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Louis Ducreux

par Geneviève Latour

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Louis Ducreux *. fonds Georges Herbert Collections A.R.T.

ou l’Homme-Orchestre

1.Un heureux petit Marseillais
2. Un juvénile directeur de troupe
3.  Un auteur dramatique plein de fantaisie
4. Une carrière artistique aux multiples facettes
5 . Œuvres dramatiques

Ce petit monsieur, au complet, cravate et feutre noirs, passant inaperçu à travers la foule, possédait un trésor d’imagination poétique exceptionnelle, doublé d’un profond amour pour la musique. Conteur d’une fantaisie débridée, il fut l’un des plus facétieux auteurs de sa génération. Ses personnages souvent insolites, parfois cocasses ou émouvants, avaient le pouvoir d’entraîner le spectateur dans un monde de féérie.

1.Un heureux petit Marseillais

Le 22 décembre 1911 naissait à Marseille, quartier de Bonneveine, entre mer et calanques, Louis Ducreux-Picon, arrière-arrière descendant d’une famille génoise, qui après avoir émigré à Alger finit par s’installer dans la cité phocéenne au début du XIXème siècle. Au pays du pastis, l’ancêtre Gaétan fit fortune en inventant un produit concurrent, à base de quinquina, de gentiane et écorce d‘orange. Ce fut L’amer Picon, l’apéritif privilégié des poètes André Salmon, Guillaume Apollinaire, Max Jacob.

Né au sein d’une famille riche et prospère, le petit garçon connut une enfance heureuse et comblée.  «  Mes parents adoraient le théâtre, le théâtre lyrique en particulier. Je les accompagnais souvent. Si bien qu’à douze ans, je connaissais par cœur Carmen et Faust. Je me souviens aussi d’avoir vu les dernières troupes régulières de comédie : Joseph Boulle qui, à soixante-dix ans, rassemblait un public de vieux admirateurs et de vieilles admiratrices en jouant Le Bossu et Saint Léon, acteur de comédies et d’opérettes dont les obsèques eurent à Marseille un retentissement aussi grand que celles de Sarah Bernhardt à Paris » (1)

Louis était un petit garçon chétif et maigrichon, il n’avait rien d’un casse-cou, mais débordait d’imagination : «  J’organisais des spectacles entre la fenêtre de ma chambre et le rideau… » (2)
Élève fort doué devant un clavier de piano, il l’était beaucoup moins en classe de chimie. Aussi, après une scolarité normale, échoua-t-il à sa seconde partie de bachot.  Grâce à son caractère ouvert et généreux, il sut se faire de nombreux amis. Il en sentait le besoin.

Alors qu’il venait à peine de quitter le lycée, il s inscrivit à une association de bienveillance « Art et Charité » aux bénéfices de laquelle fut donnée une soirée de gala dans les salons de l’hôtel Splendid de Marseille, lors des fêtes de Noël 1930. Au piano Louis, interprétant un numéro de jazz fut fort applaudi. Ce succès, une révélation ! Le jeune Ducreux venait d’être confronté à son destin. Grâce à l’argent de poche que lui accordait généreusement sa famille, sans hésitation, il allait créer une compagnie théâtrale dont il serait l’animateur.

(1) et (2) Louis Ducreux Avant-Scène N° 223 1er juillet 1959

2. Un juvénile directeur de troupe

Lors d’un précédent voyage à Paris, Louis avait assisté à un spectacle monté par Georges Pitoëff. Il en était sorti ébloui et n’eut de cesse de s’informer sur le programme et les réalisations du Cartel. (1) Après avoir réuni une dizaine d’étudiants de son âge, amoureux eux aussi de théâtre, il créa sa propre troupe. Sans le savoir, Louis Ducreux venait d’inventer « la décentralisation théâtrale » qui ne verra officiellement le jour qu’après la guerre. En toute indépendance, sans avoir eu de maîtres, de jeunes amateurs marseillais devenaient des adeptes du Théâtre d’Art dont Paris avait désormais perdu le monopole.

Sa troupe théâtrale constituée, il s’agissait pour Louis de créer un club de spectateurs fidèles. À leur intention, il s’engageait à présenter, une fois par mois, un spectacle donné à la salle Massilia – salle réservée aux noces et banquets et possédant une estrade -. Foin de vaudevilles ou de pièces de boulevard, le répertoire serait consacré à des œuvres de prestige. La qualité avant toute chose… le côté commercial n’intervenant pour ainsi dire pas. Si les recettes étaient insuffisantes, l’argent de poche alloué très généreusement par la famille Picon, y suppléerait.

