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Quelques pièces
LES ŒUFS DE L’AUTRUCHE
Analyse
Hippolyte, bon époux, bon citoyen, découvre soudain qu’il a mis au monde deux rejetons par trop à la page, puisque l’un dédaigne visiblement les femmes, et que l’autre accepterait volontiers qu’elles le fassent vivre. Mais son indignation s’apaise, et il s’incline devant cette situation dès qu’il entrevoit le moyen d’assurer l’avenir de l’aîné grâce aux largesses de la protectrice du second.
Critiques
« Le talent de M. Roussin s’épanouit à chacune de ses pièces. Chaque fois il y met plus d’observation. Chaque fois aussi son ouvrage est plus habilement construit, la donnée plus audacieuse, la cocasserie plus grande, le dialogue plus serré et plus significatif. Bravo Roussin, voilà de la bonne comédie ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro
« André Roussin est le seul de nos auteurs comiques qui se soit décidé à faire rire sans vulgarité, sans prétention, sans bassesse, le public ».
Jacques Lemarchand - Combat
« Becque, Mirbeau, Courteline, s’ils avaient été là l’autre soir, eurent pu reconnaître en M. Roussin un artiste de leur rang ».
Edmond See - Paris-Normandie
« Si, dans La Petite Hutte l’étude du triangle peut être mise au comble de la situation, Les Œufs de l’Autruche, pièce incomparablement meilleure, est une véritable peinture de mœurs ».
Elsa Triolet - Les Lettres Françaises
LA PETITE HUTTE
Analyse
Accompagnés de leur ami Henri, Philippe et sa femme Suzanne étaient les passagers d’un paquebot qui a coulé. Naufragés tous trois dans une île, il est difficile à Henri et Suzanne qui sont amant et maîtresse, de s’isoler. Ils prennent donc le parti de tout avouer à Philippe.
Critiques
« J’ai ri pendant toute la représentation, sans retenue, sans souci, en les oubliant tous : les contributions involontaires non exceptionnelles, la CGT et ses schismes, la bizone et autres balivernes. Or, il ne faut pas bouder les contes légers quand ils sont bons, le vaudeville s’il nous détend et l’inconscience du moment qu’elle se présente sous les apparences très charmante, très comestible et très intelligente de Melle Suzanne Flon ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro
« Je suis bien content de m’être tant plu à La Petite Hutte. Et de m’être senti d’accord avec une salle qui - pour une fois - riait juste, abondamment, régulièrement et très sainement dramatiquement. J’imagine que Sarcey eût parlé plus longuement de ce spectacle, de cette pièce, de cet auteur, de ces acteurs, de ce public. Il en avait le temps, nous ne l’avons pas. Et il est bien hypocrite celui qui s’en indigne ».
Jacques Lemarchand - Combat
« Enfin une pièce amusante ; on en croyait la race presque éteinte… En somme trois et une qui, pour une fois ont presque de l’esprit comme quatre ».
André Franck - Le Populaire
« …Ce vaudeville tropical qui aspire au conte philosophique, est cependant dénué de toute prétention. Il est vif, plaisant et prestement enlevé ».
Gustave Joly - L’Aurore
LE MARI LA FEMME ET LA MORT
Analyse
C’est l’histoire d’une femme qui veut, mais n’arrive pas à faire tuer son mari, malgré toutes les combinaisons échafaudées, et l’argent remis à un tueur défaillant.
Critiques
« Ce qui frappe, c’est la multiplicité d’un tel ouvrage : pièce à suspens, à sensation, pièce policière sans policier, pièce à effet, pièce fait-divers, étude de caractère, pièce burlesque, comédie conjugale et tableau satirique de mœurs très humaines ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro
« Sombre et classique histoire. André Roussin, qui n’est pas né d’hier, sait qu’on peut faire rire avec la mort, et comment. Si Arlette tuait Sébastien, ce serait un drame. Puisque ses attentats ratent à chaque coup, c’est une comédie. Pour nous en persuader, il n’est que de regarder les comparses de l’histoire. Ce ne sont pas les spectres d’une danse macabre, mais bien les marionnettes d’un vaudeville où rien, on le devine tout de suite, ne tirera à conséquence, où les situations les plus dramatiques se dénoueront sur une pirouette, où les mauvais coups éclateront dans le vide, où tout sera bien qui finira bien ».
Dominique Jamet - L’Aurore
« On croit qu’il est simple de pousser à l’eau un mari candide qui a la manie d’aller à la pêche. Pas du tout. Et la drôlerie de la pièce est là. Nous ne sommes ici ni chez August Strindberg ni chez Swedenborg, mais chez Roussin. Et nous passons la soirée à rire. Tuer sa femme ou son mari est très banal. Tous les criminologistes vous le diront. Mais rater l’opération à chaque fois, malgré toutes les combinaisons échafaudées, ne tarde pas à devenir vaudevillesque et à provoquer la plus franche hilarité ».
Jean Mara - Minute
LORSQUE L’ENFANT PARAIT
Analyse
Un chef de famille apprend que sa femme est enceinte, bien qu’elle ne soit plus de la première jeunesse, et se trouve également confronté à une succession d’annonces du même type de la part de son fils, du grand père et de la femme de chambre. L’homme, étant ministre de la famille, se demande comment faire face à cette situation, craignant d’être la risée de la presse et du gouvernement.
Critiques
« La scène où le ministre de la Famille cède à la tentation d’escamoter l’enfant à naître parce que les railleries que cette naissance tardive suscitera risquent d’affaiblir sa situation parlementaire et donc de porter atteinte aux idées dont il est le soutien, cette scène-là est la meilleure comédie de tous les temps, et Molière ne l’eut pas désavouée… Et puis l’authentique gaieté baigne et réchauffe tout cela de bout en bout et c’est si rare ».
Dussane - Samedi Soir
« À partir de cette coïncidence regrettable (la future paternité de Charles Jacquet coïncide avec celle de son fils Georges) s’enchaînent les quiproquos, les surprises, les étonnements, les retournements de situation, les combinaisons dramatiques, les scènes toutes valables, toutes naturelles, toutes vraisemblables, toutes admissibles et, disons-le, toutes extrêmement comiques ».
Jean-Jacques Gautier - Le Figaro
« J’ai ri des mille et une gauloiseries que l’auteur, moliériste dans l’âme, a inventé la dessus. Il est fertile en bons mots : son dialogue pétille comme la bûche de Noël. C’est alertement tricoté, il ne manque pas une maille… La salle était en joie ».
Robert Kemp - Le Monde
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