« Ma ville natale est Bellac, Haute - Vienne. Je ne m’excuserai pas d’y être né. Je ne m’excuserai pas davantage de n’avoir connu de grande ville qu’à ma majorité et de n’avoir passé ma jeunesse que dans cinq villes dont aucune ne dépassait cinq mille habitants. Les profits de ce stage ont été incalculables. En somme, je n’ai jamais été moins du cinquième millième de chacune des agglomérations humaines dans lesquelles j’ai vécu, et deux fois, moins du millième. Cela assure à un enfant son volume et plus de confiance dans sa vie ». Ainsi s’exprimait, une soixantaine d'année plus tard, Hippolyte-Jean Giraudoux né le 29 octobre 1881.
Second fils d’un père fonctionnaire et d’une mère très tendre et très attentionnée, le jeune garçon, gâté par les siens, découvrit une vie heureuse dans la maison de son grand-père, vétérinaire à Bellac.

La mère de Jean Giraudoux
in Giraudoux par lui-même Éditions du Seuil 1954
Coll. part.
Deux ans plus tard, son père, Léon Giraudoux, fut muté à Bessines, commune sise à trente kilomètres de Bellac. Toute la famille déménagea mais elle se faisait un plaisir de revenir le plus souvent possible passer ses vacances à son point d’attache.
Dès l’âge de quatre ans, Hippolyte-Jean apprit à lire sur les genoux de sa maman. Elle lui enseigna, ainsi qu’à son frère aîné, Alexandre, les fables de Jean de La Fontaine, - La Fontaine qui faisait l’orgueil des Bellacquais pour avoir séjourné dans leur ville.
En 1890, L. Giraudoux fut nommé percepteur à Pellevoisin, jolie petite ville du département de l’Indre. Nouveau déménagement. Cette fois le jeune Hippolyte-Jean fréquenta l’école primaire où il se montra un excellent sujet et, à onze ans, se classa premier élève du canton à l’examen du certificat d’études.
Une fois encore, un an plus tard, la famille Giraudoux dût plier bagages pour s’installer, cette fois, dans le département de l’Allier, à Cérilly où Jean fut inscrit au collège.

Jean Giraudoux
in Giraudoux par lui-même Éditions du Seuil 1954
Coll. part.
Boursier en 1893, l’adolescent entra, interne, au lycée de Châteauroux. L’élève fut le plus brillant de sa classe dans toutes disciplines. Il raflait , non seulement, les prix d’excellence, de français, de latin, de grec, d’histoire, mais, membre de la société sportive La Lycéenne, il remporta le championnat du quatre cents mètres. Par ailleurs, l’adolescent, trouvait un grand plaisir à l’écriture et tout particulièrement à composer des scénettes, ainsi fut-il, à 17 ans, l’auteur d’une petite comédie de salon, intitulée La Rosière de Chamignoux dans laquelle l’influence d’Alfred de Musset n’était pas étrangère :
« Dites-moi étoile
S’il est sous vos voiles
De quoi caresser
Dites-moi la terre
Si notre misère
Va bientôt passer »

Couverture du programme de La Chaisière de Chamignoux
in Giraudoux par lui-même Éditions du Seuil 1954
Coll. part.
Être un brillant sujet se paye. Jean dût quitter sa chère province, afin de pouvoir poursuivre des études supérieures : « J’achevais ma rhétorique, quand un proviseur de Paris m’offrit son lycée. J’hésitais, Paris ? Bien peu m’importait alors qu’on plaçât autour de ma classe trois millions de gens en plus. Mes maîtres s’étonnèrent de mon indifférence et m’obligèrent à les abandonner. »
Mais joie ! à Paris, l’étudiant Giraudoux découvrit les plaisirs qu’offrait la capitale : les théâtres de l’Opéra Comique, de la Comédie Française, de l’Odéon, du Vaudeville, du Théâtre Antoine, les musées mais aussi le Parc des Princes.
Après avoir obtenu le premier prix de grec au Concours Général, il termina sa seconde année d’hypocagne avec le Prix d’excellence. Reçu à l’ École Normale Supérieure, il dut en différer l’entrée pour accomplir son service militaire au 98ème régiment d’Infanterie de Roanne.
Libéré de ses obligations envers la Patrie, il rejoignit l’école de la rue d’Ulm. Après avoir obtenu une licence de Lettres, avec mention « bien », il fut diplômé d’études supérieures d’allemand et sortit premier de Normale Sup. Il obtint alors une bourse d’études pour l’université de Munich et, lors de son séjour dans cette ville, devint, répétiteur du fils du prince de Saxe.
1906-1907 Après avoir signé un premier conte dans la revue Marseille-Étudiant, Jean Giraudoux publia trois articles dans la revue Athena Puis, il se présenta à l’agrégation d’allemand. Pour une fois, il échoua !!! mais décrocha un poste de lecteur à l’Université d’Harvard, pour la durée d’ une année.
Jean Giraudoux Littérature 1941
Jean Giraudoux Simon le Pathétique 1918