Ce fut ainsi que le 3 mai 1931, la Compagnie du Rideau Gris présenta son premier spectacle : Au Grand Large œuvre du dramaturge anglais, Sutton Vane, adaptée en français par Henri Fluchère, jeune professeur d’anglais, passionné lui aussi par l’expérience théâtrale. Pour un coup d’essai, ce fut un coup de maître , comme se le rappela Ducreux : «  Nous l’ (la pièce) avions choisie parce que la distribution s’accordait aux possibilités de notre équipe. Louis Jouvet qui avait révélé la pièce en France, était en tournée à Marseille pendant que nous préparions notre spectacle . Je lui rendis visite et il vint, après ses représentations, nous faire répéter  » (2)

Suivront une séance de L’ Opéra des Gueux de l’auteur élisabéthain John Gay, puis celles de La Tempête de Shakespeare, de La Première Famille de Jules Supervielle, de Le Monde de la Lumière d’Aldous Huxley.

Les premiers spectateurs furent dubitatifs. D’une part, ils ne croyaient pas au talent inné et miraculeux d’acteurs d’occasion et d’autre part, ils s’attendaient à assister à des spectacles plus faciles, plus drôles, genre revue marseillaise. Certains journalistes n’hésitaient pas à écrire : «  Allons, petits jeunes gens, retournez à vos versions latines et n’insultez pas un art qui n’a que faire de vous.»(3) Et puis, peu à peu, le public se laissa prendre et s’enticha de cette jeune compagnie qui lui procurait un plaisir exceptionnel de qualité.

La troupe s’était fidélisée. Aucune défection parmi la dizaine de jeunes comédiens amateurs du premier jour. Ils ne vivaient tous, dans la joie et l’excitation, que pour le spectacle en préparation. Parmi ceux-ci, on comptait un certain Jacques Roussin. Grâce à lui, André, son frère aîné, qui cherchait désespérément à décrocher un rôle à Paris, découvrit Le Rideau gris en devint la vedette et l’alter ego de Louis Ducreux.
Au fur et mesure que le temps passait, la renommée de la compagnie grandissait.

Le jeune architecte Jacques Couëlle entraîna son ami le décorateur débutant Georges Wakhévitch à une représentation de La Merveilleuse Histoire de Godefroy de Bouillon. Ce fut un choc pour ce dernier. Alors qu’il souhaitait ne faire carrière qu’au cinéma, il fut complètement séduit et devint le collaborateur attitré du Rideau gris. Ses premiers décors furent pour Macbeth – la moindre des choses -.
Tandis que les mois passaient, que les succès succédaient aux succès. Louis Ducreux, à l’instar de son ami André Roussin, sentait monter en lui une nouvelle vocation. Pourquoi ne pas devenir auteur dramatique afin de faire jouer ses propres pièces ?

Mais le temps du dramaturge n’était pas encore venu. Un événement très important devait accaparer tous les soins de l’animateur de théâtre : lors de l’exposition universelle de 1937, la réputation du Rideau gris était montée jusqu’à Paris et Jean Zay, ministre de l’Education Nationale, s’intéressant au Théâtre d‘Essai, fit engager parmi quelques compagnies d’avant-garde celle du Rideau gris. Pressenti pour monter deux spectacles à la Comédie des Champs-Élysées, Louis choisit de présenter L’Inconnu d’Arras du jeune auteur français Armand Salacrou et La Duchesse d’Amalfi tragédie de John Webster, dramaturge anglais du XVIIème siècle, œuvre qui n’avait jamais été jouée en France. Ce fut une grande réussite : «  Le spectacle reçut un accueil vibrant et la presse salua La Duchesse d’Amalfi et Le Rideau gris avec la chaleur qu’elle sait avoir à Paris quand elle « découvre ». (4)
Engagée pour huit jours, la troupe resta un mois à la Comédie des Champs-Élysées. Louis aurait bien aimé prolonger son séjour dans la capitale, malheureusement tous les théâtres avaient leurs programmations faites. Il s’en fallut donc retourner à Marseille. Néanmoins, la subvention accordée par le Ministère permit l’organisation d’une tournée dans le Nord de la France. C’est alors que Louis, tombé amoureux de Madeleine Cheminat, la jeune première de la troupe, l’épousa. Un petit garçon, Gérard, devait naître de cette union.

(1) Le Cartel, vocable sous lequel s’étaient réunis en 1936, quatre jeunes metteurs en scène d’avant garde : Gaston Baty, Charles Dullin, Louis Jouvet et Georges Pitoëff.
(2) Théâtre d’Aujourd’hui Paul-Louis Mignon Editions de L’Avant-Scène 1966
(3) Patience et impatience André Roussin , édition La Palatine 1953
(4) Patience et impatience André Roussin édition La Palatine 1953

3.  Un auteur dramatique plein de fantaisie

Louis prit alors le temps de composer sa première pièce Clair-Obscur. Il en offrit le rôle principal à sa jeune épouse. La représentation donnée à Marseille fut encourageante au point que l’auteur voulut tenter sa chance à Paris. Il signa un contrat avec le théâtre de l’ Œuvre et s’attendait à trouver un succès analogue à celui obtenu dans la capitale deux ans auparavant. Malheureusement ce ne fut pas le cas. La comédie Clair-Obscur fut accueillie très fraîchement et ne tint l’affiche qu’un mois.  Mais le départ était donné. Louis Ducreux ne pourrait plus se contenter de mettre en scène et de jouer les pièces des autres. À lui, dorénavant, les joies de l’écriture !
Septembre 1939, la guerre… Interruption du Rideau Gris qui ne reprendra son activité qu’après l’armistice.

