C’est en effet le secret de toute grande œuvre. Mais l’obstination est aussi un style de vie. Jacques Hébertot est un obstiné ; c’est pourquoi il ne ressemble à personne. Il ne pense qu’au Théâtre et, par un surcroît d’obstination, qu’à son théâtre : il lui sacrifie tout. Lui-même vit de peu et sa sobriété étonnerait un africain. Mais, dès qu’il s’agit de son affiche, il voit grand.
Si Jacques Hébertot se trompe, c’est toujours dans le bon sens. Et il n’a jamais défendu que ce qui méritait de l’être, au moins par la qualité de l’ambition.
On le discute. L’homme est incommode, dit-on. En effet, il sait ce qu’il veut. S’il a le mépris facile, étant perspicace, ses admirations sont entières, quoique rares. Bref ! Un personnage ! À quoi juge-t-on un personnage, sinon à ses œuvres ?
Voici le répertoire du Théâtre Hébertot. À une exception près que je connais bien, il ne réunit que de grands poètes de la scène et du verbe.
Ce sont là les conquêtes éloquentes d’un caractère et d’une idée fixe.
« Il a adoré le théâtre », disait Stève Passeur, « et il l’a prouvé d’une façon plus efficace sans doute que les animateurs merveilleusement utiles tels que Lugné-Poe, Antoine, Copeau, Dullin, Jouvet, Pitoëff, Baty, Rocher. »
« Il a gardé en effet la force de caractère de travailler comme un forcené pour l’art dramatique en restant à l’arrière plan, en ne privilégiant aucune esthétique, en ne devant rien à personne, en ne devenant l’adjudant d’aucune chapelle. »
Un normand donc, un viking - pensait-il - né à Rouen le 28 Janvier 1886, dans une famille de notaires.
Descendant de l’occuliste de Louis XV, Jacques Daviel à qui l’on doit l’opération de la cataracte. Jacques Hébertot s’appelait, en réalité, André Daviel.
De ses ancêtres, hommes de robe ou paysans, il avait le courage et la solidité, la précision et l’audace, l’exigence et l’obstination, le goût du travail bien fait.
Il avait aussi une qualité tout à fait inattendue chez un homme de la fin du XIXème siècle, il était du plus total anti-conformisme.
Très jeune, il débute dans la poésie.
Il écrit des pièces de théâtre, une tragédie en vers, Polyphème victorieux.
Il fonde et dirige le théâtre d’Art Normand.
Il met en scène, joue la comédie.
Je me souviens d’un portrait de lui en costume de scène, dessiné par Dufy en 1915... au crayon de maquillage.
On lui confie la critique dramatique de Gil Blas.
Il publie un journal, des revues et fréquente, bien entendu tout ce que Paris compte d’artistes novateurs, toutes disciplines confondues.
Il en gardera un goût immodéré de la peinture.
Il l’appréciait en connaisseur et ne dédaignait pas d’en être le sujet.
Les murs de son bureau des Batignolles étaient couverts de portraits de lui ou encore de représentations de son théâtre.
L’œil frisant, il affirmait, non sans quelque fierté plus ou moins feinte, qu’il était à coup sûr, avec Suzy Solidor, une des deux personnes les plus portraiturées.
On le croyait volontiers.
Il fut aussi sculpté dans tous les matériaux propres à cet usage et les oeuvres des artistes les plus cotés voisinnaient avec un berret de marin dont le pompon rouge était son porte-bonheur.
Personne, sous peine d’offenser grâvement son propriétaire, ne pouvait refuser d’effleurer le pompon du béret.
Il est en 14-18 sur le front de la Somme, correspondant de guerre du Matin.
Quelques mois plus tard, ses amitiés scandinaves le désignent tout spécialement aux yeux du Ministère des Affaires Etrangères, pour conduire en Suède, une tournée de spectacles montés par Durec.
Il partit donc pour la Suède, et lorsque une certaine demoiselle Gustafson, élève du Conservatoire de Stockholm, vint lui demander de l’engager dans l’un des spectacles, il signa, sans le savoir, le premier contrat de Greta Garbo.
Cependant, la tournée gagnait la Suisse, tandis qu’il restait à Stockholm, occupé qu’il était à faciliter la venue à Paris du grand danseur, Jean Borlin.

Jean Börlin dans Comœdia Illustré - novembre 1924
Collection A.R.T.
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Pour ce faire, il fallait un Mécène.... Il rencontre Rolf de Maré, et lui ayant fait valoir que Paris, qui avait fait un triomphe aux Ballets Russes de Diaghilev, serait probablement sensible à un ensemble suédois. Il eut la surprise, deux mois plus tard, d’apprendre de la bouche même du Mécène, que Les Ballets Suédois étaient créés et qu’il allait devoir, lui Jacques Hébertot, prendre la direction d'un théâtre à même de les accueillir.
