Association de lalogoRégie Théâtrale  
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Quelques Pièces


LUCIENNE ET LE BOUCHER

Analyse

Compagne inassouvie d’un horloger chétif, Lucienne s’éprend de son voisin, le puissant boucher Duxin, homme naïf à l’âme de midinette. Envoûté par la sensualité dévorante de l’âme de l’horlogère, il ne songe qu’à la sortir du mauvais pas où elle s’est mise en tuant son minable mari et prend le cadavre à son compte. La police ne sera pas assez crédule et découvrira la vraie coupable.

Lucienne et le boucher de Marcel Aymé
Lucienne et le boucher
maquette reconstituée du décor de Jean-Denis Malclès

Collection A.R.T.


Critiques

« Nous sommes mal à l’aise pour rire au beau milieu de scènes presqu’intolérables. Si c’est de l’humour, je puis assurer à l’auteur qu’il faut le pratiquer autrement au théâtre et, pour être tout à fait franc, je lui déconseille de s’y attarder. Je ne crois pas qu’il ait le don ».
Jean-Jacques GAUTIER - Le Figaro

« Il y a dans la pièce de la force et de l’effort. Moins de verve que de volonté. Et une violence qui se gâte de grossièreté. Cela ne fait pas une pièce indifférente. Je lui rends justice et je n’aime pas cela ».
Robert KEMP – Le Monde

« J’ai toujours eu la plus vive amitié pour les livres de M. Marcel Aymé… C’est dire avec quelle sympathie, quelle amitié, quelle confiance je suis entré au Théâtre du Vieux Colombier… Eh bien, au sortir du théâtre, cette sympathie était devenue du respect, cette amitié de l’affection et cette confiance, une paisible assurance ».
Jacques LEMARCHAND - Combat

Lors de la reprise (septembre 1976)

« C’est presque tout le temps cocasse, et je reste étonné, à distance, de la maîtrise classique de l’auteur qui laisse entrevoir déjà la perspective du chef d’œuvre que sera, plus tard Clérambard… Que n’ai-je senti tout cela en 1948 ? Peut être étais-je encore un peu trop jeune ».
Jean-Jacques GAUTIER - Le Figaro

« La pièce tient drôlement bien le coup. Son innocence roublarde la sauve du temps. Nicole Anouilh l’enveloppe de la mise en scène qu’il faut : acide et claire, contournant le burlesque, dégustant la faille secrète d’un réalisme d’Épinal ».
Henri RABINE - La Croix

 


CLÉRAMBARD

Analyse

Vers 1910, en province, le Comte Hector de Clérambard, noble ruiné, oblige sa femme, sa belle-mère et son fils Octave à travailler comme des esclaves sur des métiers à tisser. Lui, fait la chasse aux chats et aux chiens pour les consommer à sa table. Un jour, Saint François d’Assise apparaît à Clérambard, lui reproche de tuer « ses frères les animaux » et ressuscite, semble-t-il, le chien du curé. Touché par la grâce, Clérambard pousse, de force, sa famille dans les sentiers de la vertu et de la charité franciscaines. Il décrète que son fils épousera La Langouste, fille publique de la ville voisine, plutôt que la laide héritière de l’avoué Galuchon. Le Comte finira par emmener tout son beau monde dans une roulotte pour aller mendier sur les routes.

Clérambard de Marcel Aymé
Clérambard, maquette originale de Jean-Denis Malclès
Collection A.R.T.


Critiques

« Clérambard » est de bout en bout une pièce extraordinaire, d’un accent, d’une saveur, d’une vigueur incomparable. Dieu ! qu’on s’y amuse, comme elle vous enchante et quel bien elle vous fait. Elle balaie d’un seul coup les conventions, les timidités, les faux semblants, le savoir-vivre, toutes les poussières. Elle plonge gaillardement au cœur des vrais problèmes et de la vraie humanité ».
Francis AMBRIERE - Opéra