De constitution fragile, Louis avait été exempté de service militaire et ne fut rappelé sous les drapeaux qu’en avril 1940. Seul à Marseille, sans projets, les jours étaient longs. Pour se distraire, Louis jouait du piano et composa quelques chansons, autour desquelles l’idée lui vint d’ écrire une comédie à couplets, en cinq tableaux, intitulée – cela va de soi – Musique légère.

L’armistice signée, Marseille et la côte d’Azur, situées en zone libre, connurent une invasion d’artistes. Les uns, israélites, cherchaient à sauver leur peau, les autres, amoureux de leur liberté, refusaient l’Occupation. Tous devaient retrouver du travail. Belle occasion pour Louis Ducreux et André Roussin de recréer une troupe. À certains anciens amateurs marseillais, se joignirent quelques comédiens célèbres à Paris. Sans perdre de temps, Le Rideau gris afficha le 19 septembre 1940, au cinéma Pathé-Palace, Musique Légère. La distribution comprenait Madeleine Robinson, Georges Rollin, O’Brady et Sylvain Itkine ainsi qu’André Roussin, dans le rôle de Klapotermann, individu étrange et séduisant.

Passionné par ce personnage, Louis Ducreux en fit le héros d’une nouvelle pièce : La Part du diable . Écrivain de génie bafoué, dépouillé par un plagiaire médiocre et sans scrupule, Klapotermann assistait impuissant au triomphe de son œuvre et néanmoins… il se savait secrètement victorieux. Dans ce rôle André Roussin fit preuve d’un talent exceptionnel et remporta le grand succès d’acteur qu’il attendait depuis des mois.

La pièce créée le 14 mai 1943 au Théâtre des Célestins de Lyon, fut « magnifiquement accueillie par le public ». (1) Devant ce succès, Louis Ducreux partit pour Paris, espérant une nouvelle fois dénicher un théâtre. Le spectacle donné au Studio des Champs-Élysées s’avérait être un four noir. Heureuse opportunité. Il fallait toutefois obtenir l’autorisation de la censure allemande, or le nom de Klapotermann était sujet à caution : « Ducreux a su dorer la pilule à l’officier chargé de ce service, lui « prouvant » que Klapotermann n’est pas un nom juif mais une divinité aztèque et assurant que le pays neutre est un pays d’invention… » . (2). Le manuscrit fut enfin accepté et le spectacle programmé pour le 1er juin 1943.

Afin d’éviter toute confusion avec le film de Pierre Fresnay, La Main du diable, qui passait alors sur les écrans, on avait dû changer le titre. La pièce s’appellera dorénavant : La Part du feu.

Le plateau du Studio des Champs-Élysées étant beaucoup plus exigu que celui du théâtre de Lyon, il fallut adapter la mise en scène : « Nous répétions encore la dernière scène de la pièce, Ducreux et moi, à rideau fermé, alors que le public entrait déjà dans la salle. Atmosphère étouffante de cette salle minuscule archi-comble par cette chaleur de juin. Six et sept rappels dès le premier acte. Succès éclatant. Longs et chaleureux applaudissements à la fin quand je dis le nom de l’auteur » . (3)

Devant un pareil triomphe, dans les quarante-huit heures qui suivirent la répétition générale, cinq ou six directeurs de théâtre se proposèrent de reprendre la pièce, à la suite des représentations signées au Studio. En définitive, ce fut au Théâtre de l’Athénée, chez Louis Jouvet, parti pour une longue tournée aux Etats-Unis, que s’installa La Part du feu. Le spectacle fit salle comble tous les soirs, pendant de longs mois, sous des tempêtes d’applaudissements.
C’en était fait, Louis Ducreux était devenu un auteur à la mode.

Il n’attendit pas longtemps pour écrire un autre « chef d’œuvre » intitulé Les Clefs du ciel avec en vedette le jeune comédien Michel Bouquet. Cédant à la mode des pièces historiques, Ducreux avait situé l’action sous la Terreur. Était-ce une bonne idée ? : « La guillotine fonctionnait en coulisse et les « ci-devant » privilégiés jusque là par leur fortune se trouvaient brusquement au pied de l’échafaud. La pièce est créée au lendemain de la Libération, le troisième acte, remarquable – et que Jouvet tenait pour tel – inquiétait visiblement les gens. Combien dans chaque salle, ne se sentant pas la conscience très tranquille en ces temps d’épuration, voyaient se dresser le spectre d’une justice possible  ?» (4) Prudente, la critique jugea la pièce « intéressante, bien construite » (5)  sans plus.