C’est ainsi qu’en octobre 1920, en lettres jaunes sur fond bleu, les murs de Paris célèbrèrent la toute nouvelle Direction des Théâtres des Champs-Élysées, et les premières représentations des Ballets Suédois.
En lettres jaunes sur fond bleu soutenu ; la plupart des publicitaires vous diront qu’il n’existe pas, pour une affiche qui doit être lisible de loin, d’assemblage plus judicieux.
Ces deux couleurs allaient signer les affiches du Théâtre Hébertot jusqu’à la mort de son directeur.
Aujourd’hui encore, elles s’identifient au Théâtre du Boulevard des Batignolles et les producteurs de spectacles, tentés de les adopter, n’hésitent à le faire, que par souci d’éviter la confusion.
Eh bien, le choix de ces deux couleurs n’est ni fortuit, ni le résultat de je ne sais quelle savante analyse. Il s’agit tout simplement des couleurs du drapeau suédois.
Pendant cinq saisons, sous la direction exigeante de Jacques Hébertot, les créations succédèrent aux créations, les idées nouvelles se bousculèrent à un rythme endiablé.
Partageant sa programmation entre l’opéra, les ballets, le théâtre et les concerts, il mit Wagner et Rossini à l’honneur avenue Montaigne, sous la baguette de Tullio Serafin entouré de 100 choristes des principaux théâtres d’Italie.
Il reçut l’Opéra de La Haye qui interpréta Tristan et La Walkyrie.
Puis, ce fut l’impertinence lyrique de Stravinsky avec L’Histoire du Soldat et d’Henri Sauguet avec La Plume du Colonel.
Ce fut l’Opéra de Vienne, dirigé par Franz Schalk et une troupe française qu’animaient Walther Staram qui interprétèrent Mozart.
Les ballets suédois présentèrent Le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel, Iberia de Albeniz, Jeux de Claude Debussy décorés par Bonnard, La Boite à joujoux de Debussy, L’homme et son désir de Paul Claudel et Darius Milhaud, Les Mariés de la Tour Eiffel de Jean Cocteau où l’on trouvait Pierre Bertin et Marcel Herrand, événement artistique important qui groupait G. Auric, F. Poulenc, A. Honneger, D. Milhaud, Germaine Taillefer dans les décors de Irène Lagut et des costumes de jean Hugo.
Puis ce fut La création du Monde de Blaise Cendrars et Darius Milhaud, dans les très beaux décors de Fernand Léger.
Le mérite des Ballets Suédois est d’avoir apporté à la chorégraphie une esthétique encore plus libre, plus expressive, plus caustique, plus proche de la vie que les Ballets Russes.
Ce haut lieu avait gagné, au cœur du Paris des arts, cette gageure d’être celui qui confirme les valeurs internationales.
Les ballets de Pavlova reviendront aux Champs-Élysées, en 1923.
Les ballets Isadora Duncan leur succéderont puis les Ballets Léonidov.
Les Ballets Russes et Diaghilev, que leur carrière internationale avait écartés, reviendront sous la Direction de Jacques Hébertot avec Le Tricorne, Pulcinella, Parade et Les Contes Russes interprétés par Léonide Massine et décorés par Picasso et Larionov.

Picasso et Leonide Massine à Pompéï
Programmes original des Ballets Russes
Collection A.R.T.
voir programmes
Puis, avec des créations françaises : Les Biches de F. Poulenc, Le Train Bleu de Jean Cocteau et Darius Milhaud, et Les Fâcheux de Georges Auric.
La même année, Relâche de Eric Satie fut la grande réussite des Ballets suédois.
Hébertot avait confié à René Clair débutant le film Entr’acte qui devait passer à l’entr’acte de Relâche.
Il est maintenant à la Cinémathèque.
Toutes les phases de l’art pictural des plus traditionnelles aux plus hardies se retrouvent sur les plateaux des Champs-Élysées :
Pablo Picasso, Picabia et Laprade, Christian Bérard et Germinal Cassado, Salvador Dali et Fernand Léger s’y cotoient, s’y succèdent.
Le divorce entre l’idée plastique que l’on se faisait du ballet voué à l’intemporel, et celle, toute neuve, d’une possibilité d’exprimer l’aujourd’hui, est consommée.
Il faudrait ajouter à ce panégyrique la programmation de la Comédie des Champs-Élysées, puis celle du Studio dont nous savons que, d’abord Galerie de Peinture, il devint sous la direction de Jacques Hébertot, Théâtre d'Art et d’Essai, lieu d’étude et atelier laboratoire.
Quoiqu’il en soit, et eu égard au choix des spectacles représentés, c’est le complexe entier de l’Avenue Montaigne qui constituait le Centre d’Art International.
Firmin Gémier, Charles Dullin, Louis Jouvet, Gaston Baty, Georges Pitoeff, Kommissarjevski, ancien Directeur du grand et du petit Théâtre Impérial de Moscou, y furent les collaborateurs de Jacques Hébertot.
