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Roland Dubillard s'officialise

C’est alors que la pièce des débuts : Si Camille me voyait a l’honneur d’entrer au répertoire de la Comédie Française dans une mise en scène de Jean Piat.

En décembre de l’année suivante, ce sera au théâtre Récamier que la comédie, écrite en 1956 ... Où boivent les vaches sera affichée. Interprétée par la compagnie Jean-Louis Barrault - Madeleine Renaud, elle aura pour metteur en scène Roger Blin : « Mon héros est un grand artiste, peintre , architecte , sculpteur. Un jour on lui fait une farce : on lui offre une lyre en lui disant que c’est une hache. C’est le point de départ de son désarroi. Tout ce qui l’entoure devient faux à ses yeux et à ses oreilles. Le langage perd son sens. Il voudrait se détacher de tout, se débarrasser même de son nom. Il se réfugie à la campagne, où boivent les vaches, mais la nature se métamorphose en square… ». 12

En novembre 1973, Roland Dubillard reçoit de l’Académie du cinéma le Grand  Prix d’interprétation pour son rôle dans le film de Yannick Bellon : Quelque part, quelqu’un…, tourné l’année précédente, et en 1974, il obtient le Grand Prix de l’Humour noir Xavier Forneret, à l’occasion de la sortie de sa nouvelle Olga, ma vache 13.

Loleh Bellon et Roland Dubillard dans Quelque part quelqu’un de Yannick Bellon
Loleh Bellon et Roland Dubillard
dans Quelque part quelqu’un... de Yannick Bellon
Photographie de Denise Bellon
in Denise Bellon d' Éric Le Roy (Éd. de la Martinière)

Coll. Vincent Parot

L’année 1975, sera une année heureuse et très féconde Le 26 février Roland Dubillard épouse Maria Machano. En outre, il réalise enfin un projet qui lui tient à coeur depuis des années : la mise en scène d’un spectacle composé d’un patchwok de sketches en chantier depuis 1947. En fait, ce sont le prolongement de dialogues farfelus que les fantaisistes Grégoire et Amédée auraient pu échanger. Jacques Seiler, admirateur du comédien Dubillard : « … Sa présence et le caractère inattendu de son jeu, je ne vois qu’un acteur qui le dépasse en cela, Buster Keaton »14 avait présenté, au Théâtre Montparnasse, quelques numéros du manuscrit, sous différents titres : Le Gobe-Douille, After Show. Cette fois c’était un tout, une véritable représentation intitulée Les Diablogues. La création eut lieu au Théâtre de la Michodière, sous la direction de Jean Chouquet 15 Roland Dubillard eut pour partenaire Claude Piéplu. Le spectacle connut un grand retentissement

Les metteurs en scène de cinéma Jacques Baratier et Pierre Lecomte font bientôt appel au talent de Dubillard ; le premier lui confie le rôle d’un gardien d’immeuble HLM, dans La Ville Bidon et le second l’engage pour le rôle d’un receveur d’autobus dans Les Vécés étaient fermés de l’intérieur. La même année, le réalisateur de télévision Michel Genoux tourne Naïves Hirondelles avec Maria Machano, Tatiana Moukine, Bernard Fresson et l’auteur.

Le 22 janvier 1977, à la sortie du théâtre de l’Atelier, le critique Matthieu Galey écrivait dans le Quotidien de Paris : «  On n’est pas très sûr que cette croisière en Absurdie eût un terme. Peut-être n’aurait-elle jamais de fin. Nous étions sur un vaisseau spatial en route pour Bételgeuse, par les chemins vicinaux d’un espace illimité… ». Il venait d’assister à la répétition générale du nouveau spectacle : Bain de Vapeur, réunissant les comédiens Darry Cowl, Yvonne Clech, André Dussolier et l’auteur Roland Dubillard.

Bain de vapeur de Roland Dubillard
Bain de vapeur
Décor de Jacques Noël
maquette originale

Collection A.R.T.

Écrire une pièce par-ci, écrire une nouvelle par-là, écrite des vers par ailleurs, pourquoi ne pas ne composer une œuvre qui serait à la fois un long poème, un film, un roman et un opéra? C’était un beau programme de Dubillard qui ne verra jamais le jour.

Par contre, tandis qu’il est engagé à la radio pour jouer dans La Soirée des Proverbes de Georges Schéhadé, avec l’accord de François Billetdoux, Guy Foissy, Jean-Claude Grimberg, Eugène Ionesco René de Obaldia, Robert Pinget et Romain Weingarten, Dubillard décide de créer le mouvement  : Théâtre d’auteurs et de le faire reconnaître par le Ministère de la Culture.

L’année suivante, Roland Dubillard se consacre à la radio . Dans un premier temps, il décide, avec son ami Romain Weingarten d’inventer une histoire : Aller-Retour. Alternativement chacun écrit une scène et les deux auteurs prennent un grand plaisir à leur collaboration. Vient ensuite l’écriture d’un scénario Les Chiens de Conserve : Par une lettre anonyme le vieux Garbeau apprend le meurtre de sa fille. Il se saisit d’un révolver et tue son gendre. Or la fille n’est pas morte… suspens… Après être passée le 30 novembre 1978 sur la station de France Culture, la pièce sera adaptée à la scène et jouée en 1996, au théâtre de la Passerelle de Gap puis, à Paris, au théâtre 13.

En 1979, aidé de Maria Machado, Dubillard traduit l’œuvre de Carl Sternheim, La Culotte d’une jeune femme pauvre qui sera affichée au Théâtre Saint-Georges. Après des démêlés avec le metteur en scène allemand, Roland Dubillard interprète du rôle principal de Scarron, décide de reprendre la direction de la pièce au lendemain de la première représentions et d’en faire un succès.

La Culotte d'une jeune femme pauvre
La Culotte d'une jeune femme pauvre
Décor de Jacques Noël
maquette originale

Collection A.R.T.

1983, tandis que Roland Dubillard tourne dans le film La Belle Captive d’Alain Robbe-Grillet, Roger Planchon fait répéter sa pièce : ... Où boivent les Vaches au T.N.P.

C’est en 1986 , au théâtre Lucernaire, que sera crée des Chiens sous la minuterie.

Interviewé sur le comportement de l’auteur et du comédien Dubillard, le metteur en scène, Charles Reale est plus qu’élogieux : « Je dois dire que je n’ai jamais vu meilleur interprète de son propre théâtre. Alors que dire aux autres acteurs pour qu’ils approchent au plus près, non seulement d’une bonne compréhension de l’œuvre de Dubillard, mais aussi de cette qualité d’interprétation qui lui donnait un côté humain si attachant ? La compréhension de son œuvre est accessible car Dubillard donne – au compte -goutte certes, mais finalement en abondance – toutes les indications nécessaires à ses acteurs ». 16

11 Roland Dubillard ( Texte du programme, lors de la reprise au Théâtre de la Bastille, en 1995 )
12 Présentation de Roland Dubillard pour la presse
13 Xavier Forneret humoriste (1809 -1884)
Le prix d’Humour noir - Xavier Forneret fut créé en 1954. Le jury de base était composé de Raymond Queneau, Pierre Dac, Eugène Ionesco, etc.. Le prix était décerné chaque mardi gras, à l’issue d’un déjeuner au restaurant Le Procope.
14 Jacques Seiler La Revue Esthétique Editions J.M. Place 1998
15 Jean Chouquet, (1926 -2009) producteur et réalisateur d’émissions radiophoniques
16 Charles Reale Revue d’esthétique Editions Jean-Michel Place 1998

 

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