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Auteur décrié, écrivain reconnu
À quoi bon s’entêter à faire l’auteur quand on est incompris, quand la direction de l’O.R.T.F. en appelle à votre talent et vous charge de transformer la radio, en une source de communication et non plus seulement en un moyen de diffusion. ! Pourquoi perdre son temps ? C’est une question de bon sens !
Pendant sept ans, mise à part une courte pièce Ai-je dit que j’étais bossu ?, montée en 1981 par Roger Blin au Petit Montparnasse. Billetdoux déserta les scènes et les coulisses. « Si je me suis arrêté de produire des œuvres nouvelles, c’est comme un compositeur auquel on aurait interdit l’accès à l’instrumentalisation et qui en outre se serait fait trop souvent rabrouer parce qu’il tape comme un sourd sur le piano ».
Chevalier de la Légion d’honneur en 1975, Billetdoux fut nommé vice-président, puis président de la Société des Gens de Lettres. Très à l’écoute de ses confrères il s’efforce de défendre et de développer leurs droits face au Ministère. Homme d’innovations, il fonde la Société Civils des Auteurs Multimédias ( S.C.A.M.) accepte le poste de vice-Président du Conseil Permanent des écrivains et devient membre coopté de la Commission Nationale Française de l’U.N.E.S.C.O.
Lorsqu’en 1979, Pierre Dux prend sa retraite d’administrateur de la Comédie Française, le poste est proposé à François Billetdoux. Il refuse. Il n’a pas l’âme d’un conservateur. Exalter et chouchouter les œuvres d’auteurs morts ne l’intéresse pas.
En 1986, le vieux démon du théâtre réapparaît plus tentateur que jamais sous la forme du comédien Claude Rich. Billetdoux finit par se laisser convaincre et reprend sa plume de « pauvre griot du monde occidental ». Son nouvel ouvrage s’appelle Réveille-toi Philadelphie , c’est, une fois encore, un conte, l’histoire d’une petite fille qui rêve du loup-garou et de son père, un doux fada sans mémoire. Rich donne le manuscrit à Jorge Lavelli , nouveau directeur du Théâtre de la Colline. Ce dernier s’enthousiasme et décide de monter la pièce à juste raison car le succès remporté est exceptionnel : « Quelle langue !, quelle fantaisie ! , quelle audace ! quelle jeunesse ! » s’exclame Armelle Héliot. L’auteur sera couronné par le Prix du Syndicat de la Critique Dramatique et Musicale et le Prix de la Littérature Dramatique de la Ville de Paris, récompense reçue des mains du maire sous les ors de l’Hôtel de Ville. Le Molière du meilleur auteur lui sera attribué lors de la cérémonie de 1989.
Le Monde 13 octobre 1988
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