Les vedettes du monde entier étaient venues aux Champs-Élysées, chercher leur consécration, tandis que celles dont aujourd’hui la carrière vit encore dans notre souvenir, avaient eu l’opportunité de s’y révéler.
Pourtant, ces audaces qui avaient fait durant cinq saisons le bonheur des amateurs de spectacles de toutes nationalités, Jacques Hébertot allait les payer de 15 ans de purgatoire.
Les difficultés financières engendrées par une telle activité l’obligeait à abandonner les Champs-Élysées, tandis que ceux qui y avaient été ses collaborateurs, profitaient au contraire de la générosité dont il avait fait preuve à leur égard.
Sans doute est-ce à cet instant que l’idée de donner son nom à un théâtre lui vint.
Il écrivit bien plus tard les lignes qui suivent et qui, s’il en était besoin, montreraient à quel point il lui fut douloureux de quitter le cercle flamboyant des Champs-Élysées qui allait poursuivre son destin, tandis qu’il était contraint lui-même de rentrer dans l’ombre :
« La mission du directeur est presque accomplie quand les menuisiers, les peintres, les tapissiers commencent à s’affairer et que, sous son égide, le metteur en scène ouvre le cycle des répétitions.
Avant, il y a eu le choix de la pièce, parmi des manuscrits qui, ici arrivent, pleuvent, vous submergent à raison d’un millier par an.
Il faudrait être inhumain pour ne pas errer.
Gordon Craig nous parle de la supermarionnette.
C’est plutôt un super-directeur qu’il faudrait, infaillible, assez subtil pour discerner, universel pour guider, pour conseiller, doctoral pour corriger.
Comptez le nombre de pièces qui leur sont dédiées et vous dresserez en même temps l’inventaire de l’ingratitude de ces auteurs, à qui ils apprennent le Ba ba et le rudiment de leur métier, - à leurs frais, la plupart du temps.
Métier délicat. Art difficile. »
Le démon, l’obstination de la découverte, la volonté de protéger artistes et metteurs en scène survivaient cependant à sa déconvenue.
Et l’on a vu comment, ayant sous-loué le Théâtre des Mathurins, il tenta une fois encore d’aider les Pitoeff dans leur volonté d’offrir au public les oeuvres les plus ambitieuses.
On le vit un instant aux commandes du Théâtre de l’Œuvre.
On le vit procéder au lancement mondial de la Manécanterie des Petits Chanteurs à la croix de bois.
Mais l’essentiel de son activité d’exclu de la scène fut consacrée à l’édition, et plus particulièrement à l’édition musicale, musique lyrique et disques.
Et pourtant... Jean-Pierre Morphée sur les ondes de Radio-France rêvait :
« Le Directeur de Théâtre est un homme qui doit savoir découvrir les beautés et les défaillances d’un texte.
Sans être enfermé dans un système dramatique, il doit savoir distribuer les oeuvres qu’il a choisies, indiquer ou corriger un mouvement, un décor, un éclairage, et sans être lié aux servitudes de la représentation quotidienne, il doit savoir aussi juger et, au besoin, conduire une interprétation, il faut qu’il puisse enfin nommer une administration habile. ...
On peut sur tous ces points, faire confiance à Jacques Hébertot.
Son caractère réunit le seigneur italien et le bonhomme normand : c’est exactement ce qu’il faut pour être un grand directeur de Théâtre. »
Poussé par ses amis qui souffraient de le voir sans théâtre en ce début de saison 1940, Jacques Hébertot se rendit maître de la salle du Boulevard des Batignoles.
Et quand je dis maître, je crois que c’est le mot qui convient.
À ses jeunes visiteurs en effet, il allait murmurer en souriant, « Appelle-moi Maître, mon petit . »
Et s’il fallait vérifier que le meilleur vecteur de l’information est encore, ce que nous appelons le bouche à oreille, la vérification fut faite à la vitesse de l’éclair.
Car je n’ai rencontré personne, même parmi les auteurs les plus éminents, qui ne sache, en allant au-devant de Jacques Hébertot, que le « Maître » était de rigueur.
Chacun le lui donnait de bonne grâce avec un peu plus de chaleur, un peu plus de complicité, sans doute même un peu plus de familiarité que n’en aurait pû contenir « Monsieur ».
Si vous étiez jeune, ou si vous étiez de ses familiers, il répondait tout simplement « Bonjour, mon chéri. »
Jacques Hébertot, dont on disait qu’il avait le pire des caractères, était le contraire de ce que dans certaines circonstances, il s’efforçait, de paraître.
Incapable de se prendre au sérieux, il n’aimait rien autant que l’amicale complicité qu’il pouvait établir avec ses collaborateurs ou ses amis.