Une fois encore, Louis ne se découragea pas, il mit en chantier sa cinquième pièce Un souvenir d’Italie – trois actes, dans des décors de Georges Wakhévich, sur une musique de Georges Auric. Le spectacle fut affiché au théâtre de l’Œuvre, à partir du 6 avril 1946.
Le rideau se levait une fois encore sur un personnage énigmatique, Aldo Sucre. Était-il le diable ou le bon Dieu…? Pourquoi avait-il décidé de faire le bonheur de la jeune Clara ? Était-ce par machiavélisme ou par amour fou  qu’il ira jusqu’au crime par personne interposée? Aux spectateurs d’en décider après avoir chaudement applaudi ce spectacle d’une délicieuse fantaisie poétique.
Avant d’entreprendre un nouveau manuscrit, Louis, toujours à l’affût d’une tâche nouvelle, signa pour la première fois les dialogues d’un film. Il s’agissait de La Foire aux chimères de Pierre Chenal.
Le monde du cinéma n’était pas inconnu à notre auteur. En tant que comédien, il avait tourné dans quelques films, dont Le Schpountz de Marcel Pagnol en 1938 et Nous les gosses de Maurice Cloche en 1941.

De nouveau Louis Ducreux s’abandonna à son penchant pour la musique. Ses deux œuvres suivantes furent des comédies à couplets : Le Square du Pérou et L’ Amour en papier.

Le Square du Pérou, charmant vaudeville, fut affiché à la rentrée de septembre 1948 au Théâtre Saint Georges avec, dans les rôles principaux, Henri Guisol et Simone Simon. Cette dernière, délicieuse actrice, valeur sûre du cinéma français, et Louis Ducreux, homme fort courtois et écrivain de talent, avaient apparemment tout pour s’entendre et s’estimer. Or leurs rapports pendant les répétitions furent loin d’être au beau fixe. Une lettre d’excuse et de justification, signée de l’auteur, en fut la preuve : « Vous aussi vous donnez des « chocs nerveux »! Ce n’est ni votre faute ni la mienne si nous sommes deux poissons torpilles. Du moins avons nous navigué jusqu’ici à une certaine profondeur. Restons-y. Je ne vous parlerai plus jamais d’Edith. –personnage joué par la comédienne, peu sympathique de prime abord, qui se montrait au fur et à mesure du déroulement de la pièce plus sensible, plus vulnérable qu’elle ne le paraissait au début – Puisque notre destin semble être de nous attendre au coin des portes, aux détours des couloirs, dans le dos du public, pour nous entrelarder de coups de poignard, de « chocs nerveux » et autres pétards atomiques, rendons hommage à nos exquises sensibilités mais gardons assez de bon sens pour ne jamais nous fâcher, je vous (je nous) en supplie […]. Je vous demande mille fois pardon ».

Au soir de la répétition générale, il est à parier que face au succès, les deux antagonistes, fiers et heureux, se soient réconciliés.

Au printemps 1949, Jean Marchat, à la fois directeur du théâtre des Mathurins et animateur, lui aussi, d’une troupe de comédiens : Le Rideau de Paris, afficha la nouvelle comédie de Louis Ducreux, Le Roi est mort (6) Lors d’une avant-première, l’auteur présentait ainsi sa pièce : «  L’action se situe vers 1980. Je n’aime pas les ouvrages dramatiques ou littéraires dits « d’anticipation ». On y sacrifie trop pour mon goût au pittoresque. Le « pittoresque » ( outre la mode : chapeaux pointus et costumes pseudo-martiens) c’est la désintégration de l’atome, le rayon qui tue les croisières interstellaires et autres fantaisies dont les possibilités malignes dissimulent mal l’infinie futilité (…) Il me reste à dire la raison pour laquelle l’action se situe en un temps dont je refuse justement l’essentiel. C’est que ma pièce se déroule dans le dernier royaume du monde. Sans pessimisme (ou optimisme) exagéré, on peut si l’on mesure la «consommation» monarchique de chaque nouvelle guerre, assigner une trentaine d’années d’existence à ce système de gouvernement en voie de régression  » . (7)

Puis en 1951, Louis Ducreux se lança dans l’adaptation française d’une pièce tirée d’une nouvelle d’Henry James, Washington Square intitulée L’  Héritière.
En 1949, le metteur en scène de cinéma William Wylder s’en était déjà inspiré avec succès. Olivia de Havilland avait obtenu l’Oscar de la meilleure comédienne pour son interprétation du personnage de Catherine. Celle-ci, légataire d’une immense fortune, jeune encore mais sans grâce, ni beauté, tombait amoureuse d’un charmant jeune homme qui semblait s’être épris d’elle. Mais le père refusa la demande en mariage, accusant le prétendant de n’être qu’ un simple coureur de dot.

