avec Robert Benoît, Benoist Brione, Monique Nevers, Annick Jarry, André Thorent ;
Les Femmes Savantes de Molière avec Jean-Luc Tardieu, Nicole Chomo, Annette Pavy, Robert Bazil, Andréa Ferréol ;
Baroques et précieux du XVIIème siècle, qu’il écrit et met en scène avec Laurence Valton, François Catala, Annette Pavy.

Une tentative d’unir plusieurs théâtres sous la rubrique Art et Essai renforce la coopération notamment avec la Gaîté Montparnasse, où il montera en matinée classique, fin du printemps 1970, Cinna de Pierre Corneille avec Guy Kerner, Rosine Proust, Christian Buhr, Danielle Mathieu.
Parallèlement, au printemps 1969, il signe la mise en scène de Noces de Sang de Garcia Lorca au Théâtre de l’Athénée, avec Renée Faure, Annick Jarry, Monique Nevers, Robert Benoît.
Mais les dettes envers l’URSSAF sont trop lourdes et Bernard Jenny doit abandonner les lieux. C’est la fin d’une aventure exaltante. Le Théâtre sera repris quelques temps, avant de fermer définitivement ses portes. Il ne reviendra au jour que grâce à l’acharnement de Jean Le Poulain, devenu administrateur de la Comédie-Française, qui se battra pour faire de ce lieu qu’il aimait, en souvenir de «sa période bleue» la deuxième salle du Théâtre Français. Malheureusement, sa mort subite l’empêchera de voir l’aboutissement de son rêve.

De 1971 à 1974, Serge Bouillon va se consacrer plus spécialement à l’animation théâtrale à la fois en milieu scolaire et, en matinée, dans plusieurs théâtres parisiens, avec l’Animation culturelle théâtrale aux côtés de Christian Grau-Steff (futur Ecla-Théâtre) avec comme secrétaire, Nadine Massé, qui collaborera plus tard avec lui lors d’Interspectacles et demeurera une amie fidèle.

Ayant acquis la réputation d’être un administrateur qui sait assumer les difficultés, l’été 1972, il se voit confier la Direction Administrative de la tournée de Johnny Hallyday avec le Johnny Hallyday Circus. Rien n’est simple dans cette gestion du chapiteau rouge et jaune loué par les Bouglione. C’est une sorte de ruche étrange où circulent monteurs, techniciens, amuseurs de toutes sortes, caravanes multiples. Elle est nantie d’un service d’ordre capable de gérer les 4 à 5000 personnes attendues chaque soir et qui devront rester debout. Johnny dispose de sa propre caravane et d’un camion qui transporte ses motos, lesquelles suivent le cirque.
Cet étrange village de quelques 170 personnes est un nouveau concept en accord avec les années 70, puisque des gens suivent la tournée dont l’animation se poursuit tard après le spectacle. L’animateur chauffeur de salle est Sam Bernett. En première partie la chanteuse noire Madeline Bell précède Johnny Hallyday qui assure la seconde partie avec ses musiciens et choristes parmi lesquelles, à l’époque, Nanette Workmann. Sylvie Vartan s’est éloignée aux Etats-Unis avec leur fils David.

Le travail n’est guère de tout repos, car la population est difficile à gérer. Serge a compris très vite que les difficultés ne vont pas tarder. Comment en effet remplir un cirque de 4000 places en parcourant des villes de 6 à 10.000 habitants, distantes seulement d’une cinquantaine de kilomètres ? Les organisateurs ont été engagés par la production et ont touché une commission pour chaque ville vendue ; leur objectif était atteint, celui du producteur ne le serait jamais, et derrière le producteur, il y avait Johnny. Ce calendrier ne permet pas d’atteindre le public nécessaire pour faire tourner décemment l’entreprise. Il eut fallu des distances plus importantes entre les villes visitées afin d’attirer un public suffisant. Jean-Jacques Vital auprès de qui Serge Bouillon a pris le relais s’avère un compagnon extrêmement agréable. Grand producteur de Radio (la célèbre Famille Duraton), il a connu un désastre financier avec L’Homme de la Mancha avec Jacques Brel, mais semble encore joyeux. (Il se suicidera quelques années plus tard.). Serge, ses vacances étant terminées, devra abandonner l’aventure, après la représentation d’Arcachon, pour rejoindre son bureau de l’Animation culturelle théâtrale. Ce fut un été mouvementé, avec une participation ponctuelle à la seule tournée de Johnny qui n’avait pas marché, en raison de l’organisation structurelle du départ.
De 1974 à 1975, Serge Bouillon occupe les fonctions d’attaché de presse et de production au Théâtre Antoine, se charge de l’épée d’Académicien pour l’entrée d’André Roussin sous la coupole, au moment de la reprise de la pièce Le Mari, la Femme et la Mort avec Jacqueline Gauthier, Jacques Morel et Odette Laure.

