Ce fut un enfant fragile et bien sage, le petit Jean Anouilh, né à Bordeaux, le 23 juin 1910. Son père, Gaston, tailleur : « Était un homme fin et simple qui connaissait merveilleusement son métier. Il en avait la fierté et les exigences. J’ai toujours rêvé d’être aussi bon artisan que lui ».

Gaston Anouilh
in
Jean Anouilh, une Biographie de Anca Visdei Éditions de Fallois 2012
Coll. part.
Sa mère, Marie-Madeleine, était professeur de piano et appartenait à un orchestre local. Si le petit garçon était très fier d’aller écouter les concerts auxquels participait sa maman, il se sentait malheureux, le soir, quand il ne l’avait pas, à lui tout seul, pour le border dans son lit et lui lire des histoires.

Marie-Magdeleine Anouilh
in Jean Anouilh, une Biographie de Anca Visdei Éditions de Fallois 2012
Coll. part.
Ainsi que sa sœur aînée, Geneviève, l’enfant reçut une bonne éducation religieuse, En fait, la famille Anouilh était une famille, comme il y en avait tant d’autres en France, en ce début du XXème siècle
Lorsqu’à la déclaration de la guerre de 1944, François Anouilh fut mobilisé, le grand-père maternel , habitant , lui aussi, Bordeaux , se rapprocha de sa fille et ses petits enfants.
L’armistice sonnée, la famille s’installa à Paris, dans le XVIIIème arrondissement, et le petit Jean fut inscrit au cours Colbert : « Je suis un enfant de la Chapelle. Mon enfance fut heureuse et paisible. J’ai sucé des « roudoudous » du marchand de la rue Riquet (…) J’ai vadrouillé dans tout Montmartre, mains dans les poches, nez au vent ».
Lors de vacances d’été, passées à Royan, l’enfant, ébloui, découvrit un spectacle de marionnettes géantes, inspiré de Roméo et Juliette. Il n’oubliera jamais cette première émotion théâtrale.
Au cours de l’été suivant, Marie-Madeleine fut engagée au Casino d’Arcachon. L’occasion pour le jeune garçon d’écouter chaque soir de la musique d’opérettes.
À onze ans, Jean entra en sixième au lycée Chaptal. Il inventa alors une première comédie, inspirée de Cyrano de Bergerac. Il y trouva un si grand plaisir qu’il continua à produire des drames héroïques en vers, à la manière d’Edmond Rostand et de celle d’Alexandre Dumas pour Mondor et Tabarin, tragi comédie en vers.
Le temps passait. À l’âge de quinze ans, Jean lisait avec passion les |œuvres parues dans La Petite illustration. Il écrivit alors : La Femme sur la cheminée : « Là ce n’est pas Rostand qui m’inspira mais ( Henry ) Bataille ». Un an plus tard, le jeune auteur eut la joie de voir publier son premier texte : Coq à l’âne dédié aux gens raisonnables dans la revue L’Heure joyeuse destinée à la jeunesse.
En 1927, en classe de philo, l’adolescent avait pour condisciple un certain Jean-Louis Barrault qui s’en souviendra : « Jean Anouilh, toujours bien habillé et très soigné, était un camarade sympathique, mais distant ».
Élève doué et travailleur, Jean obtint au collège Chaptal le premier prix de Philosophie et de Mathématiques. Bachelier, il s’inscrivit ensuite à la Faculté de Droit. Il n’y resta malheureusement que dix-huit mois. Il lui fallait gagner sa vie.
Jean Anouilh : En marge du Théâtre Éditions de La Table ronde février 2000
Jean-Louis Barsacq Place Dancourt Éditions Gallimard 2001
Jean Anouilh Les Nouvelles Littéraires mars 1937
Jean-Louis Barrault Les Cahiers de la compagnie Madeleine Renaud - Jean-Louis Barrault n° 26, mai 1959