En 1933 Claudel, contacté par le célèbre metteur en scène allemand Max Reinhardt, écrivit, à l’intention de ce dernier, un drame lyrique en deux parties : Le Livre de Christophe Colomb sur une musique de Darius Milhaud. Après maintes tergiversations, M. Reinhardt abandonna le projet. Toutefois, l’ouvrage fut représenté à l’opéra de Berlin, le 30 juin 1930. Le spectacle connut un grand succès. Retravaillé, néanmoins, par son auteur Le Livre de Christophe Colomb devint bientôt une œuvre expérimentale faisant appel à la fois au théâtre, au cinéma, à la musique et à la pantomime. Elle fut montée par Jean-Louis Barrault au théâtre Marigny puis reprise en 1960 à l’Odéon Théâtre de France.

Décor de Max Ingrand pour Le Livre de Christophe Colomb au Théâtre Marigny - 1953
in Les Décorateurs de Théâtre
Coll. Vincent Parot
Cinq années plus tard, s’inspirant d’une légende hébraïque, Claudel inscrivit le mot « fin » à l’un de ses derniers ouvrages dramatiques, en trois actes : L’Histoire de Tobie et de Sara. Le personnage de Dieu, invisible mais toujours présent, tenait le rôle principal de la pièce. Devant le désespoir du vieux Tobie devenu aveugle et de la jeune Sara dont les sept époux successifs avaient été assassinés au soir de leurs noces successives, il avait envoyé sur terre, l’archange Raphäel. Ce dernier permit la guérison de l’aveugle et facilita un mariage heureux entre le jeune Tobie, fils de l’ancien, et Sara.
Comme pour Le Livre de Christophe Colomb le spectacle avait fait appel à la comédie, à la danse, au mime, à la poésie, à la musique, sans oublier un rappel du No japonais. Ce fut au premier festival d’Avignon, en 1947 que Maurice Cazeneuve monta l’ouvrage avec, dans les principaux rôles Jean Vilar et Jeanne Moreau.
Après avoir espéré, à plusieurs occasions, que la Comédie Française inscrirait à son programme une reprise de L’Annonce faite à Marie, Paul Claudel, désabusé, finit par accepter que ce soit le Théâtre de l’Élite qui affichât sa pièce. Pour remercier Jacques Hébertot, Paul Claudel retravailla son texte et lui dédicaça son nouveau manuscrit.
L'Annonce faîte à Marie au Théâtre Hébertot en 1948
Paul Claudel entre Hélène Sauvaneix, Jacques Hébertot et Alain Cuny
in Jacques Hébertot le Magnifique d'Antoine Andrieu-Guitrancourt et Serge Bouillon
(photo Roger-Viollet)
Coll. Vincent Parot
Comble d’honneur, le 12 mars 1948, la reine Elisabeth de Belgique assista à la première représentation de Gala. Le spectacle connut un succès certain et mérité tant par les dialogues que par l’interprétation des comédiens. Il n’empêcha qu’au soir de la dernière séance, le 10 mai 1948, Claudel écrivit dans son journal que « Les représentations de L'Annonce n’ont pas répondu à mes espérances du point de vue succès. Tout de même, l’œuvre a été pour la première fois réalisée telle que je le désirais du point de vue de la mise en scène et de l’interprétation ».

L'Annonce faîte à Marie
Hélène Sauvaneix
(photo Lipnitski)
fonds Hélène Sauvaneix
Collections A.R.T.
Jacques Hébertot avait ainsi désigné son théâtre