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Rentrée et départ définitif de Dullin

L’Archipel Lenoir fut créé au Théâtre Montparnasse le 8 novembre 1947. Salacrou s’expliqua clairement sur le sens qu’il avait voulu donner à sa pièce et les conditions dans lesquelles elle avait été montée : « … crise au sein d’une famille de très riches bourgeois, le fait social est tout puissant, le poids de l’argent plus lourd, l’obligation de respecter une apparence de respectabilité plus exigeante… Lorsque la catastrophe arrive, la famille se dévoile, chacun de ses membres se découvre isolé dans ses intérêts. Ce n’est plus une cousine, un beau-frère, un gendre, c’est une petite Ile aux intérêts bien délimités. La famille Lenoir, c’est un archipel… l’Archipel Lenoir… Avec Dullin, nous nous rencontrons souvent. Il est las, il est triste. Il n’a plus de Théâtre et personne ne fait appel à lui Sans le dire, avec quelle tendre impatience, il attendait un signe de Paris. Personne ne lui fit ce signe, jusqu’au jour où je rencontrais Baty. Lui, aimait Charles. Je lui parle de L’archipel Lenoir. Donnez-moi votre pièce à lire. Le lendemain, au téléphone : Naturellement c’est un rôle pour Charles. Allez voir Marguerite. J’allais voir Marguerite Jamois qui était devenue la véritable directrice du Théâtre Montparnasse. Après la lecture du manuscrit, elle accepta de monter L’Archipel; elle ne posait que deux conditions : Charles Dullin mettait en scène lui-même et elle demandait à jouer, ne fut-ce qu’à la générale, un petit rôle de la pièce, au besoin un rôle muet, désirant être présente sur la scène de son théâtre pour accueillir celui qu’elle considérait toujours comme son maître » .

La pièce fut très bien accueillie et Charles Dullin connût un triomphe.

"l'archipel lenoir"
L'Archipel Lenoir
Coll. part.

Le même sujet, satire de la haute bourgeoisie, a été traité par Marc-Gilbert Sauvajon en 1951 avec Tapage Nocturne : un vieillard qui tyrannise les siens, a voulu serrer de trop près sa jeune secrétaire qui l’a proprement envoyé ad patrès. Une telle fin risque de faire trembler l’édifice de la famille Varescot (on serait tenté d’écrire de l’Archipel Varescot). Si, dans la pièce de Sauvajon, on ne voit pratiquement pas le vieillard, dans celle de Salacrou, il n’est pas trucidé, et reste présent durant toute la pièce.

Après les représentations au Théâtre Montparnasse, la pièce partit trois mois en tournée sous l’égide des Galas Karsenty et fut reprise ensuite au Théâtre de Paris du 29 mars au 24 avril 1949. En novembre, Dullin était hospitalisé à Saint-Antoine et mourait le 11 décembre 1949, emporté par une crise d’urémie. Pour Salacrou, le départ de Dullin fut le désastre de sa vie: « Dullin part, un grand vide s’est fait en moi. Je suis comme râclé » .

Ch. Dullin et A. Salacrou
Ch. Dullin, M. Jamois, directrice du Th. Montparnasse et A. Salacrou
(photo DR)
Coll. part.

Poof, satire de la publicité fut écrit par Salacrou au moment où il créait sa société de publicité : « Je l’avais recommencée plusieurs fois, en 3 actes, en 5 actes, sans entr’acte… Avec le désir de m’expliquer, je débouchais sur des monologues au public qui faisaient hocher la tête à tous les directeurs de ce temps-là… ». La pièce est oubliée. Jusqu’à ce jour de 1947 où Marguerite Jamois demande à sa secrétaire de faire de l’ordre au théâtre Montparnasse.

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