C’est au Théâtre des Mathurins dirigé par Jean Marchat, animateur lui aussi d’une troupe de comédiens : Le Rideau de Paris, que fut mis en scène le drame. Il revint à Michelle Alfa de reprendre le rôle de Catherine. Elle y fut fort émouvante …
Affiché du 15 mai au 10 décembre 1951, le spectacle connut un très beau succès.

Et Louis Ducreux fit appel une nouvelle fois à sa propre imagination.
Le 8 mars 1952, L’Amour en papier fut présenté sur la minuscule scène du théâtre du Quartier-Latin. Auteur, compositeur, acteur dans la pièce, Louis Ducreux avait laissé le soin de la mise-en-scène au jeune directeur du théâtre, Michel de Ré. Le spectacle d’une fantaisie endiablée, comparé par certains à un opéra-bouffe d’Offenbach, fut fort applaudi. Il resta à l’affiche pendant plus de dix mois.
Le 17 avril 1953, c’est au théâtre Montparnasse-Gaston Baty, sous la direction de Marguerite Jamois, dans une mise en scène de Michel de Ré, que fut présentée la nouvelle comédie de Louis Ducreux : Le Diable à quatre. Cette fois pas de musique, pas de chanson, un vaudeville dont les situations comiques s’entrecroisaient avec une rigueur mathématique. Deux amis décidaient d’échanger leurs épouses pendant un mois : une expérience. Contrairement à ce qu’ils supposaient les événements se passèrent tout autrement qu’ils ne l’avaient prévu. Était-ce un mal ? Au fait non… Le public, continuellement surpris par les virages à cent quatre-vingt degrés que lui faisait prendre l’auteur, s’amusa beaucoup et la pièce connut un joli succès jusqu’à la fermeture de juillet.

Début 1957 : Louis Ducreux signa l’adaptation et la mise en scène d’une comédie de l’auteur américain John van Druten : La Magicienne en pantoufles. La pièce fut jouée sur la scène du Théâtre des Ambassadeurs avec dans les rôles principaux Gaby Sylvia et Guy Tréjean. Il s’agissait d’Odile, une jeune personne aux dons exceptionnels d’envoûtement. Un certain Bernard en tomba fou amoureux au point de délaisser sa fiancée, sa situation, son honneur. Bouleversée par une telle passion Odile s’éprit à son tour de cet homme et immédiatement perdit son pouvoir de magicienne. Moralité : l’amour se paye… En dépit de cette douloureuse conclusion, la pièce fut jugée charmante par un public enchanté .

C’est dans une «folie», petit pavillon réservé au plaisir et divertissement, comme on en construisait au XVIII ème siècle, que Louis Ducreux planta le décor de sa dernière pièce, intitulée, cela va de soit : La Folie. Avant de mourir, un comte ruiné conseillait à son fils d’épouser une riche héritière, roturière mais fille de banquier. Le mariage consommé, l’épouse trompait son mari le trouvant bien insignifiant. Ce denier, retiré dans sa «folie» ne semblait ne s’intéresser qu’aux fleurs et à une strip-teaseuse. En fait il se montrerait par la suite un homme d’affaire très avisé …

La pièce interprétée à partir du 17 janvier 1959 au Théâtre de la Madeleine fut mise en scène par l’auteur, avec dans les rôles principaux Claude Dauphin et Elina Labourdette. Une fois encore, la fantaisie poétique de Louis Ducreux et l’étrangeté de ses personnages séduisirent le public. Par contre la critique fut plus sévère : « Comment un auteur aussi chevronné que M. Louis Ducreux peut-il commettre des erreurs à peine excusables chez un débutant ? La pièce ne tient pas debout. Les personnages ont l’air de parler un langage raisonnable et l’on s’aperçoit soudain qu’ils échangent des propos inconciliables avec leur situation ».(8) et la pièce ne tint l’affiche que pendant deux mois.

C’est à Hubert Gignoux, directeur du Centre Dramatique de la Comédie de l’Est que Louis Ducreux confia son adaptation de l’œuvre de Thornton Wilder La Marieuse qui vit le jour au théâtre de la Comédie de Strasbourg le 8 décembre 1959. Sous l’égide du TNP elle sera reprise à Paris  au Théâtre Récamier.

Et c’en sera fini de Louis Ducreux, auteur dramatique.
Néanmoins, il aura la satisfaction de remettre en scène trois de ses comédies : La Part du feuL’ Héritière et La Magicienne en pantoufles, lors de leur projection en août 1968, mai 1976 et août 1981, sur la première chaîne de télévision , dans le cadre des émissions du légendaire Au Théâtre ce Soir.

