Et c’en était fini aussi de Jean Genet, auteur dramatique. « Le goût du théâtre, avouera-t-il plus tard, m’a passé. Les quatre ou cinq pièces que j’ai écrites sont plus ou moins incertaines. J’ai perdu tout contact avec elles ».
Dépressif, malheureux, en mai 1967, après avoir signé son testament dans lequel il interdisait la représentation de ses pièces pendant une durée de trente ans, Jean Genet, tenta de se suicider dans un petit hôtel de Domodossola, à la frontière franco-espagnole.
Passionné de luttes contre la misère, les injustices et les exclusions dans le monde, Genet sera désormais de tous les combats. On le retrouvera à Paris en 1968, défilant avec des étudiants, puis manifestant auprès de Jean-Paul Sartre, Marguerite Duras, en faveur des immigrés maghrébins.
Il sera à Chicago militant contre la guerre du Viêt Nam. Il se fera conférencier à travers les universités des U.S.A pour défendre la situation des noirs américains

Jean Genet et Elbert Big Man Howard 1er mai 1970
à un meeting des Black Panthers
(photo David Fonton/Getty images)
in Lire décembre 2010
Il se rendra à l’invitation des Palestiniens et prendra fait et cause pour eux.
Arrivé en Jordanie en novembre 1973, Genet se fera expulser comme provocateur. Il rentrera en France et s’impliquera dans tous les débats politiques.
Alors qu’il se remet à écrire sans grand enthousiasme, son œuvre est publiée en collection Folio.
En septembre 1977, dans un article paru dans Le Monde, Jean Genet défend l’action de la Fraction Armée Rouge et suscite un nouveau scandale.
En 1979, Jean Genet est atteint d’un cancer de la gorge. Après deux années de traitement aux antimitotiques, il connaîtra une rémission de son mal et entreprendra la rédaction d’un scénario, inspiré de la maison de correction de Mettray.
Après un voyage en Grèce, Genet s’installe au Maroc. Puis il retourne au Moyen-Orient où il assista aux massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila par des phalangistes chrétiens soutenus par l’armée israélienne.
En 1985, quoiqu’il en ait décidé, Jean Genet autorisa Patrice Chéreau à remonter Les Paravents au théâtre des Amandiers. Presque vingt ans étaient passés depuis la création. La pièce n’avait plus la même résonance auprès du public. Ayant assisté à une représentation, Genet écrivit au jeune metteur en scène: « Il m’était bien agréable, hier, de voir Les Paravents, arraché à ma vision et placé sous la vôtre, même si j’avais quelquefois l’impression d’être un peu torturé, de subir quelques sévices, ne vous méprenez pas : j’étais très heureux… Aujourd’hui, je vous aime beaucoup ».
À la suite de ce spectacle, Jean Genet reçut le Grand Prix national des Lettres.
Après un dernier voyage au Moyen-Orient puis en Grèce, il se remit à l’écriture de son roman Un Captif amoureux. C’est alors qu’il fut confronté à une rechute du cancer. Ses jours étaient désormais comptés.
Courageusement, Genet acheva son livre et tandis qu’il retravaillait de nouveau le texte de Haute Surveillance à l’intention d’un jeune metteur en scène, Michel Dumoulin, il apprit que sa pièce Le Balcon venait d’entrer au répertoire de la Comédie Française pour être mise en scène par Georges Lavaudant.
Le 11 avril 1986, Jean Genet s’éteignit à Paris dans une petite chambre d’hôtel du XIIIème arrondissement.
Il est enterré, selon son désir, au Maroc, dans le vieux cimetière de Larache, face à la mer.
La Fraction Armée Rouge ou Bande à Baeder: une organisation terroriste allemande d’extrême gauche ( 1968 -1998 )
Lettre du 18 septembre 1985