Le 22 décembre 1911, naissait à Marseille, quartier de Bonneveine, entre mer et calanques, Louis Ducreux-Picon, arrière-arrière descendant d’une famille génoise, qui après avoir émigré à Alger finit par s’installer dans la cité phocéenne au début du XIXème siècle.
Au pays du pastis, l’ancêtre Gaétan fit fortune en inventant un produit concurrent, à base de quinquina, de gentiane et écorce d‘orange. Ce fut L’amer Picon, l’apéritif privilégié des poètes André Salmon, Guillaume Apollinaire, Max Jacob…
Né au sein d’une famille riche et prospère, le petit garçon connut une enfance heureuse et comblée. « Mes parents adoraient le théâtre, le théâtre lyrique en particulier. Je les accompagnais souvent. Si bien qu’à douze ans, je connaissais par cœur Carmen et Faust. Je me souviens aussi d’avoir vu les dernières troupes régulières de comédie : Joseph Boulle qui, à soixante-dix ans rassemblait un public de vieux admirateurs et de vieilles admiratrices en jouant Le Bossu et Saint Léon, acteur de comédies et d’opérettes dont les obsèques eurent à Marseille un retentissement aussi grand que celles de Sarah Bernhardt à Paris » .
Louis était un petit garçon chétif et maigrichon, il n’avait rien d’un casse-cou, mais débordait d’imagination : « J’organisais des spectacles entre la fenêtre de ma chambre et le rideau… » .
Élève fort doué devant un clavier de piano, il l’était beaucoup moins en classe de chimie. Aussi, après une scolarité normale, échoua-t-il à sa seconde partie de bachot.
Grâce à son caractère ouvert et généreux, il sut se faire de nombreux amis. Il en sentait le besoin.
Alors qu’il venait à peine de quitter le lycée, il s inscrivit à une association de bienveillance « Art et Charité » aux bénéfices de laquelle, fut donnée une soirée de gala dans les salons de l’hôtel Splendid de Marseille, lors des fêtes de Noël 1930. Au piano Louis, interprétant un numéro de jazz fut fort applaudi. Ce succès, une révélation ! Le jeune Ducreux venait d’être confronté à son destin. Grâce à l’argent de poche que lui accordait généreusement sa famille, sans hésitation, il allait créer une compagnie théâtrale dont il serait l’animateur.
Louis Ducreux Avant-Scène N° 223 1er juillet 1959
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