(1) (2) et (3) Patience et impatience André Roussin édition La Palatine 1953
(4)  Paris-Théâtre N° 74 André Roussin
(5) Nouvelles Littéraires
(6) cf Quelques pièces
(7) Louis Ducreux Opéra N° 5
(8) Le Théâtre à Paris Jean-Michel Renaitour éditions du Scorpion 1960

4. Une carrière artistique aux multiples facettes

Loin de n’avoir été qu’un auteur dramatique fort apprécié, Louis Ducreux mena une brillante carrière de metteur en scène, certes vis-à-vis de ses propres œuvres, mais aussi de celles d’autres auteurs comme André Haguet, Suzanne Lilar, Albert Husson et Roger Ferdinand. Quant à André Roussin, s’il ne montait pas lui-même ses pièces, il n’avait confiance, le plus souvent, qu’en son ami Louis Ducreux. C’est ainsi que ce dernier participa au succès d’Une Grande Fille toute simple avec Gérard Philipe et Madeleine Robinson, de Lorsque l’Enfant paraît avec André Luguet et Gaby Morlay, de Hélène ou la joie de vivre avec Pierre Dux et Sophie Desmarets et de Le Mari, la Femme et la mort avec Bernard Blier et Jacqueline Gauthier . En outre, pendant plus de cinquante ans, Louis Ducreux se fit applaudir sur scène, interprétant les premiers rôles dans une vingtaine de pièces dont Un Monsieur qui attend d’Emily Williams, Les Pigeons de Venise d’Albert Husson, Les Ambassades de Roger Peyrefitte, La Rouille de Carlos Semprun.
Dans le même temps, réalisateur d’émissions de variété, il présenta à la radio : Le Petit musée de la Chansonnette et Le Journal Officieux pendant plus de trois ans.

Au cinéma, il tourna sous la direction de Marcel Pagnol, Maurice Cloche, Claude Chabrol et Bertrand Tavernier. Grâce à ce dernier, en 1984, il obtint un énorme succès dans Un dimanche à la campagne où il interprétait un vieil artiste peintre, Mr Ladmiral, face à sa fille, jeune personne émancipée que jouait Sabine Azéma.

La musique du film était signée, le croiriez-vous, Louis Ducreux. Car il ne suffisait pas à ce dernier d’écrire des pièces, de mettre en scène des spectacles, d’être acteur de théâtre et de cinéma, il lui fallait encore se consacrer à la composition musicale. C’est ainsi que Max Ophuls, le chargea des lyrics de son film La Ronde. et que la chanteuse Cora Vaucaire mit à son programme La Rue s’allume dont le refrain « l’odeur des roses » était chaque soir repris par le public .

En 1961, le ministre de la Culture, André Malraux, proposa à Louis Ducreux la direction artistique de l’Opéra de Marseille. Celui-ci en éprouva une grande joie. Retrouver sa ville natale pour y exercer une fonction magistrale autant qu’inespérée, c’était l’apogée de sa carrière. Il s’y livra corps et âme .
Après avoir monté Carmen dans les décors de Bernard Buffet qui obtint un très joli succès, Ducreux se hasarda avec bonheur dans la présentation d’opéras contemporains. En 1963, fut représenté pour la première fois en France Lulu d’Alban Berg dans les costumes de Jean-Denis Malclès.
En 1964 ce fut, d’après l’œuvre de Guillaume Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias, sur une musique de Francis Poulenc .

En 1965, Ducreux quitta Marseille pour l’opéra de Monte-Carlo . Il y restera jusqu’en 1968. Puis, très heureux, il retrouvera sa ville. Il inaugurera son retour par un Festival placé sous l’égide de la presse marseillaise. Au cours de ce Festival, Ducreux présentera l’opéra Pauvre Matelot d’après Jean Cocteau sur une musique de Darius Milhaud .

Réinstallé à son bureau de directeur, il afficha en 1970 Mariana Pinéda dont il écrivit le livret d’après l’œuvre de Federico Garcia Lorca sur une musique de Louis Saguer.

À nouveau, Louis Ducreux abandonnera l’Opéra de Marseille en 1972. Cette fois ce sera pour celui de Nancy où il restera en fonction jusqu’en 1977, puis il s’en reviendra à Paris retrouver son costume de comédien. Il manquait toutefois une mention à la carte de visite de Louis Ducreux : celle d’écrivain. Cette lacune fut comblée en 1980 par la publication aux éditions Lafont du roman La Porte tournante au café Riche .
La dernière apparition de Louis Ducreux, ce fut le rôle du grand-père dans le film de François Margolin : Mensonge.

Louis Ducreux tirera sa révérence au monde, à Paris, le 22 décembre 1992 .
Mais Marseille ne l’oubliera jamais : une rue porte son nom dans la cité phocéenne .

5. Quelques pièces

LE ROI EST MORT

Pièce en trois actes, créée au théâtre des Mathurins, le 21 mai 1949, interprétée par Michel Bouquet,Laurence Aubray, Claude Larue, Jean Marchal, Jean d’Yd, Lucien Guervil, mise en scène de Jean Marchat, musique de Louis Beyts, décors de Denis Martin.

