Les Incendiaires
Pièce créée le 12 avril 1946, au Théâtre des Noctambules, interprétée par Jacques François,
Françoise Gaudray, José Quaglio, Max Palenc. Mise en scène : Jean Vernier.
La pièce obtint prix Ibsen.
Analyse
Un homme, blessé et traqué par la Gestapo, cherche refuge chez des amis de son père; une jeune femme
jusqu’alors insouciante, sentira s‘éveiller en elle à la fois un sentiment passionné pour l’inconnu et la soif du sacrifice. A la fin,
l’homme devra se livrer aux Allemands afin de retrouver la jeune femme qui s’était fait arrêter pour le rejoindre.
Critiques
« La naissance de Maurice Clavel est presque passée inaperçue et pourtant c’est la naissance la
plus authentique, la plus troublante et la plus réconfortante que nous ayons eue au Théâtre depuis très longtemps ».
Jean Cocteau Arts 22 mai 1946.
« La pièce que l’on joue tous les soirs au Théâtre des Noctambules est l’œuvre d’un très jeune
auteur, Maurice Clavel qui a été un des as de la Résistance. Elle est écrite dans un style sobre, assuré, pénétrant, qui révèle un
tempérament dramatique. Le dialogue est toujours émouvant, intelligent et prend souvent le spectateur à la gorge. Il faut retenir le
nom de Maurice Clavel. Ce début excellent nous permet d’attendre beaucoup de ses prochaines œuvres ».
Georges Huisman La France au Combat 9 mai 1946.
« Les personnages sont bien de notre temps, crispés, angoissés, noués et retenus. Il s’agit d’un
ouvrage un peu primaire mais attachant, assez bien construit et d’une sobriété souvent émouvante. On attend la deuxième pièce de
Maurice Clavel ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro
« La langue dramatique de Maurice Clavel est assez exceptionnelle. Tendue, serrée résonnant comme
un cliquetis d’arme, elle nous offre des scènes aussi artificielles que les plus mauvais moments du théâtre de Steve Passeur dont le
dialogue est de la même race.».
André Frank Le Populaire 15 avril 1946.
« Les Incendiaires de M. Maurice Clavel, sont parfaitement à leur place au théâtre des
Noctambules en plein Quartier Latin, car c’est le type même de la pièce d’intellectuels ».
Pol Gaillard Les Lettres Françaises 19 avril 1946.
«C’est un ouvrage de début mais qui révèle à n’en pas douter un dramaturge authentique... ».
Gabriel Marcel Les Nouvelles littéraires 2 avril 1946.
« La retenue et la pudeur avec lesquelles Clavel évoque la vie traquée des clandestins nous
changent agréablement des grandes machines plus ou moins officielles que l’on nous sort en maintes occasions ».
X... La Croix 24 avril 1946.
« Il est pénible que la première pièce d’une certaine valeur, placée dans le cadre de la
Résistance, nous offre de celle-ci une image dans laquelle la très grande majorité des patriotes refusent heureusement de se
reconnaître. Nous attendons toujours l’auteur qui saura traiter ce grand sujet comme il le mérite ».
Pol Gaillard Les Lettres Françaises 19 avril 1946.
Maguelone
Pièce créée le 4 avril 1951, au théâtre Marigny, interprétée par Jean-Louis Barrault, Jean Servais,
Élina Labourdette, Silvia Monfort et Madeleine Renaud. Mise en scène de Jean-Louis Barrault.
Analyse
L’action se passe à la fin de l’exode de 1940. Un politicien réactionnaire habitait depuis cinq ans,
en pleine campagne, dans une cabane isolée, avec une petite gitane qu’il avait recueillie. Un jour, il fit la connaissance d’un vieil
homme, politicien de gauche, juif de surcroît, qui avait une fille de vingt ans. Ils espèrent tous deux trouver un passeur qui leur
permette de fuir en Afrique. Un conflit violent s’élève entre les deux hommes. L’un est favorable à la dictature, l’autre l’exècre.
L’homme de droite hésite à dénoncer le vieux socialiste.
Critiques
« Notre consternation parviendrait de la faiblesse en soi du texte signé du même qui écrivit Les
Incendiaires ».
J. Gandrey-Rety Ce Soir 7 avril 1951.
« Que pensez-vous que puisse donner ce heurt imprévu entre deux vieux adversaires politiques ? Une
de ces discussions comme en ont retentit souvent au café du Commerce ou à la buvette de la Chambre et dont les immuables arguments
alimentent encore de nos jours, à la radio, la tribune des journalistes parlementaires ».
Max Favalelli Paris-Presse 8 avril 1951.
« On dit que les Résistants sont atterrés par ce spectacle et je ne m’en étonne pas. Provocation
ou sabotage ? ».
Charles Mauban Rivarol 12 avril 1951.
« Je respecte les efforts, je mesure la passion d’un Jean-Louis Barrault, mais je suis parfois
atterré de ses erreurs. Elles sont à la hauteur de ses enthousiasmes. Il s’agit d’une obscure confrontation entre des schémas de
personnages. De cette confrontation naît un choc idéologique d’une verbosité diluvienne et d’une inextricable confusion. Ce dialogue
a la clarté d’un poussier ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro 7 avril 1951.
« J’aurais mieux fait de ne pas aller à cette soirée ou de rester dans ma baignoire. Il a fallu
la complète ineptie de Maurice Clavel et le cabotinage de ses interprète, Barrault en tête, pour me faire sortir dans les couloirs
du théâtre ».
Paul Léautaud, son Journal avril 1951.
« Maurice Clavel, sans lui sacrifier dans ses pièces, l’action dramatique, entend conserver sa
primauté au verbe. Il ne pouvait nous le prouver audacieusement qu’avec Maguelone, tentative manquée mais courageuse de
tragédie moderne en vers. Ceux qui reprochent à son théâtre d’être « littéraire » ou « verbeux » trouvèrent dans cette pièce leur
plus large cible ».
Gilles Quéant Théâtre de France N°1.