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Quelques pièces

(photo DR)
LE MAL COURT
Pièce créée le 17 juin 1947, au Théâtre de Poche, interprétée par Suzanne Flon, Jeanne Herviale, Max Palenc, Marcel Chevit, R.J.Chauffard, Georges Vitaly, Lucien Guervil, Gabriel Jabbour.
Analyse
Tout à son bonheur, la jeune, pure et jolie princesse ALARICA, s’en était allé à la cour de son futur mari le puissant roi d’Occident.
A la frontière, un officier du roi la séduira par surprise, lui faisant croire qu’il est «le fiancé«.
ALARICA apprendra bientôt de la bouche même du roi qu’elle n’était qu’un appât destiné à hâter le mariage du souverain avec l’Infante d’Espagne , toujours hésitante.
La déception de la jeune princesse est immense... Elle vient de découvrir que le Mal règne sur le monde
Critiques
« C’est à la fois Diderot et Boucher, un reste de Watteau et un commencement de Fabrice del Dongo ».
André de Richaud - Samedi-Soir
« Si vous goûtez la poésie dans sa liberté, allez au Théâtre de Poche. On vous y offre l’occasion d’une délectation vive et claire. Intellectuel et pisse-froid ( c’est souvent le cas ) s’abstenir ».
« Il est regrettable à mon avis que l’ouvrage soit aussi cérébral. Derrière chaque réplique on devine l’intellectuel et le penseur. Ainsi ce que la pièce gagne en poésie, en écriture, elle le perd en humanité. Tous les personnages, pourtant bien typés, restent conventionnels. Aucun ne nous ressemble, aucun ne nous touche. Ils ne sont, à nos yeux, que des pantins séduisants, se débattant dans une action qui est, elle-même, un jeu d’esprit ».
« On rit certes, mais là où l’auteur l’a voulu et comme il l’a voulu !
Et comme M. Audiberti, chaque fois qu’il le veut, sait écrire de belles phrases! En vérité la poésie coule d’un bout à l’autre de ces trois actes et ne tarit jamais ».
Thierry Maulnier - Spectateur
« Le Mal Court résonne comme une fanfare et claque au vent d’un lyrisme vagabond sans jamais renoncer à cette lucidité, à l’ironie, à l’enseignement humain qui marquent les œuvres françaises. Parfois surréalistes, toujours spontanés, «khânularesques«, satiriques, chargés de poésie, de mystère et de provocation, les trois actes du Mal Court progressent malgré leur débauche verbale, vers le dénouement que veut la logique. C’est de l’excellent théâtre avec une action, des caractères et un style. On croit rêver ! ».
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Collection A.R.T.
LA FÊTE NOIRE
Pièce créée le 1er décembre 1948, au Théâtre de la Huchette, interprétée par Tony Taffin , Denise Bosc, Monique Delaroche, R.J. Chauffard, Pierre Mondy, Jean Laugier, Max Aubry.
Analyse
L’action se passe au XVIIIème siècle. Le bel et impressionnant Félicien se voit privé de la tendresses des femmes qu’il effraie et répugne. Exaspéré et désespéré, il tue l’une d’elles et met cet assassinat sur le compte d’une bête apocalyptique réfugiée dans la montagne. Il s’engage à pourfendre le monstre et organise une battue, au cours de laquelle est massacrée une petite chèvre. Pour tous, Félicien est devenu le Dieu libérateur. Mais une jeune fille a deviné son secret et surmontant son dégoût se donne à lui pour sauver le village
Critiques
« Sujet freudien - cherchez non la femme, mais l’absence de la femme, la tare sexuelle pour expliquer les raisons profondes et inavouées de la conduite des hommes (...) N'a-t-on pas essayé de nous expliquer la monstruosité d’Hitler par une anomalie sexuelle. J’aimerais assez assimiler Félicien à Hitler pour prouver qu’il n’en est rien et qu’il faut tuer ou apaiser autre chose qu’un simple dictateur de hasard pour arrêter les crimes ».
Elsa Triolet - Les Lettres Françaises
« M. Audiberti, nous le savons, est un poète, c’est aussi un homme de Théâtre. La Fête Noire pour laquelle il a sans doute feuilleté Les Relations de la figure et les désordres de la Bête féroce qui ravage le Gévaudan ainsi que Le Vampire de Dusseldorf, allie la poésie agreste d’un Giono souriant et détendu et la fantaisie ailée d’un Giraudoux silvestre de l’ Intermezzo à une prestesse d’illusionniste et une maîtrise dans les ruptures de ton qui sont proprement merveilleuses ».
Gustave Joly - L’Aurore
« La Fête Noire est jouée tous les soirs devant des salles pleines de 50 personnes, car le Théâtre de la Huchette réussit à être le plus petit que le Théâtre de Poche : un théâtre de gousset. Pièce étrange d’une animation, d’une vie surprenante où l’horreur granguignolesque, se mêle à un burlesque de bon aloi et le mystère à la galéjade avec d’admirables moments poétiques et du bavardage et des discussions aussi peu scéniques que possible et une vigueur dramatique qui les fait supporter et d’interminables piétinements de l’action et une sève dramatique qui ne cesse pas de couler et de vives couleurs de soleil et de sang et des saveurs et des senteurs violentes : Audiberti, toujours un peu le même ».
Thierry Maulnier- -La Bataille
« Que signifie cette verbeuse salade où du Lautréamont rabelaisien et du Delteilgionesque ne laisse aucune place à l’auteur ? ».