Lors du montage de Vol au-dessus d’un nid de coucou de Dale Wassermann adapté de Jacques Sigurd, dans la mise en scène de Pierre Mondy, ce dernier lui demande de l’aider en se chargeant de la «direction d’acteur» de Johnny Hallyday qu’il prépare à la représentation. Michel Auclair, Françoise Christophe, Maurice Barrier, Patrick Bouchitey, entre autres, sont à l’affiche.
Johnny Hallyday, dont les talents d’acteur se révèlent prometteurs, abandonnera le projet pour des raisons de santé. Le rôle sera repris par Michel Creton que Serge Bouillon préparera dans cette difficile reprise du personnage phare de la pièce.

Il administre aussi les productions extérieures du Théâtre Antoine, notamment au Théâtre des Mathurins pour Le Voyageur sans Bagage de Jean Anouilh. Puis viendront Jeux de la Nuit au Théâtre Fontaine, mise en scène d’Andréas Voutsinas, avec Claude Brasseur et Tanya Lopert, Le Prince Travesti et Britannicus à la Potinière, mis en scène par Daniel Mesguich.

Au Théâtre des Mathurins avec Radifé Harry-Baur

Pour Antigone dans la mise en scène de Nicole Anouilh, le budget alloué par Radifé Harry-Baur étant si modeste, Serge Bouillon reprend des tissus de ses décors de classiques pour construire le décor avec l’aide du régisseur François Sourbieu, selon les plans fournis par Jean-Denis Malclès.  Cette action surprendra Jean Anouilh lui-même qui s’en souviendra.

Pendant le montage de Le Péril Bleu de Victor Lanoux, avec Bernard Alane, Odette Laure, Georges Staquet et Pasquali au Théâtre des Mathurins, Serge Bouillion devient l’administrateur de cette salle, alors sous la direction de Radifé-Harry-Baur, veuve d’Harry Baur, et en assure ensuite la plus grande partie de la programmation.
D’autres pièces suivront : Rosencrantz et Guildenstern sont morts de Tom Stoppard avec Pierre Arditi et Jean-Luc Moreau, une première reprise de Les Mains Sales de Jean-Paul Sartre, des récitals avec Alex Métayer ou Les Frères Ennemis.

Autres activités et missions officielles

Parallèlement, depuis début 1970, Serge Bouillon exerce à la Schola Cantorum le professorat d’Art dramatique.

Interspectacles
Préoccupé par la fréquentation des salles de spectacle, Denis Maurey, Président du Syndicat des Directeurs des Théâtres Privés et du Fonds de Soutien, le charge d’organiser une opération de prospection du public unissant les 52 théâtres privés parisiens, opération qu’il conçoit et dirige de 1976 jusqu’en 1980, pour le compte de l’Association pour le Soutien du Théâtre Privé et sous l’égide du Ministère de la Culture et de la Ville de Paris. C’est le début de l’informatisation, l’opération est ambitieuse ; elle portera ses fruits, notamment auprès des salles moyennes et des petites salles à la programmation plus ambitieuse : « INTERSPECTACLES ».