Il est pourtant une chose qu’il pardonnait très difficilement, c’était qu’on prenne pour argent comptant, l’une des ses plaisanteries.
Je me souviens du jour, où jeune comédien, je réussis au prix d’efforts invraisemblables, à obtenir de lui un rendez-vous.
Je ne le connaissais pas.
Ce qu’on disait de son caractère n’était pas fait pour me rassurer, et comme je venais l’entretenir de mon talent de comédien, je ne me sentais pas, en entrant dans son bureau, particulièrement à l’aise.
Sans doute s’en aperçut-il.
Il murmura simplement :
« Alors, tu as mis ton beau petit costume bleu pour venir me voir ? »
La cruauté du propos me glaça.
Et il me fallut beaucoup de temps pour comprendre qu’il n’y avait pas de cruauté, seulement, une invitation à la simplicité.
« Foin des convenances, efforçons-nous, d’être vrais ! »
C’était cela, Jacques Hébertot.
Il écrivit un jour :
« C’est parce que nous avons le souci du détail et aimons exercer, le plus souvent à nos dépens, un sens critique aigu, que nous pouvons nous mêler d’un métier qui demande attention, réflexion, minutie. Et s’il faut nous résumer, disons que nous ne savons rien faire sans passion. »
Et cela était vrai tant en ce qui concerne son sens critique dont il faisait volontiers les frais, qu'en ce qui concerne la passion. Elle devait le conduire à enrichir son enseigne d’une profession de foi bien personnelle :
Théâtre Hébertot...le Théâtre de l’Élite.
Comment concevait-il donc, le Théâtre de l’Élite ?
« Le Théâtre dans ce qu’il a de plus pur, de plus à l’écart des nécessités commerciales, le théâtre qui se joue autant qu’il se lit, qui doit se jouer, qui doit pouvoir être lu.
Le Théâtre qui fut celui de Shakespeare, de Corneille, de Molière, de Racine, de Marivaux, de Beaumarchais, celui des mystères médiévaux et celui des auteurs antiques. »
À l’affût de son temps, il savait discerner à propos, tout ce qui dans notre époque, était digne de ces références.
Et comme l’audace était sa raison de vivre, il fit peindre au sommet de son cadre de scène la devise qu”il avait faite sienne « audaces fortuna juvat. »
Cocteau, qui le savait fâché avec Jouvet se faisait un malin plaisir à traduire: « la fortune sourit à Jouvet. »
À l’affiche de ses premières saisons, La Machine à écrire” du facétieux Cocteau, mise en scène par Raymond Rouleau, Hamlet dans l’adaptation de Michel Arnaud, Sodome et Gomorrhe de Giraudoux qui révéla Gérard Philipe, Les Hauts de Hurlevent d’Emily Brontë, Caligula , première pièce d’Albert Camus, second triomphe de Gérard Philipe, L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel, dans la version écrite spécialement pour le Théâtre Hébertot. Des souris et des Hommes de Steinbeck qu’en dépit du succès, il fallut arrêter à la 220ème pour cause de rénovation du Théâtre.
Importants travaux, qui devaient permettre en cette fin d’année 1946, de créer les bureaux à même de recevoir le Directeur et ses collaborateurs.
Tous ces théâtres de Seveste souffrent en effet du même mal : rien n’est prévu pour loger une administration moderne.
Il est évident qu’au XIXème siècle, le problème ne se posait pas et que le Directeur suffisait à l’exploitation d’un Théâtre, la caisse assurant de son côté, toutes les opérations financières.
L’émergence de la sécurité sociale, de l’obligation de tenir une comptabilité, une gestion des payes, le besoin de prospecter le public, de faire de la publicité sur une large échelle, tout cela a créé des emplois et la necessité de loger ceux qui les occupent.
À défaut de pouvoir agir différemment, Jacques Hébertot annexe alors le foyer du public pour y installer ses services.
Ceux qui l’ont connu se souviendront longtemps de la banquette de velours rouge du premier étage sur laquelle ses visiteurs les plus illustres, faisaient antichambre, aux côtés d'une statue de bois, dans laquelle le Maître voulait voir la statue d'Artaban.
Rénovation totale donc, et apparition sur les rampes d’escalier, sur les grilles des portes de secours, partout où son graphisme pouvait y trouver place, apparition de la lettre H, répétée à l’infini.
Ne disons pas vanité, l’homme, encore une fois, n’était pas dupe. Mais il avait l’obsession maladive d’une véritable mission, celle aussi, de laisser derrière lui quelque chose dont personne ne pourrait lui nier la paternité.
Le 21 Décembre 1946, dans un théâtre digne du public d’élite qui lui assurait son estime et sa fidélité, le rideau se levait sur Edwige Feuillère et Jean Marais qui connurent là sans doute, leur plus grand succès avec L’Aigle à deux têtes de Jean Cocteau.