Marcel Augagneur - La France Libre
LES NATURELS DU BORDELAIS
Pièce créée le 2 octobre 1953, au Théâtre La Bruyère, interprétée par Michel Picoli, Sylvie Pelayo, Monique Delaroche, Annie Monnier,Marcelle Arnold, Nathalie Nerval, Lucien Hubert, Louis Arbessier, Albert Rémy,R.J. Chauffard, Jacqueline Rouillard.
Analyse
« Le héros, est le disciple d¹un philosophe pessimiste qui trouve le monde mauvais. Pour sortir de cet univers dévoré par le mal, ce fils de famille en adopte les lois, c¹est à dire fait le mal pour le mal. Ainsi il s'applique à souiller le plus grand nombre de filles qu'il n'aime pas. C¹est un Don Juan de plages de bars de bagnoles.Il enlève une jeune fille du XVIème, l¹emmène à Bordeaux, on la retrouve pendue dans un cabinet de toilette. On arrête le jeune homme, on le juge, on l'acquitte au bénéfice du doute et... son prestige auprès des femmes augmente considérablement... ».
Jacques Audiberti - Le Parisien Libéré
Critiques
« La soirée fut accablante (...) Des hurluberlus, des grotesques. Le philosophe à la pèlerine de Gide et les doctrines de Sartre...Caricature ! ».
Robert Kemp - Le Monde
« Les Naturels du Bordelais se présente comme une rhapsodie torrentielle à base d'obsession sexuelle, bourrée de grossièretés, d'allusion grivoises et de choses dégoûtantes (...) La seule hypothèse, relativement consolante, serait que M. Audiberti se moquât du monde ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro
« Son texte n'est qu¹un exemple de diarrhée verbale, un morne flux de platitudes, de grossièretés et de plaisanteries que récuseraient les fournisseurs de l'almanach Vermot ».
René Lalou - Les Nouvelles Littéraires
« Pièce d'une richesse exceptionnelle, d¹une souplesse nonchalante qui se love et coule lentement, qui recèle une foule d'idée qui luttent et se culbutent, une pièce maladroite dont les imperfections elles-mêmes méritent un intérêt passionné. Il me paraît ridicule de vouloir assagir Audiberti ».
Béatrice de Garambe - Rivarol
« Cette pièce que les experts ont prise pour un fatras est une pièce immense, je veux dire qui rayonne dans tous les azimuts, enjambe, explore et parcourt avec légèreté les abîmes et les sommets où nous voyons se cramponner gauchement nos philosophes-dramaturges. Audiberti est le seul à savoir se conduire comme un poète, un penseur et un homme de théâtre ».
Jacques Perret - Aspect de la France
« (C'est) une pièce à la fois policière, psychologique, caustique, bourrée d'un humour absolu. C'est trop touffu disent ces messieurs de la critique: « Rendez-nous notre biscotte et notre verre de Vichy ». Le fait est qu'il faut écouter tout le temps . C'est embêtant ça, hein, c'est plus un métier d'être critique s'il faut écouter ! Au coin, Audiberti, fatigant bonhomme !... Il y a dix répliques, vingt répliques, cent répliques, dix, vingt, cent problèmes : celui du couple, celui de l'homme seul, celui de la Justice, celui de l'homme laid, du suicidé etc... fouillés, agités, sondés, ouverts et refermés par Audiberti. Vraiment de quoi occuper une soirée, je vous jure ».
Boris Vian - Arts

Collection A.R.T.
L’EFFET GLAPION
Pièce créée le 9 septembre 1959, au Théâtre La Bruyère, interprétée par Jacques Dufilho, Jacqueline Gautier, Michel Roux
Analyse
Amoureuse, une jeune secrétaire rêve de se faire épouser par son patron. D’une imagination délirante, réalité et fiction se confondent en elle.
Critiques
« (C’est) une pièce insolite, insolente où la raison porte le masque de la folie, où la fantaisie emprunte le langage de la raison. Une pièce qui ne ressemble à aucune autre et nous laisse l’impression que toutes les autres se ressemblent.
On «glapionnera« ferme cet hiver à Paris. Soyez de ces «glapionneurs«. Je vous le souhaite «glapionneusement ».
Max Favalelli - Paris-Presse, l’Intransigeant
« Nous sommes dans l’illusion la plus complète à propos de toutes ces sortes d’évènements d’impressions, de sensations, voire de tentative de science-fiction. L’effet de ce jeu qui relève à coup sûr du supernaturalisme de Nerval, Audiberti l’a baptisé L’Effet Glapion ».
Pierre Berger - Paris Jourrnal
« Ce qui est remarquable dans la pièce, c’est la façon dont l’inépuisable faculté d’invention verbale, qui est propre à M. Audiberti, a trouvé le moyen cette fois de s’incorporer à la série de sketches qui se succèdent à une allure endiablée; par instant le spectateur perd littéralement le souffle, mais il est incontestable qu’il est dans l’ensemble maintenu dans un état de jubilation continue, dû à la fois à la cocasserie du dialogue et au brio insurpassable des interprètes ».
Gabriel Marcel - Les Nouvelles Littéraires
« Que la vie serait riche si nous pouvions conjuguer le verbe aimer à la fois au présent, au passé et au « possible ».M. J.Audiberti suppose le problème résolu. S’il y a de la préciosité et de la truculence chez Audiberti, de la facilité et de la recherche, le mélange a une extraordinaire saveur de santé. On rit beaucoup parce que c’est drôle et mieux que cela: parce que c’est un tempérament qui nous met en joie ».
Robert Kanters - L’Express
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Collections A.R.T.
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