Analyse
Sur le fond d’une histoire d’amour se greffe une affaire d’Etat. Grâce à un sosie, le jeune roi Michaël échappera à l’assassinat fomenté par un vieil oncle, désireux de prendre sa place. Vivant, voici donc Michaël devenu étudiant amoureux par la force des choses … Mais l’amour n’est pas toujours là où on l’attend et la Royauté peut laisser place à la République.

Critiques
«  Je pense que le public prendra son plaisir dans les brillantes variations à la Sardou 1, à la Meilhac 2 que lui offre cette comédie et ne songera pas à pénétrer dans le dédale des prolongements pirandelliens un peu flous » .
Jean Gandrey-Rety Ce Soir

« La pièce est infiniment agréable à entendre par la vertu d’un dialogue soigné et même élégant ; par l’ingéniosité de son postulat et ses brillantes rêveries où celui-ci nous invite, sur le plus tentant des sujets : l’Amour ; enfin par la façon dont l’ouvrage est présenté aux Mathurins » .
Francis Ambrière Opéra

«  Cette pièce, traitée comme toutes les œuvres de Louis Ducreux en demi-teinte et sur le ton de l’ironie, tient à la fois de la comédie, du drame, du vaudeville, de l’opérette et même par instant de l’opéra –bouffe. Nous retrouvons avec plaisir dans Le Roi est mort les dons légers, brillants, poétiques de l’auteur de La Part du feu. Le dialogue, d’une écriture élégante, contient quelques jolies perles, dont le ton et l’esprit sont d’une agréable saveur » .
André Ransan Ce matin-le pays

« Un agencement fort habile des éléments de l’intrigue, une action concertée avec une science certaine des lois et des coutumes du théâtre. En un mot une mise en place rigoureusement juste de tous les éléments de la comédie en trois actes… » .
Jacques Lemarchand Combat

« Laissons aux spectateurs les plaisirs d’une intrigue rebondissante , ingénieuse, cocasse, semée de situations, de traits de caractères et de mots » .
Pierre Lagarde Libération

« J’en veux à M. Louis Ducreux d’escamoter notre émotion sitôt qu’il laisse passer la pointe de son cœur » .
Henry Magnan Le Monde

« Elle ( la pièce ) est pleine de charme, de finesse, d’ironie, cette histoire du dernier roi du monde. Les plaisirs que l’on goûte à ce divertissement ne tardent pas à s’élever et l’on découvre, assez vite, que si Louis Ducreux veut se donner l’ apparence de ne vouloir qu’amuser, son ambition réelle va certainement plus loin… ».
André Alter L’Aube

L’AMOUR EN PAPIER
Pièces à couplets, créée le 8 mars 1952, au théâtre du Quartier-Latin, interprétée par Louis Ducreux, Ivan Peuk, Maurice Biraud, Jacqueline Dor, Delphine Seyrig, Edith Perret, Paticia Soleil, Jeanne Dorival, Jean-Marc Thibault, mise en scène de Michel de Ré, décors de Raymond Faure.

Analyse
Les personnages d’ un hebdomadaire illustré étant animés , un champion cycliste se pavanant sur la Une, peut tomber amoureux d’une chanteuse photographiée en huitième page Pour la retrouver le héros devra parcourir le journal en entier, à travers toutes les rubriques.

Critiques

« Ne cherchez pas Le Feu Roulant à votre kiosque, c’est sur la scène du théâtre du Quartier-Latin qu’on imprime et qu’on le diffuse quotidiennement à un tirage de deux cents fauteuils et strapontins. C’est une idée charmante et d’une alerte fantaisie qu’a eue M. Louis Ducreux en imaginant de redonner la vie à tous les personnages…. L’Amour en Papier est un spectacle de la plus fine qualité et qui aura, n’en doutons pas, de nombreuses éditions » .
Max Favalelli Paris-Presse 12 mars 1952

« C’est sur un plateau minuscule, toute une grande opérette féérique du Châtelet en comprimé, saupoudrée de l’esprit d’une revue de Rip, assaisonnée de la fantaisie endiablée et burlesque d’un opéra –bouffe d’Offenbach. Une grande heure de charme, d’ironie , de cocasserie, de rire » .
Paul Gordeaux France Soir 13 mars 1952

« Cette « revue de presse » sur le mode intime, indiscret et sentimental déborde d’humour inventif et alerte. Louis Ducreux a écrit le texte et la musique de cette comédie à couplets, apparentée de très près à l’opérette de cabaret, avec beaucoup d’esprit et quelques chose en plus : une poésie légère circule dans certains épisodes de cette épopée du papier journal illustré » .
Jean Gandrey-Rety Ce Soir 12 mars 1952

« Que la fantaisie de Louis Ducreux est donc personnelle ! Un peu de satire par –ci, un peu de poésie par-là , une grande vivacité d’esprit et beaucoup de drôlerie dénuée de prétention »
Jean-Jacques Gautier Le Figaro 14 mars 1952