Le 28 Janvier 1948, autre triomphe, avec le Maître de Santiago d’Henry de Montherlant, suivi en 1949 des Justes d’Albert Camus, avec Serge Reggiani, Maria Casarès et Michel Bouquet.
Puis ce furent deux créations Le Feu sur la Terre de François Mauriac, et Rome n’est plus dans Rome de Gabriel Marcel. Une reprise, celle de la pièce de Stève Passeur Je vivrai un grand amour suivie d'une autre création La Liberté est un Dimanche, de Pol Quentin, avec Edwige Feuillère.
En 1950, les comédiens du Théâtre Hébertot interprètent au Vatican, devant Pie XII
L’Annonce faite à Marie de Paul Claudel.
Leur directeur n’était pas peu fier d’avoir été, avec ses comédiens, invité par le Pape, alors que depuis 480 ans aucune troupe d’acteurs n’avait pu pénétrer au Vatican.
Mais voici que Jacques Hébertot part en guerre.
« La libération nous a notamment valu une politique du Théâtre, c’est à dire que par le jeu de commissions mystérieuses et secrètes, une bureaucratie ténébreuse et délirante, s’est adjugée le droit de régenter le Théâtre. Cette gabegie se traduit par un milliard pour le Théâtre Lyrique, 360 millions pour la Comédie Française, 40 Millions pour le Théâtre Populaire, 60 millions pour les Centres Dramatiques de décentralisation. »
Le milliard du Théâtre Lyrique représentait 10 millions de francs lourds.
La subvention est aujourd'hui de 115.141.200 F.
Les 360 millions d'anciens francs de la Comédie Française représentaient 3.600.000 Francs lourds.
La subvention 1992 est de 126.208.247 F
Les 40 millions d'anciens francs du T.N.P représentaient 400.000 francs lourds.
La subvention du Théâtre de Chaillot est en 1992 de 55.191.967 F.
Ce que Jacques Hébertot contestait dans cette affaire qui allait prendre des proportions excessives puisque toute une série d’articles allait paraître dans Les Échos.
Ce qu’il contestait, c’était la création tous azimuts, d’entreprises de spectacles, dont l’État assumait les risques, alors que quelques directeurs de Théâtres privés, ayant prouvé la rigueur de leur gestion et l’ambition de leur répertoire, devaient assumer seuls l’échec, d’un spectacle qui n’avait que le tort d’avoir un peu d’avance sur son époque.
Jacques Hébertot se souvenait que Pelléas et Mélisande avait été lors de sa création un échec cuisant alors que justice lui était rendue quelques années plus tard.
Le Théâtre d’Audiberti avait été victime du même phénomène.
Il faut savoir, pour bien comprendre cette attitude, que les quelques théâtres qui pouvaient à cette époque se dire d’Art et d’Essai, montaient une œuvre, sans se préoccuper du risque commercial, simplement parce qu’ils estimaient devoir la monter,
Ainsi, Jacques Hébertot, monta Le Maître de Santiago alors qu’il était convaincu que la pièce ne trouverait pas son public.
Ainsi, le 23 Mai 1952, présenta-t-il Dialogues des Carmélites de Georges Bernanos, dont le succès le surprit au plus haut point.
C’est à cette époque que j’entrai au Théâtre Hébertot.
C’est à cette époque aussi, que son Directeur créa l’Université Normande du Théâtre, qu’il mit sur pied deux tournées chargées « d’évangéliser » la Normandie dans ses moindres détours, tandis que trois autres troupes représentaient sur les scènes des provinces et de l’étranger, les succès du Théâtre de l’Elite.
C’est une lourde tâche de gérer un théâtre.
Mais combien est plus difficile encore, l’oganisation d’une tournée : prendre les contacts avec les villes qu’on se propose de visiter, accorder son calendrier avec le leur, faire en sorte que l’itinéraire des comédiens ne connaissent pas de représentations éloignées de plus de 100 kms.
Avec un minimum de personnel dont je fus, Jacques Hébertot l’entreprit pourtant, et comme il eut été trop simple de se contenter d’une tournée, il y en eut jusqu’à 5 qui sillonnaient les routes de France et de Navarre.
Après le triomphe de Dialogues des Carmélites ce fut le tour de Thierry Maulnier d’être à l’affiche avec La Maison de la nuit drame politique que Marcelle Tassencourt vient de remonter pour le Théâtre 14 avec pour sous-titre Les deux Allemagnes.
Voici ce qu’en 1953, l’auteur pensait de son directeur :
« Le Théâtre est sa vie.
Il lui donne beaucoup et lui demande plus encore.
Tapi du matin au soir dans son petit bureau du Théâtre des Batignolles, derrière des piles de manuscrits et de dossiers, il reste là, immobile, d’une immobilité singulièrement active et vigilante, puissante araignée attentive qui attire dans ses fils les auteurs et les hommes.
Il dédaigne beaucoup de proies et les rejette. Ce n’est pas à l’un de ses auteurs de dire s’il choisit toujours le meilleur.