Le principe de l’opération, qui va rassembler tous les théâtres privés, est que les spectateurs doivent choisir dans une liste de théâtres, trois spectacles de genre différent : théâtres de divertissement, théâtres plus littéraires, théâtres d’art et d’essai, en obtenant ainsi la carte qui, ensuite, leur donnera l’accès, lors des 40 premières représentations à tous les autres théâtres avec une réduction de 40% pendant les quarante premières représentations de chaque pièce. C’est un raisonnement qui consiste à obtenir une participation des spectateurs lors de la période du lancement des pièces. De nombreux théâtres vont ainsi mieux « fonctionner ». D’autres, hélas, ne joueront pas le jeu et renverront le public, l’information passant mal à cette époque entre les directions et le service caisse. A l’époque les agences de Théâtre avaient la part belle et rémunéraient les caissières sur leur propre marge. Les meilleures places du théâtre leurs étaient allouées. L’informatique n’avait pas encore cours. L’opération sera abandonnée au bout de trois saisons. Mais elle servira d’expérience à Danielle Mathieu, quand celle-ci lancera, à la demande de Jacques Chirac, Maire de Paris, l’expérience «  Paris sur Scène, prenez une place, venez à deux » en 1990. Là encore, Serge Bouillon fut pionnier.

Le Conseil des Prudh’Hommes :

Dès 1976, représentant alors dans le collège « Employeurs » les directeurs et administrateurs de Théâtre, Serge Bouillon est élu Conseiller Prud’homme de Paris. Après la réforme en 1981 il devient Président d’audience de la Section Encadrement, dans la section employeurs. Sa probité et sa manière de diriger les audiences seront saluées par tous ses collègues. Il recevra le diplôme d’honneur du Ministère de la Justice. Il en démissionnera après trente années de bons et loyaux services, ayant, durant l’essentiel de ce temps, non seulement présidé les débats, mais préparé les audiences et rédigé tous les jugements.

L’ENSATT : École nationale supérieure des Arts et Techniques du Théâtre
15, rue Blanche 75009 PARIS

En Septembre 1977, Pierre Roudy, proviseur de L’ENSATT, École Nationale Supérieure des Arts et Techniques du Théâtre (École de la Rue Blanche) l’engage à ajouter à ses tâches la charge de l’enseignement de la régie, et de faire évoluer le cursus préexistant vers le double enseignement de la régie et de l’administration qui seront désormais dissociés, avec d’un côté la Régie générale et de l’autre, l’Administration et la Gestion Théâtrale ; ce qu’il conduira également à l’Institut théâtral de Censier-Université de Paris.

Conseiller auprès des Ministères :

Serge Bouillon est nommé en janvier 1979, Conseiller Technologique auprès du Ministre de l’Éducation, fonction qu’il assurera jusqu’en 1992, participant à toutes les commissions chargées de mettre en place ou de réformer l’enseignement des diverses professions du spectacle.

Commissions concernant l’organisation du Spectacle :

Serge Bouillon sera de 1983 à 1997 membre titulaire de la Commission Nationale de l’attribution des licences de spectacle, il sera également membre du Conseil National des Professions du Spectacle, membre aussi de la Commission paritaire de l’emploi et de la formation dans le spectacle vivant et participera activement aux travaux de ces instances, tant sur la réalisation du rapport final  » Prospective, formation, emploi dans le spectacle vivant  » (Documentation française) que sur l’harmonisation des nomenclatures d’emploi ou sur la réforme de l’Ordonnance de 1945.

Lorsqu’il sera décidé de créer un Conseil national de la scénographie et de lui donner pour mission de rédiger le « Mémento de la sécurité dans le spectacle vivant », c’est tout naturellement que Serge Bouillon sera l’un des dix membres choisis par le Ministre de la Culture.

Association de la Régie Théâtrale (A.R.T.)

A partir de 1952, Serge Bouillon devient une figure importante de l’Association de la Régie théâtrale, fondée en 1911 et reconnue d’utilité publique, dont la bibliothèque de mises en scènes et de documentation théâtrale est fréquentée par les chercheurs du monde entier. À la fin des années 1960, l’Association a son siège rue Laffitte. Elle vit des cotisations de ses membres, d’une modeste subvention du Ministère de la Culture et de la SACD et a du mal à assumer ses charges. C’est lui qui lancera l’idée, avec Jacques-Louis Antériou, d’entrer en contact avec la Préfecture de Paris. Un accord est conclu, signé en 1969 qui voit l’installation de l’A.R.T. à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, où elle disposera d’un bureau et verra ses précieuses collections prises en charge par des conservateurs professionnels.