« Il y a longtemps que je n’avais entendu quelque chose d’aussi joli dans son raffinement et son léger libertinage. C’est fait avec rien – à la façon dont, prenant une banale feuille de papier, des mains ingénieuses en font successivement toutes sortes d’objets -. C’est la caricature sur la pointe des pieds par un excellent danseur corsé d’un doux musicien. Ce sont des fleurs artificielles, des fleurs de papier, si bien arrangées qu’on leur croît un parfum »
Marc Beigbeder Le Parisien Libéré 14 mars 1952

LA MARIEUSE

Comédie en quatre actes de Thornton Wilder, texte français de Louis Ducreux, créée à la Comédie de l’Est (Strasbourg), le 8 décembre 1959, interprétée par Paul Bru, Jacques Born, André Bénichou Georgeette Lachat, Jean Schmitt, Lise Visinand, André Pomarat, Anne Le Noir, Bernard Freyd, Sylvie Artel, Claudine Berthier, Bernard Rousselet, Paul Brecheisen, Danièle Gautier, Huguette Lengagne. Mise en scène de Pierre Lefèvre, décors et costumes de Serge Creuz.

Analyse
Pour s’opposer aux amours juvéniles de sa nièce et son prétendant, un vieil homme riche et jaloux s’en remet aux bons soins d’une marieuse intrigante, mais tel pris qui croyait prendre il se sentit tout d’abord berné , pour tomber à son tour amoureux des charmes encore désirables de l’aventurière. Tout fut bien qui finit bien

Critiques

« Telle qu’elle est, cette petite comédie d’intrigue ne manque point d’agrément. Son humour est aimable. La satire y effleure, dépourvue d’âpreté. A quatre reprises un des personnages vient parler au public . Et personnellement ce sont ces quatre très courts monologues, un peu cyniques, un peu mordants, doux-amers, mais toujours humains en fin de compte que j’apprécie le plus dans la pièce. »
Jean-Jacques Gautier Le Figaro

« À vrai dire ces variations américaines ont été justement placées sous le signe de Labiche car elles ne s’écartent que bien peu des thèmes chers à notre premier vaudevilliste. Tout l’art ( inestimable ) de Labiche est de promener des fantoches à travers des situations toujours drôles et jamais scabreuses, en égratignant avec une férocité gantée de fausse naïveté le monde de l’argent (…) Dans La Marieuse on peut même détecter ici et là quelques vestiges de Molière 3. (…) Et tout le monde, sur la scène et dans la salle se sera bien amusé. »
Robert Sevy Les Nouvelles de Besançon

« La Marieuse est une comédie moderne, drôle, sans être vulgaire et gaie sans avoir recours à la grivoiserie (…) Cette histoire trouve sa force dans sa beauté simple et neutre. (…) Wilder a su faire évoluer ses personnages sur un manège où se côtoient l’amour et l’argent et c’est ce manège, dirigé avec maestria et semé d’incidents gracieux, qui plaît même à des esprits délicats. »
Jean-Pierre Raidron Union républicaine de Châlons- sur – Marne

« Thornton Wilder sait peindre. Et il suspend devant nos yeux toute une guirlande de « types » très américains. Il introduit dans cette farce des éléments de poésie forts étrangers aux vaudevillistes du XIXème siècle. Il va même bien plus loin, ressuscitant un procédé antique : celui du « canzon » espagnol, qui ressemble un peu au « song » de Brecht… Quatre monologues interrompant les quatre actes en leur milieu pour nous révéler les pensées des quatre protagonistes. Pierre Lefèvre, le metteur en scène, à souligné ces brusques décalages par un arpège de guitare, par un changement d’éclairage passant du quotidien à l’irréel. C’est dire combien ces hors-textes s’apparentent aux recherches que nous aimons tant. »
Jean Beaumont L’Écho de Lyon

(1) Victorien Sardou, auteur dramatique français, 1831 -1908
(2)  Henri Meilhac, auteur dramatique français, librettiste, 1830 – 1897
(3) cf L’Avare

5 . Œuvres dramatiques

1938 Clair-Obscur Théâtre de l’Œuvre

1940 Musique légère Cinéma Pathé-Palace (Marseille)

1943 La Part du feu Studio des Champs-Élysées

1946 Un souvenir d’Italie Théâtre de l’Œuvre

1946 Vieux Soleil Pièce radiophonique

1948 Le Square du Pérou Théâtre Saint-Georges

1949 Le Roi est mort Théâtre des Mathurins

1951 L’Héritière (adaptation) Théâtre des Mathurins

1952 L’Amour en papier Théâtre du Quartier Latin

1953 Le Diable à quatre Théâtre Montparnasse-Gaston Baty

1957 La Magicienne en pantoufle (adaptation) Théâtre des Ambassadeurs

1959 La Folie Théâtre de la Madeleine

1959 La Marieuse (adaptation) Centre Dramatique de l’Est (Strasbourg)