Mais son tableau de chasse, au cours des dix dernières années, comporte, c’est un fait, plus de grands textes dramatiques que celui de n’importe quel autre directeur de théâtre. »
Mon coeur dans les highlands révèle au public le talent de l'américain Saroyan.
Balmaséda de Maurice Clavel permet à Marguerite Jamois, de présenter une des créations dont elle avait le secret.
Pour le roi de Prusse donne à Maurice Bray sa première chance de jeune auteur.
Et ce fut La Condition humaine le chef d’œuvre de Malraux, adapté par Thierry Maulnier, mis en scène par Marcelle Tassencourt.
Ce fut aussi l’occasion pour le staf du Théâtre Hébertot de cotoyer le futur Ministre.
Je me souviens d’un matin, ou seuls sur le plateau, nous échangions quelques mots, lorsque subitement le ton de mon interlocuteur s’enfla de telle façon, que je jetai machinalement un regard derrière moi, pour me persuader que 300 personnes n’étaient pas entrées à mon insue.... J’étais bien seul avec Malraux.
À Gaspar Diaz de Dominique Vincent, succédèrent les Ballets Kabuki.
L’Éventail de Lady Windermere d’Oscar Wilde et La Nuit Romaine d’Albert Vidalie, furent pour Marcelle Tassencourt, l’occasion de mises en scène remarquées. Comme d’ailleurs, l’énorme succès de Procès à Jésus de Diégo Fabbri dans l’adaptation de Thierry Maulnier, comme encore Le Long Voyage vers la Nuit d’Eugène O’Neil, dans lequel s’affrontaient Gaby Morlay et Jean Davy.
Comme enfin Le Signe du Feu de Diégo Fabbri, qu’adaptèrent Thierry Maulnier et Costa du Rels.
Une reprise de En attendant Godot de Samuel Beckett avait précédé La Nuit Romaine .
Jacques Hébertot, qu’entre nous nous appelions « Papa », ce qu’il n’avait pas manqué d’apprendre et qui ne le gênait nullement, puisqu’il lui arrivait d'ironiser :
« Attention, Papa va se fâcher ».
Jacques Hébertot devait souffrir d’inactivité, car, il racheta, dans le pays de Bray la Société Forges Thermale et le Casino de Forges les Eaux, qui presque totalement détruit par la guerre, attendait qu’un repreneur entreprenant vint remettre sur pieds leurs installations.
Il fut, bien entendu, ce repreneur-là.
Cette décentralisation de son activité ne comblait probablement pas totalement ses loisirs, puisque peu de temps après, il fonda un hebdomadaire qu’il choisit d’appeler Artaban, « ... parce que nous sommes fiers », expliquait-il dans le premier éditorial.
Partagé donc, entre la Rue d’Enghien où Artaban avait ses bureaux, le Pays de Bray où il avait fallu construire un lit à la mesure de celui qu’Appolinaire appelait déjà quarante ans plus tôt « son vieux Jacques de haute taille », (et qui était en effet une espèce de géant aux yeux clairs), et le Théâtre qui portait son nom, le vieux Jacques, avait atteint sa 70ème année.
Un soir qu’il recevait en ma présence un de ses contemporains aux propos quelque peu égarés, il me déclara grâvement, dès que nous fûmes seuls,
« Si un jour tu t’aperçois que je deviens gaga, je t’en supplie, préviens-moi. »
L’air navré, je lui rétorquai « Mais pourquoi ne me l’avoir pas demandé plus tôt ? »
Je crois bien qu’il en rit encore, tant se prenait peu au sérieux cet homme qu’on disait autoritaire et qui faisait trembler ceux qui précisément ne l’aimaient pas, comme si ce refus d’amitié et de compréhension portait en soi la peur qui en sa présence les paralysait.
Pour quelqu’un de sa trempe, 70 ans, c’était la jeunesse, c’était presque l’enfance dont toute sa vie il conserva l’état de grâce.
Après une reprise de Knock dont Maurice Teynac, jouait le rôle titre, Miracle en Alabama dans la version française de Marguerite Duras et de Gérard Jarlot, allait succéder à Procès à Jésus. Ce miracle était celui de la petite Ellen Keller qui aveugle, sourde et muette réussit grâce à l'entêtement de sa gouvernante à sortir de la prison dans laquelle ses infirmités la tenait enfermée.
À cette époque de la guerre d'Algérie où des attentats de pleine rue se multipliaient, lorsque Marguerite Duras, retenue dans sa maison de Neauphle le Château, téléphonait pour excuser son absence à la répétition, Jacques Hébertot ne dédaignait pas de feindre de croire que seule la peur la retenait. Et malgré ses protestations, de lui prodiguer en riant sous cape les plus vifs encouragements.
Laurent Terzieff fut, dans L'Échange de Claudel, un Louis Laine terrifiant d'enfance et d'immoralité.
