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La découverte du monde

Élève du lycée Louis le Grand, l’adolescent obtint son baccalauréat philo. Il avait fait la connaissance de l’élève Romain Rolland, grâce auquel il découvrit les joies de la musique classique, Beethoven et Wagner. Par contre, ni l’un ni l’autre des deux garçons n’appréciaient le lycée : « L’atmosphère malsaine du lycée, cette caserne d’adolescents en rut (...) me soulevait le cœur. La lutte pour la vie commençait, imposée sur les épaules débiles d’un petit bonhomme de quatorze ans ! » 1

Ses études secondaires terminées, Paul s’inscrivit à l’école des Sciences Politiques. C’est alors qu’il découvrit l’ouvrage d’Arthur Rimbaud : Les Illuminations. Ce fut, pour l‘adolescent, une révélation : «  Je sortais enfin de ce monde hideux de Taine, de Renan et des autres Moloch du dix-neuvième siècle, de ce bagne, de cette affreuse mécanique entièrement gouvernée par des lois parfaitement inflexibles et, pour comble d’horreur, connaissables et enseignables. J’avais la révélation du surnaturel. » 2

À son tour Paul sentit le besoin d’écrire. Certes, coucher sur une feuille blanche ce que lui inspirait son imagination était une tâche passionnante, mais insatisfaisante. Son cœur était en manque.

La conversion

« Tel était le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. Je commençais alors à écrire et il me semblait que, dans les cérémonies catholiques, considérées avec un dilettantisme supérieur, je trouverais un excitant approprié et la matière de quelques exercices décadents. C’est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j’assistais, avec un plaisir médiocre à la grand-messe. Puis, n’ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. Les enfants de la maîtrise, en robe blanche, étaient en train de chanter, ce que je sus plus tard être, le Magnificat. J’étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l’entrée du chœur, à droite du côté de la sacristie. Et c’est alors que se produisit l’événement qui domina toute ma vie. En un instant, mon cœur fut touché et JE CRUS... » 3

Qui mieux que Claudel pouvait décrire le miracle divin dont il fut le bénéficiaire ?

1 Texte de Romain Rolland dans ses Mémoires 1940
2 Correspondance entre Paul Claudel et Jacques Rivière 1907-1914
3 Paul Claudel Ma conversion Revue de la Jeunesse 1913

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