Sollicité par plusieurs directeurs de théâtre, Édouard donna sa démission à son bureau et entreprit un second chef d'œuvre. Malheureusement l'inspiration ne vient pas quand on la siffle. Un premier ouvrage fut refusé. Édouard s'attaqua alors à la construction d'un roman mais l'abandonna dès la fin d'un premier chapitre. Comme c'est compliqué d'avoir du talent se désespérait-il. Il était malheureux, mal dans sa peau, ne sortait plus, tournait en rond comme un lion en cage dans son appartement. Catherine ne supportait pas l'inaction de son mari qu'elle prenait en grippe. Les scènes succédaient aux scènes. Enfin une seconde pièce fut acceptée et Édouard signa un nouveau contrat avec le directeur du Théâtre Michel. La Cage ouverte, dont le premier titre était Sans douleur, fut mise en répétition. Il s'agissait d'un mari qui trompait son épouse, la femme qu'il aimait n'acceptait de devenir sa maîtresse que le jour il aurait divorcé. Or l'épouse était également infidèle, alors La Cage était ouverte, mais tout n‘était pas si facile...
La pièce fut montée avec grand soin : distribution de choix, belles maquettes, publicité onéreuse. Absorbé par les répétitions, la réalisation des décors et des costumes, Édouard, un fois encore était incapable de penser à autre chose qu'à son spectacle. On lui avait crié casse-cou : « Attention danger ! après un premier succès, vous êtes attendu par une horde de critiques, comme au coin d'un bois… ». L'avertissement se confirma au soir de la Répétition Générale. Le public et la critique furent déçus. Il leur apparaissait que l'auteur exploitait toujours le même filon : un couple mal assorti sur le plan physique. Outre son sujet quelque peu défloré, la pièce ne se montrait ni assez grave, ni assez légère. Édouard, désespéré, se doutait que le directeur de théâtre ne garderait pas longtemps le spectacle à l'affiche. Coup du sort ou coup de chance, la vedette Mona Delza fut frappée d'une appendicite foudroyante. On arrêta le spectacle, faute de combattant. L'honneur de l'auteur était sauf.
À la maison, l'ambiance était particulièrement tendue. Catherine se libérait par l'écriture de son journal : « Un homme, qui à vingt-cinq ans ne va nulle part ! Nous sommes mariés depuis quatre ans : il a travaillé un mois pour Le Rubicon, deux mois à La Cage ouverte et c'est tout, trois mois en quatre ans, trois mois d'effort véritable. Aussi... Prendre un journal, le laisser. Tripoter un objet, le poser. Faire un tour de la pièce, en sortir. Acheter quelque chose, voir un ami. En revenir pour prendre un journal le laisser, tripoter un objet, le poser. Faire le tour de la pièce, en sortir… ». Jugement sévère !
Les semaines, les mois passaient. Catherine attrapa une pleurésie qui déclencha une tuberculose latente. À partir de ce jour-là, il ne fut plus question pour elle qu'Édouard l'approchât. Ils vivaient dans le même appartement en se haïssant cordialement. Catherine détestait les amis d'Édouard qu'elle jugeait vraiment vulgaires et méprisables. Édouard se plaignait de l'humeur de sa femme. Elle n'était pas l'épouse qu'il aurait souhaitée. Il lui aurait fallu quelqu'un, qui aurait aimé s'amuser et l'inspirer et non cette malade, lectrice de Nietzsche et de Bergson et dont ses amis disaient qu' « elle était une tête de mort sur une arête de poisson ».
À l'automne 1913, la mauvaise santé de Catherine l'obligea à suivre une cure en sanatorium. Édouard, alors, reçut une lettre incendiaire de son beau-père. Fort déçu, Samuel Pozzi, en avait assez de la paresse de son gendre qui, de surcroît, rendait sa fille malheureuse.