Puis parut un Bourgeois Gentilhomme qui avait les traits de Fernand Raynaud, lequel était terrorisé par la personnalité de son directeur. « Je connais son truc », disait-il « quand tu dis quelque chose qui l'embarrasse, il te répond « Comment ? comment ? » Il fait semblant de ne pas entendre pour se donner le temps de trouver la réponse ... »
Et ce furent La Reine Verte, Comédie Ballet de Maurice Béjard avec Maria Casarès et Jean Babilée.
Puis Cet Animal Étrange succession de courtes scènes tirées par Gabriel Arout des nouvelles de Tchekhov, interprétées par un couple de comédiens rares, Delphine Seyrig et jean Rochefort.
Hébertot ne désarmait pas.
Sa rigueur et l’ambition de ses choix étaient intacts, mais n’est-ce pas René Lenormand qui disait que « l’histoire d’un Théâtre d’Art, c’est la tragédie des projets avortés...» Tout un programme en quelque sorte.
Encore que l’observation quelque juste qu’elle soit s’applique mal à l’œuvre d’Hébertot le magnifique.
Ses projets furent, pour la plupart, menés à bien.
On sait pourtant que l'usage à Paris est de célébrer le grand Théâtre mais de n'applaudir qu'au vaudeville, si bien que, de succès d’estime en succès d’estime, il alla de difficultés financières en difficultés financières.
Et l’on peut affirmer que ruiné, à son départ des Champs-Élysées en 1924, il fut en réalité ruiné, toute sa vie.
Son train de vie, fastueux à ses débuts ; n’allait-il pas dans Paris précédé de deux dobermans aux colliers de platine, devint d’une grande modestie lorsque se fut affirmée sa stature de directeur de théâtre.
Il est pourtant un domaine dans lequel s’engloutissait, non pas sa fortune, il en était totalement dépourvu, mais précisément la fortune dont il ne disposait pas.
Je me souviens d’une promenade que nous fîmes ensemble à Forges les Eaux, au cours de laquelle, répondant à une question que je lui posais, il me déclara péremptoirement, sans pour cela être un instant dupe de lui-même :
« Dis-toi bien, mon chéri, que ce qui n’est pas à moi aujourd’hui peut parfaitement l’être demain.»
C’était bien sûr, une fanfaronnade en forme de plaisanterie.
Mais si un immeuble était mis en vente, soit en Normandie, soit dans ce village des Batignolles qu'il avait adopté, il ne pouvait éviter de s’en porter acquéreur.
Bien entendu, il n’en avait pas les moyens.
Il hypothéquait alors la dernière acquisition qu’il avait faite, hélas dans les mêmes conditions.
Comment s’étonner après cela qu’ayant du, à Forges, après quelques années glorieuses, déposer son bilan, comment s’étonner qu’il fut condamné le 24 Novembre 1964, à l’âge de 78 ans, à deux ans de prison avec sursis et à 1000 F d’amende pour banqueroute et abus de biens sociaux.
Cet homme du XIXème siècle ne comprenait rien à la comptabilité.
Comment aurait-il pû comprendre que n’ayant eu d’autre but, toute sa vie, que la gloire littéraire de son Pays, la société pût, en retour, le traiter de pareille manière.
Il se vengea l’année suivante en présentant les deux pièces qui allaient révéler Harold Pinter, consacrer Delphine Seyrig et Jean Rochefort et donner un sérieux coup de vieux à tout ce qui avait été écrit avant cette date.
La Collection et L’Amant ouvraient en effet la voie à ce qu’on appellera le Théâtre du « non dit ».
Puisque nous sommes entre nous, je m’en vais vous révéler les secrets de l’écriture du Théâtre du « non dit ». Secrets qui furent, j’en ai été le témoin, traqués par les auteurs de 1965 qui ne se lassaient pas de venir entendre les pièces de Pinter.
Ce secret est tout bête, mais je ne puis dire qu’il fallait y penser car c’est précisément par ce qu’on n’y pensa pas, qu’il y eut secret.
En un mot, Pinter n’a jamais écrit La Collection et L’Amant pour la représentation théâtrale, mais pour le petit écran.
Et si le texte connut une adaptation à la langue, personne, Dieu merci, ne songea à l’adapter au Théâtre.
Et c’est ainsi que les silences laissés au langage de l’image devinrent à la scène, les « non dit ».
Quelques œuvres voient encore le jour, ou sont reprises sur la scène des Batignolles, où les trois sœurs Poliakoff : Marina Vlady, Hélène Vallier et Odile Versois interprètent Les trois soeurs de Tchekhov.
Mais le Maître est fatigué. Une très sérieuse alerte cardiaque lui fera songer à se retirer.
Il n’a pourtant rien perdu de son humour.
