Association de lalogoRégie Théâtrale  

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Paris

Naissance d’un jeune anarchiste

Cette fois, les Adamov émigrent pour une dernière destination. Ils s’installent définitivement à Paris dans le XVème arrondissement.
Arthur est inscrit au lycée Lakanal. Il a 16 ans. Il se sent attiré par un autre garçon. Il n’est pas le seul à connaîtrwe les amours phalliques. Un scandale éclate, la moitié des grandes classes est renvoyée dans ses foyers. Il est mis à la porte. C’en est fini de ses études. Arthur n'a plus q'un désir: rejoindre le clan des artistes russes, exilés à Montparnasse.


Brasserie du Dôme 1925
Coll. part.

Adamov se sent une âme de romancier, de journaliste, de poète, d'auteur dramatique, peu importe. Il sera un nouveau révolutionnaire des lettres. Son premier article intitulé « Vive l’Anarchie » publié dans un organe confidentiel, L’En-Dehors, le comble de la fierté. Un insurgé se doit d’être reconnu à sa mise dépenaillée. On ne lui ferait pas porter un autre pantalon que celui qu’il a volontairement déchiré au genou et la chemise sans bouton qu’il croise sur sa maigre poitrine.

Il écrit des poèmes surréalistes. Il les envoie à Paul Eluard. Ce denier l’invite au café de la rue Blanche pour y rencontrer André Breton et Louis Aragon. Il ne manque plus à Arthur que la fréquentation d’une femme pour se sentir un véritable poète. Le meilleur moyen d'approcher les filles serait de faire du théâtre, pense-t-il. Avec un camarade ils louent le Studio des Ursulines. Les comédiens,Tania Balachova et Raymond Rouleau participent à l’aventure. On répète trois courtes scènes, l’une de Ribemont Dessaignes, une autre signée d’un anonyme, et la troisième d’Arthur : Mains Blanches. Elle ne dure que quelques minutes : « Une fille montée sur une chaise prend la main d’un garçon, monté sur une autre chaise, la lâche, la reprend ». Ce morceau d’acte annonce déjà le théâtre de la Séparation.

Le 23 août 1927, Paris est en ébullition. On manifeste en faveur des condamnés à mort, Sacco et Vanzetti. Arthur n’est pas le dernier à crier « À bas l’Amérique, À bas la France, Vive Trotski  », et il finit sa soirée au poste de police.

caricature
Arthur Adamov
Coll. part.

La vie à Montparnasse, premières conquêtes amoureuses.

Désormais, Adamov passe ses journées et la plupart de ses nuits au célèbre café du Dôme. Dans un épais nuge de fumée, au milieu des tables rapprochées, les soucoupes s’accumulent sous des journaux imprimés en toutes langues, des brochures de poèmes, des pages de manuscrits maculés par des tâches de vins rouge, de liqueurs et de cafés crème. On discute poésie, peinture, politique, on s’étreint, on se gifle, on s’embrasse, on crie si fort que personne n’entend personne. C’est dans ce brouhaha qu’Arthur fera la connaissance de Georges Neveux, Jacques Prévert, Roger Vitrac, Antonin Artaud, Roger Blin, Roger Vaillant flanqué de sa maîtresse Marianne Lambs. C’est là qu’il connaîtra ses premières amours. Irène, tuberculeuse, aux yeux brillants de fièvre qui refuse de se soigner et recherche, à travers l’amour charnel, l’extase la menant à Dieu. Puis Huguette, au visage exagérément pâle, à la tête rasée, au regard fixe, elle semble sortie de l’enfer et envoûte son amoureux et le séquestre.

Un drame familial délivrera le jeune homme de cette folle : en janvier 1933, Arthur apprend le suicide de son père, par empoisonnement au gardénal. Une dette de jeu plus sévère que les autres l’a condamné à mort. Arthur se sent coupable de la mort de son père. Il n’a pas su l’aimer comme il aurait dû.

Après quelques mois de dépression Arthur retourne à ses amours passagères. Après Gisèle, on le voit au bras d’une sculptrice allemande M. Oppenheim. La liaison tourne court, bientôt la jeune femme retourne dans son pays.

Peu à peu, pour Arthur, Montparnasse perd de son charme Il ressent le besoin de voyager. Il se fait inviter au Portugal, puis en Slovénie Il apprend qu’à la frontière hongroise il existe un hôtel de passe très accueillant ; il s’y rend. Son séjour parmi les filles lui redonne le goût de vivre.

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