C’est une nouvelle aventure pour l’Association, dont il devient Président en 1974. Il modifie les statuts et transforme l’Association des Régisseurs de théâtres en Association de la Régie théâtrale de manière à en élargir le recrutement. Conscient de la disparition progressive des relevés de mises en scène sur papier, Serge Bouillon profite de l’arrivée sur le marché des premières cassettes vidéo, plus faciles à conserver, et crée le nouveau relevé sur support vidéo, fondant ainsi la première « Théâtrothèque » de France. Deux années de négociation avec tous les syndicats concernés seront nécessaires afin de permettre cette nouvelle forme d’archivage.

En 1980, il facilite l’accès des archives de l’Association à Françoise Karro pour lui permettre d’écrire une thèse sur la vie du relevé des mises en scène à l’A.R.T. de 1911 à 1939. L’universitaire soutiendra sa thèse qui sera publiée bien plus tard en 2014, avec une préface de Serge Bouillon. En 1982, Serge Bouillon convainc la conservatrice générale d’alors, Hélène Verlet, d’organiser une exposition sur les collections de l’ART : Avant les Trois Coups, qui fera découvrir à de nombreux professionnels l’étendue et la diversité de ces vastes collections.
Il présidera le Prix du Brigadier et participera activement à renouer des liens plus forts avec la Mairie de Paris, – ce Prix étant dès lors remis à l’Hôtel de Ville.
À son départ, il sera élu Président d’Honneur, continuant d’apporter ses précieux conseils au sein du conseil d’administration de l’Association.

Action Syndicale :

Serge Bouillon a renoncé à présider l’A.R.T, car il était, cette même année, porté à la Présidence du SNETS CFE/CGC (Syndicat National des Administrateurs de Théâtre et de l’Encadrement du Spectacle) fonction qu’il assure jusqu’en 1997, participant, là encore, à toutes les instances chargées de réfléchir aussi bien au devenir de la profession qu’aux évolutions des textes qui la régissent.

L’Aventure du CFPTS de BAGNOLET 02/1980-12/1996

Sous le signe de l’audace et de la novation permanente

En 1979, Denis Maurey, alors Président du Syndicat des Directeurs des Théâtres Privés ainsi que du Fonds de Soutien, demande à Serge Bouillon de trouver un lieu à même de servir de magasin de décors à l’usage de ses confrères. Serge Bouillon se met en quête, et trouve un lieu que des constructeurs ont investi mais dont les charges locatives sont trop lourdes pour eux. Situé de l’autre côté du périphérique, 92, avenue Galliéni, à Bagnolet, cet ancien entrepôt de séchage de bois de plaquage, soit 2750m2 au sol, en fort mauvais état n’est d’abord pas à vendre, puis le devient. On en demande trois millions de francs.

Le Fonds de Soutien, après de multiples négociations où Serge Bouillon prend toute sa place, l’acquiert pour un million six cent cinquante mille francs. Denis Maurey, compte tenu de l’importance des locaux a alors l’idée d’y trouver la solution à un autre problème qui touche la profession.

Un centre de formation de techniciens du spectacle a en effet été fondé en 1974 à Saint-Ouen, par toutes les instances syndicales et patronales. Nanti d’une modeste subvention, il forme, à raison de 2 stages de 13 semaines annuelles, une vingtaine de techniciens de la machinerie et de la lumière. Son Directeur, Roger Turban, cadre technique de l’Opéra de Paris, est gravement malade. La ville de Saint-Ouen souhaite récupérer les locaux qui l’abritent.
Denis Maurey envisage là une solution à ce problème et demande à Serge Bouillon de fonder à Bagnolet, le nouveau CFPTS.
Serge Bouillon, nommé en Février 1980 pour diriger le CFPTS ; il s’installe à Bagnolet en mai 1980.
À l’exception de 2 projecteurs vétustes, le matériel du CFPTS est inexistant ou dangereux. Les locaux qui lui sont attribués se limitent à deux bureaux et à un atelier dont la verrière du toit est brisée.