7
Les adieux
André Roussin quittera la scène le 3 novembre 1987, pendant les représentations de sa dernière pièce La Petite chatte est morte. Si son décès a donné lieu à de très nombreux articles, il n'en a pas été de même pour cette œuvre ultime, dont l'annonce n'a pas suscité grand intérêt, et qui a été créé le 6 octobre 1987 Salle Gaveau, où elle a rencontré un accueil sympathique et connu une carrière honorable. Comment expliquer l'indifférence rencontrée à l'annonce de sa création qui n'a pratiquement pas été couverte par la presse ? Est-ce le silence de six ans après La vie est trop courte – pièce elle-même succédant à neuf années non productrices- qui justifie ce désintéressement envers celui qui avait fait représenter trente pièces ayant presque toutes connues d'éclatants succès, jouées plusieurs années des suite avec souvent plus de mille représentations ?
Sic transit…
Dans La Petite chatte est morte, que l'auteur tenait pour un simple divertissement sur la difficulté d'aimer sans être aimé en retour, Roussin imagine qu'Arnolphe, qui a tué Agnès, passe en justice et, dans le procès, tous les témoignages pour ou contre Arnolphe sont tirés du texte de Molière. Les avocats se battent à coups de citations. Certaines sont accablantes, d'autres permettent de plaider la folie.
Jacqueline de Romilly, dans son discours à l'Académie Française lors de son élection au fauteuil d'André Roussin, a précisé : « Il est émouvant que cette œuvre dernière soit un hommage à Molière, qui a été de tout temps l'auteur favori de Roussin ».
Roussin a consacré avec enthousiasme, pendant les nombreuses années qui l'ont éloigné du théâtre, son temps à la peinture : « J'étais un peintre du dimanche qui peignait sept jours par semaine ». Ses toiles, malheureusement, ne connaîtront pas la gloire de ses pièces.
André Roussin a été sans conteste la plus grande révélation de l’Art Dramatique dans l’immédiat après-guerre. Il sera l’un des plus féconds et représentatifs d’un théâtre de divertissement auquel il avait su imprimer un style léger et fantaisiste, et qui ne cessera de divertir sans abêtir.
L'avenir dira quelle sera la place de Roussin dans l'histoire de la dramaturgie, lui qui disait : « Les français estiment que le rire n'est pas sérieux, et ils attendent que les auteurs de comédie soient morts, parfois depuis longtemps, pour les mettre à leur vraie place. ».
André Roussin a été élu en avril 1973 à l'Académie Française au fauteuil de Pierre-Henri Simon
Il a été président de la société des auteurs de 1982 à 1984.
Allusion à la célèbre réplique d'Agnès dans l'École des femmes : Le petit chat est mort.
« …Molière, et plus près de moi Sacha Guitry qui écrivait, dirigeait une salle, jouait ses pièces. Pour moi, il était tout le théâtre » André Roussin
Haut de page