Gabriel Aroutcheff est né en Russie le 28 janvier 1909, au nord de la mer Noire, d'un père ingénieur d'origine arménienne. Sa famille émigré en France en 1921. Il est inscrit au collège Carnot de Fontainebleau où son professeur de lettres lui donne le goût de la littérature. Il entre ensuite à Louis le Grand et à la Sorbonne où il obtient une licence de lettres.
Entre 1929 et 1933, il écrit deux romans La Morgue et Rase Campagne qui ne seront jamais publiés, et donne libre cours à sa passion des voyages, son rêve ayant été de devenir explorateur. En side-car avec un ami aviateur, il visite la Syrie, la Grèce, l'Egypte, l'Italie. Il va de Paris au Golfe Persique en traversant le désert d'Arabie. Son reportage sera publié plus tard dans L'Auto. À Téhéran, II rencontrera les troupes anglaises d'occupation, ce qui lui fournira le sujet de sa pièce Le Bal du Lieutenant Helt.
Il devient ensuite débardeur, téléphoniste, porteur en gare, ouvrier agricole, rédacteur en chef d'un journal éphémère, secrétaire d'un politicien égyptien. Il revendiquera toutes ces expériences comme très utiles pour son futur travail d'écrivain et déclarera : « Mon école a été la vie, la fréquentation des gens, des bêtes, des choses ».
De taille moyenne, il était bâti comme un cosaque. Râblé, d'une large carrure, le crâne rasé, il évoquait un bûcheron des Carpates ou un lutteur de foire. Mais son allure presque souveraine et placide, son accent slave, rocailleux et quelque peu chantant, révélaient une quiétude et une douceur qui contrastaient avec son physique.
En 1935, il écrit sa première pièce Orphée ou la peur des miracles, s'inspirant du chagrin d'un ami qui vient de perdre sa femme. Il se reconnaît en effet deux sources d'inspiration : la mythologie et Dostoïevski. Dans cette pièce, Orphée se retourne sur Euridice parce qu'il ne croit pas au miracle. À son insu, un ami envoie la pièce au jury d'un des nombreux prix littéraires chargés de couronner dans les années 36, un jeune auteur. Arout remporte le premier prix, mais son ouvrage comportant 37 personnages et 7 décors n'est reçue par aucun directeur. Il écrit alors une pièce aux dimensions plus modestes Le Nœud Gordien qu'il adresse à Pierre Fresnay, mais la guerre met fin à ce projet.