Au théâtre, il poursuit une carrière brillante, étant presque toujours à l’affiche, et collectionne les
aventures galantes auprès des comédiennes. Un hôtel près de l’Avenue Montaigne abrita quelque
temps ses amours avec une célèbre actrice. Christian Millau, qui a bien connu Marcel Aymé
raconte, dans son livre de souvenirs Au Galop des Hussards. « Il regarda sa montre, se leva et se
dirigea vers l’hôtel voisin » (l’action se situe au bar des théâtres, avenue Montaigne) « J’appris par
la suite qu’il y avait ses habitudes. Marcel Aymé ne m’avait pas menti. Il sera longtemps
sensible au charme des belles actrices. À cet égard, la distribution de ses pièces, de Dora Doll à
Françoise Christophe, de Judith Magre à Rosy Varte, de Nicole Courcel à
Christiane Minazzoli, ne manquera jamais d’être exemplaire ».
Marie-Antoinette boit pour oublier et tente de se suicider.
Marcel Aymé adapte en 1954 Les Sorcières de Salem d’Arthur Miller qu'il connaît, dans une
mise en scène de Raymond Rouleau, avec Yves Montand et Simone Signoret en tête
d’affiche, une totale réussite. Il écrit pourtant dans Arts: « Je veux être pendu comme une
simple sorcière s’il m’arrive jamais de refaire une adaptation ». Promesse de gascon, car il récidive
en 1958 avec Vu du Pont, du même Arthur Miller, mise en scène de Peter Brook.

Vu du pont
Maquette de l'affiche, gouache originale
Collection A.R.T.
Entre temps,
il a fait représenter à l’Atelier, en 1956 Les Oiseaux de lune (ex Bel oiseau sans souci),
pièce qui, comme dans ses contes fait la part belle au fantastique. C’est l’histoire de Valentin,
qui a le pouvoir de changer en oiseaux tous ceux qui le contrarient. Le public accepte le postulat et
s’amuse beaucoup. La pièce est jouée plus de 300 fois, ce qui console l’auteur du demi-échec
des Quatre Vérités en 1954. Le thème en était pourtant très cocasse : inoculer un sérum de
vérité aux membres d’une même famille. La scène a ses mystères. Louis Jouvet a résumé le succès au
théâtre avec la formule : « C’est une mayonnaise qui prend ou qui ne prend pas ».

Les Oiseaux de lune
Décors et affiche de Jacques Noël
Collection A.R.T.
Malheureusement,
la mayonnaise ne prendra pas avec ses dernières créations : La Mouche bleue en 1957,
Patron en 1959, Louisiane en 1961. La Mouche bleue satire musclée de l’Amérique est
présentée peu après l’invasion de la Hongrie par les troupes soviétiques et le moment semblait
mal choisi d’exaspérer les américains qui semblaient le rempart le plus sûr contre l’expansion de l’URSS
en Europe de l’Ouest. Quant à Patron, comédie musicale, l’idée en était originale : au sein du
Ministère des Finances, il existe un véritable gang qui réalise de nombreux cambriolages pour renflouer
les caisses de l’État. Mais c’est une comédie musicale, genre particulièrement déprécié en France
à l’époque.
En ce qui concerne Louisiane, en 1961 la pièce connaît un véritable four, et l’auteur
prend sa revanche avec Les Maxibulles farce sans queue ni tête dans laquelle Jacques Dufilho,
le crâne rasé, pète des quatre fers, tient des propos invraisemblables, et est pour beaucoup dans
le succès de la pièce qui raconte une histoire d’amour sublimé par l’absence. Le spectacle dure
plusieurs mois. En 1960, Aymé fait un retour au roman avec Les Tiroirs de l’inconnu,
ouvrage en liberté, sans la chronologie du récit traditionnel, et contenant des monologues intérieurs
et des fragments de scénarios.

La Mouche bleue - décor de Georges Wakhevitch
Collection A.R.T.