Dans la bande, Achard, Jeanson et Passeur qui en était l’un des piliers, avaient écrit des pièces. DURAN se dit alors « Pourquoi pas moi ? » et il écrit Amitié qui sera créée lé 1er avril 1931
par Raymond Rouleau qui venait de prendre la direction de la Compagnie du Marais à Bruxelles.
Il signe sa pièce Michel Mourguet, en hommage sans doute au fondateur du guignol lyonnais.
La pièce sera reprise à Paris au théâtre des Nouveautés le 21 janvier 1932, et au théâtre Saint-Georges.
C’est une peinture charmante de la jeunesse dans l’atmosphère de l’époque. Deux amis, Robert et
Jean prennent leurs vacances ensemble. Robert a épousé une femme charmante, Françoise. Jean, croyant
être amoureux de Françoise, décide de s’en aller après avoir avoué la vérité à son ami. Au deuxième
acte, Jean est guéri, mais cette fois, c’est Françoise qui est amoureuse de lui et l’avoue à son mari.
Au troisième acte, Robert, jaloux, devient odieux, et jette ainsi Françoise dans les bras de Jean. Ils
seront déçus tous les deux et tout rentrera dans l’ordre.
Sa seconde pièce Liberté provisoire, il la signera de son nom. « Ayant engueulé pas mal de monde sous
ce nom, je ne veux pas avoir l’air d’en prendre un autre comme bouclier ». La pièce est créée le 20
avril 1934 au Théâtre Saint-Georges avec Pierre Blanchar, Madeleine Lambert et Carette.
( Une reprise aura lieu en octobre 1947 au théâtre Sarah Bernhardt, en même temps que Boléro
au Théâtre Edouard VII ). C’est la romantique histoire d’un anarchiste poursuivi par la police, qui vient
se cacher chez une femme du monde donnant ce soir-là un raout. Elle le cache, l’héberge et en
tombe amoureuse. Mais l’industriel, amant en titre, découvre la présence de l’anarchiste. La femme
devra accepter d’épouser l’industriel en échange de son silence. L’amant de quelques jours pourra
alors partir libre. La presse sera excellente, malgré les articles précédents de l’auteur qui
démolissait certains spectacles. On lui reprochera toutefois d’avoir choisi un sujet pas très original.
À la question « Pourquoi n’avoir pas interprété vous-même la pièce », il répondra : « Pour être
constamment le dramaturge et le comédien, eh bien, il faut être Sacha Guitry. Voilà ».
Parallèlement, il est critique dramatique du cinéma dans Le Canard enchaîné, succédant à
Henri Jeanson ( qui signait Huguette ex-micro, par dérision envers Huguette Duflos qui jouait sous
le nom d’Huguette ex-Duflos ). Sa plume acérée, trempée dans le vitriol, y fera des ravages pendant
trente ans. Il sévira aussi dans Marianne. Ses articles écrits à coups de couteau le brouilleront méthodiquement avec toutes les vedettes de Paris. « Ce qui ne m’a jamais empêché de les retrouver
dans mes pièces chaque fois que j’en ai eu besoin ». Il n’a pas hésité à écrire, concernant Raimu :
« Le génie était tombé aux mains d’un crétin ». Michel Duran prendra un jour la défense de la critique,
dans Comœdia, le 15 avril 34 : « Il y a quelques années, n’importe quel navet joué par des
médiocres était sûr d’aller au-delà de la 200ème, comme n’importe quelle croûte était sûre de se vendre
sur le marché de Montparnasse. Aujourd’hui, grâce au ciel, le public est plus difficile, mieux averti,
peut-être par la place de plus en plus grande que prend dans la presse la critique. Sacha
Guitry comparait l’autre jour la critique à un eunuque au milieu du sérail. Je ne suis pas de son avis
et, pour ma part, j’ai, à diverses occasions, reçu des avis dépourvus d’aménité dont j’ai été heureux de
faire mon profit ».