Un soir après une générale absolument catastrophique, alors que le metteur en scène, conscient de ce qu’allait coûter à son directeur l’expérience malheureuse dans laquelle il l’avait entrainé, conscient de la responsabilité qu’il avait prise en le persuadant qu’il était capable de faire de cette pièce un succès, attendait tremblant la réaction du Maître.
Il lui déclara tout de go :
« Eh bien, mon petit, j’ai passé une excellente soirée, et Dieu sait qu’à mon âge on dort mal !»
Le lendemain les critiques étaient abominables, et deux jours après Jacques Hébertot achetait à grands frais des espaces dans toute la presse pour fairer paraître ces simples mots :
Hébertot,
le titre de la pièce,
et, en caractères gras,
« Critique unanime » .
Il produisit Notre Petite Ville de Wilder que Raymond Rouleau monta avec les acteurs de la Communauté Théâtrale, puis en 1969, Bienheureux les violents” de Diégo Fabbri dans l’adaptation française de Michel Arnaud.
À Diégo Fabri qui lui demandait quelle carrière il prévoyait pour sa pièce, il répondit ces mots désabusés :
« Dans les moments de crise, de guerre ou de malaise social, les gens vont à l’Église ou... au Théâtre Hébertot... ou chez d’autres confrères dignes de leur mission.
Pour ceux qui sont toujours heureux et qui n’ont pas de soucis il y a les Folies Bergères et les Théâtres où on rigole. »
Quelques jours avant sa mort, alors qu’il m’interrogeait sur l’ouverture d’un compte à laquelle il m’avait demandé de procéder dans une nouvelle banque, je dus lui répondre, avec quelques réticences, qu'en raison de mauvais renseignements recueillis auprès de la Banque de France, le compte n'avait pu être ouvert.
À sa secrétaire appelée sans délai, il dicta la lettre suivante au Gouverneur de la Banque de France :
« Monsieur le Gouverneur, je n’ai pas l’honneur de vous connaître, mais si jamais on me demande des renseignements sur vous, vous allez voir ce que je vais raconter ! »
Le 19 Juin 1970, il s’éteignit à l’Hôpital Broussais où il avait été admis la veille.
Tel fut Jacques Hébertot.
Il avait faite sienne cette phrase d'Aristote :
« Dans la vie, le plus grand bonheur se trouve dans la poursuite consciente d'un grand but. »
et cette autre de Corneille :
« Mon travail sans appui monte sur le théâtre. »
C'est à Sainte-Marie des Batignolles qu'il connut son dernier public. Le Tout-Paris du spectacle y pleurait celui qui fut un des plus grands serviteurs du Théâtre français.
François Daviel, son neveu qui fut aussi son collaborateur, allait lui succéder et monter successivement, une pièce de Thierry Maulnier déjà retenue par Jacques Hébertot, Le soir du conquérant et La souricière adaptée d’Agatha Christie.
Curd Jurgens fit alors connaître son intention de reprendre le Théâtre.
Une saison probatoire ne lui sembla pas concluante. Il renonça à son projet.
François Daviel éprouvé sans doute par une direction particulièrement lourde et par une succession difficile mourut prématurément.
Son héritière, Andrée Delattre, après en avoir éprouvé les difficultés, confia la gérance à Simone Valère et Jean Dessailly qui, pendant quelques saisons firent les beaux soirs du Théâtre des Batignolles et qui pressentant les appétits immobiliers que la situation faisait naître, obtinrent de Maurice Druon, alors Ministre de la culture, le classement de la façade.
Qu’ils en soient vivement remerciés.
Alors Patrick Barroux, un nouveau gérant apparut qui débordant de projets fit rénover la salle entièrement et rendit au public le foyer que Jacques Hébertot avait transformé en bureau, installant ces derniers dans les combles et dans les loges d’avant-scène.
Venu de l’Hôtellerie, il trouva bon de rebaptiser la salle qui devint le Théâtre des Arts-Hébertot.
Un collectif d’acteurs, les A.F.A, obtinrent du Tribunal de référé, après mise en liquidation judiciaire de Patrick Barroux de lui succéder dans les lieux.
En Février 1981, Madame Barroux mère, en récupéra la gérance, tandis que le 4 Janvier 1982, l’héritière de François Daviel, signait avec un marchand de biens une promesse de vente qui allait la déposséder des murs et du fonds de commerce du Théâtre.
Le spéculateur en question tenta frileusement une exploitation qui ne convainquit personne et le 4 Octobre 1983, pourvue d'un contrat de sous-location, la Compagnie Jean-Laurent Cochet dont j’étais l’Administrateur, s’installa dans les lieux pour trois saisons.
Puis Philippe Caubère y présenta ses récitals et Alain de Léseleuc, se rendit un instant maître du bail qu’il céda enfin à Félix Ascot dont je salue ici l’exigente direction de ce théâtre qui fut celui de Jacques Hébertot.
Mais le Temple est bâti.