LA VILLE
Pièce en trois actes, écrire en 1895, éditée au Mercure de France en 1901, et créée le premier décembre 1955, au Théâtre National Populaire (T.N.P.), après avoir été présentée la même année aux festivals de Strasbourg et d’Avignon, interprétée par Georges Wilson, Philippe Noiret, Maria Casares, Jean Vilar, Alain Cuny, Jean-Pierre Darras, Jean Topart, Roger Mollien, Jean-Paul Moulinot, Lucien Arnaud. mise en scène Jean Vilar, décors de Léon Gischia, musique de Maurice Jarre.
Argument
Lors d’une grave crise économique, La Ville, dirigée par les frères Bresme, l’un ingénieur, l’autre politicien, est la proie d’un inquiétant soulèvement de la part de son personnel. Une révolution éclate, La Ville est détruite. Un nouveau gouvernement souhaite la reconstruire, mais sur quels principes s’appuyer ? C’est alors que le poète Cœuvre, devenu évêque, affirme que le seul principe à respecter c’est la présence de Dieu.
Critiques
« Rares beautés... Fragments superbes ... ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro 6 décembre 1955
« Luxuriante poétique, inouïe comme une gigantesque symphonie ».
Gabriel Marcel Les Nouvelles littéraires 8 décembre 1955
« Claudel peint La Ville comme un être vivant plus ou moins monstrueux. Et ne nous plaît guère la résolution théocratique dont notre jeune théoricien couronne son poème et à laquelle un phalangiste de Franco souscrirait des deux mains ».
Georges Lerminier Le Parisien libéré 5 décembre 1955
« Un spectacle comme celui-là, c’est un titre de gloire pour un pays ».
Morvan Lebesque Carrefour 7 décembre 1955
« La condition servile de l’ouvrier d’usine est précisée avec une lucidité stupéfiante. Tout est en suspend. On attend le coup fatal. La pièce ne lâche plus celui qu’elle empoigne ».
Pierre Marcabru Arts 7 décembre 1955
« Tout d’abord une question se pose : une œuvre difficile comme La Ville a-t-elle sa place au répertoire d’un théâtre populaire ? On n’a pas attendu les représentations de Paris pour faire grief à Vilar de son choix. Pour moi, je réponds tout de suite « oui » (...) Le T.N.P. ne s’intitule pas le Théâtre National Ouvrier , mais au contraire, parce ce que les grandes œuvres même difficiles s’adressent à tous. Le public ouvrier s’il risque assurément de mal accueillir La Ville, c’est moins pour des raisons d’intelligibilité que parce que Claudel, abordant les problèmes sociaux et bâtissant la cité future, propose une solution théocratique et suggère des images trop évocatrices du fascisme ».
André Alter Témoignage Chrétien 9 décembre 1955.
LE SOULIER DE SATIN
ou
LE PIRE N'EST JAMAIS SÛR
Pièce en trois actes et trente trois tableaux, créée à la Comédie Française, le 27 novembre 1943, interprétée par Pierre Dux, Marie Bell, Jean-Louis Barrault, Jean Yonnel, Aimé Clariond, André Brunot, Madeleine Renaud, Henriette Barreau, Mary Marquet, Jacques Dacqmine et une nombreuse figuration parmi laquelle Juliette Greco, mise en scène Jean-Louis Barrault, décors Lucien Couteau.
Analyse
L’action se passe sous la Renaissance espagnole, du temps des conquistadors. Un jeune capitaine Don Rodrigue et Dona Prouhèze, l’épouse d’un vieux juge, tombent follement amoureux l’un de l‘autre. Consciente que son amour n’est que pêché, Dona Prouhèze dépose, aux pieds d’une statue de la vierge Marie, un de ses deux souliers de satin, en lui adressant cette prière : « Quand j’essaierai de m’élancer vers le mal que ce soit d’un pied boiteux... » Finalement, elle a le courage de renoncer à Rodrigue. Leur sacrifice commun ne fait que sublimer leur amour. Au cours d’une bataille entre l’Espagne et le Maroc, Dona Prouhèze est blessée à mort. Pendant les longues années qui lui restent à vivre, Rodrigue, détaché du monde, ne vit plus qu’avec Dieu.
Critiques
« S’il est vrai que les tragédies de Racine correspondaient dans l’ordre esthétique aux jardins de Le Nôtre et au génie de Louis XIV, Le Soulier de satin s’harmonise parfaitement aux à la politique de Vichy ».
Alain Laubreaux Revue des Beaux-arts décembre 1943
« Nous avançons en enfants perdus dans cette forêt de mots avec la simple conscience d’aimer les arbustes que nous pouvons atteindre de la main et l’espérance des plus hauts sommets. Mais soudain , un discours admirable éclate dans l’imbroglio de sbires et d’espagnols... ».
François-Charles Bauer ( futur François Chalais ) Écho de la France 4 décembre 1943
« Ce grand poème mystique, malgré certaines obscurités, parvient à nous empoigner, à nous jeter vers ce monde dans lequel on ne peut pénétrer que par une porte étroite ».
André Castelot La Gerbe 9 décembre 1943
« Peut-être le seul reproche que l’on puisse faire à cette animation scénique, c’est d’avoir été quelquefois séduite par l’étonnante variété de registres d’une œuvre qui aurait dû s’imposer que par sa seule force nombreuse et son ample densité ».
Louis Cheronnet Le Petit parisien 4 décembre 1943
« La foule a redécouvert, aux profondeurs de son âme collective, certains secrets originels de sa race : son besoin de grandeur et d’éternité, sa volonté de sacrifice, son attente éperdue de la grâce ont été comblés par l’aventure mystique de dona Prouhèze et don Rodrigue. C’est par de tels ébranlements que s’affirme, aux heures d’angoisse et d’incertitude, la réalité d’une survie spirituelle ».
Henri6René Lenormand Panorama 9 décembre 1943
« Un principe est posé, celui de la « convention théâtrale » qui se substitue ici à celui de « l’illusion » ; j’avoue que, pour ma part, cette substitution m’enchante, c’est l’anti-réalisme conventionnel ».
Henri Ghéon Candide 30 décembre 1943