« Les deux premiers actes sont excellents, vifs et savoureux. Oyez ce langage direct et cru. Le langage d’un enfant de Molière et de Courteline. Voilà du gros, du solide, du percutant comique. On ne peut pas avoir tout le temps un tact infaillible. Sa pièce, qui a la rudesse d’un fabliau, qui est de l’Henri Monnier au village, et où l’on reconnaît aussi la verdeur d’un Voltaire édifiant, a amusé le public ».
Robert KEMP - Le Monde

« J’étais à Clérambard et j’y ai ri de tout mon cœur avec le public, un peu moins aux plaisanteries anticléricales qu’aux autres, bien sûr, mais je nie qu’elles soient dans Clérambard les plus nombreuses… Mais il est vrai que le ricanement sur les choses saintes fait partie de notre héritage. Marcel Aymé, fils d’Anatole France, petit fils de Béranger, est préposé, en 1950, à ce ricanement ; chaque génération a l’Anatole qu’elle mérite ».
François MAURIAC - Le Figaro


LA TÊTE DES AUTRES

Analyse

Juliette, épouse du procureur Maillart, attend, chez elle, entourée de ses amis, le procureur Bert Olier et le ménage Andrieu, la fin d’un procès qui se déroule en ville. Elle est anxieuse car elle souhaite que son mari ait pu obtenir la condamnation à mort de Valorin. Maillard fait une entrée triomphale : il a obtenu la peine capitale. Bertolier décide d’emmener tout le monde chez lui pour fêter le héros. Maillard, resté seul quelques minutes reçoit Roberte, la femme de Bertolier, qui est aussi sa maîtresse. Mais un homme fait irruption dans la pièce, revolver au poing, c’est Valorin qui s’est échappé de la prison. Il reconnaît en Roberte la femme avec laquelle il s’ébattait dans un hôtel de passe alors que s’accomplissait le crime pour lequel il est condamné.

La Tête des autres de Marcel Aymé
La Tête des autres
Décor de Jean-Denis Malclès

photographie de la maquette
Collection A.R.T.


Critiques

«  La nouvelle pièce de Marcel Aymé est tout sauf indifférente. Ce sera, sans doute possible, un des ouvrages le plus passionnément discuté de cette saison. Il y a dans La Tête des autres une force comique indéniable et même irrésistible. Je ne parle pas seulement des dialogues, mais avant tout des situations, simplement, il est impossible de traiter la pièce comme un simple vaudeville. L’auteur lui-même n’a pas voulu que nous la jugions ainsi, peut être ne peut-on parler, à la rigueur, de satire de la magistrature, mais ce qui est certain, c’est que l’œuvre est, au plus haut degré « salissante ».
Gabriel MARCEL - Les Nouvelles Littéraires

« Marcel Aymé vient d’écrire une pièce admirable qui a deux avantages. Elle est aussi drôle que possible et nous imaginons sans peine que notre rire se poursuivra au cours des siècles. Par là même elle est classique. Elle est utile dans un pays qui a perdu le goût de la liberté, elle nous console par sa violence, c’est ce qui la rend indispensable aux spectateurs de 1952.
Roger NIMIER - Opéra

« Je suis sorti de l’Atelier plein de tendresse, de pitié filiale pour la Magistrature Assise, en dépit des faiblesses que je sais. On n’a pas le droit, français, de ne montrer que des magistrats sans conscience, faisant joyeusement couper des têtes, de dire que leurs femmes sont des gourmandes de guillotine et que leurs petits enfants voudraient faire sauter, dans leur berceau, les têtes décollées par « l’éloquence de leur papa »... De la magistrature, l’auteur passe aux gouvernements. Il s’ébat dans une ordure qu’il a créé à plaisir. Le suintement devient une inondation. Bref, J’EXECRE ».
Robert KEMP - Le Monde

« M. Marcel AYMÉ est un auteur à bile. Il ne porte pas le régime dans son foie, et ça lui coupe tous ses moyens. Il a une vieille dent contre lui. Une dent gâtée. Ça se sent. On s’attendait, d’après les premières répliques à une vigoureuse satire contre la justice. On ne devait avoir qu’un outrage à magistrats ».
TRENO - Le Canard Enchaîné

 

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