Association de lalogoRégie Théâtrale  
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Une vocation privilégiée

Sans se décourager le moins du monde, Guillaume se tourna vers le journalisme. Il signa des articles pour Marie France, Le Paris des Parisiennes, Télé 7 jours et surtout pour Paris-Match dont il était devenu l’un des principaux rédacteurs. De plus il assumait de régulières émissions à Radio Luxembourg.

Bientôt, il divorça pour épouser en 1950 l’excentrique Alice Sapritch,  de quatorze ans sa cadette.

Alice Sapritch et Guillaume Hanoteau
Alice Sapritch et Guillaume Hanoteau
in Paris-Théâtre n°110

(photo DR)
Collections A.R.T.

L’année précédente , Guillaume avait rencontré un comédien- metteur en scène, débutant, Michel de Ré. Petit-fils du Maréchal Galliéni dont il porta le nom jusqu’au jour où ses parents voulurent de toute force en faire, lui aussi, un officier. Reprenant alors les paroles de Boris Vian, le jeune révolté s’écria : « Je ne suis pas sur terre pour tuer de pauvres gens ! » 1 mais, ajouta-t-il, « pour les distraire ».

Michel renia alors sa famille, échangea le glorieux nom de Galliéni pour celui de de Ré en hommage à l’île qu’il appréciait beaucoup.

La première pièce de Guillaume Hanoteau fut mise en scène par Michel de Ré et créée le 18 juin 1949, au Théâtre du Vieux-Colombier. Elle s’intitulait : La Tour Eiffel qui tue, 2 une charge sévère contre les élèves de l’X. N’oublions pas que le grand père et le père de Guillaume avaient été de brillants élèves de l’école polytechnique. On pouvait comprendre alors que Michel de Ré ait été attiré vers cet auteur, de dix-sept ans son aîné, dont la devise était, à n ‘en point douter, la même que la sienne : « Famille, je vous hais ! ». 3

Jeannine Grenet, Michel de Ré et Alice Sapritch
La Tour Eiffel qui tue
Jeannine Grenet, Michel de Ré et Alice Sapritch

(photo Lipnitzki)
fonds Michel de Ré
Collections A.R.T.

Avant de reprendre La Tour Eiffel qui tue le 5 mai 1953, au théâtre du Quartier Latin dont il était devenu le directeur, Michel de Ré avait monté : Treize pièces à louer, réunissant sur la même affiche treize sketches de sept auteurs différents dont Henri Duvernois, Steve Passeur, etc... et bien évidemment, Guillaume Hanoteau faisait partie du lot. Trois de ses pièces en un acte : Le Grand comédien, La Postérité et La Vue noire furent mises en scène. Le public s’amusa beaucoup et la critique ne manqua pas d’éloge envers ce curieux spectacle qui, selon Pierre Berger « demandait à être loué » et ajouta « ... et voilà qui est fait ». 4

Entre temps, accompagné de son épouse Alice, Guillaume fréquentait régulièrement le quartier Saint-Germain des Près, ses boîtes de jazz et ses bistrots célèbres. Tous deux étaient devenus des familiers de Jean-Paul Sartre, Simone de Beauvoir, Juliette Greco, Mouloudji, Boris Vian, Les Frères Jacques, etc...

En 1950, Guillaume Hanoteau composa une comédie musicale Les Nuits de Saint-Germain des près sur des airs de Georges Van Parys, et un accompagnement de Boris Vian. Bientôt se sentant une âme d’écrivain, il éprouva le besoin de partager ses joyeux souvenirs. Il écrivit un délicieux petit livre, d’une soixantaine de pages, intitulé L’Âge d’Or de Saint-Germain des Près. illustré de nombreuses photos. Certes il ne manquait pas d’ouvrages sur le sujet, mais celui-ci exprimait une chaleur, un plaisir tels que le lecteur, qui avait fréquenté les bars et les caves du quartier, retrouvait ses sensations d’alors et que celui, qui n’avait pas vécu cette heureuse période, regrettait fort de ne pas l’avoir connue.

Puis, en 1951, l’auteur dramatique se remit au travail pour la scène et créa : La Belle rombière en collaboration avec le dramaturge Jean Clervers. La comédie affichée au théâtre de l'Œuvre sera reprise sous le titre Les Enfants du pirate, au théâtre de Renard puis au théâtre du Gymnase par une jeune compagnie théâtrale.

La Belle Rombière
La Belle rombière
Jacques Jouanneau, Jacques Fabbri et Jean-Marie Amato

(photo Roger-Viollet)
fonds Georges Vitaly
Collections A.R.T.

Viendra en 1952  la comédie La Grande Roue qu’accompagnait, une fois encore, une musique originale de G. Van Parys. Le spectacle fut applaudi au Théâtre Saint Georges, de même que La Grande oreille, affiché, l’année suivante, dans le même théâtre.

Georges Van Parys et Georges Vitaly
Georges Van Parys et Georges Vitaly
(photo George Henri)
fonds Georges Vitaly
Collections A.R.T.

Le 25 octobre 1955 fut montée, au théâtre Gramont, Le Quai Conti 5, une nouvelle satire, quelque peu burlesque, signée Guillaume Hanoteau. Cette pièce fustigeait l’Académie Française. On ne pouvait oublier que l’aïeul de l’auteur en avait été un membre correspondant. Encore un camouflet de Guillaume à sa famille... En dépit de son insolence, la pièce reçut le Prix Molière 1956.

Le Quai Conti
Le Quai Conti
Georges Audoubert, Guy Pieraud, Jean-Pierre Marielle et René-Louis Lafforgue

AVANT
(photo DR)
Collections A.R.T.

Le Quai Conti
Et APRÈS...
in Paris-Théâtre n°110

(photo DR)
Collections A.R.T.

En 1957, Véra Korène, ancienne sociétaire de la Comédie Française, mit en scène dans son théâtre de la Renaissance Les Voyageurs égarés. 6

Les Voyageurs égarés
Collections A.R.T.

L’année suivant, le Théâtre des Arts afficha De sept heures à sept heures signée de Guillaume Hanoteau et Philipe Georges. Il s’agissait d’une comédie inspirée de l’auteur britannique Robert Cedric Sherriff.

De sept à heures
De sept heures à sept heures
Yves Deniaud et Janine Crispin

in Programme original
Collections A.R.T.

Enfin, sollicité par Pierre Sabagh, responsable de la célèbre émission Au Théâtre ce soir, Guillaume Hanoteau composa : Jérôme dans les nuages que Jacques Mauclair mit en scène. 7

Jérùome dans les nuages
Jérôme dans les nuages
Décor de Jean-Pierre Clech

Site d'Au Théâtre ce soir

Depuis quelque temps le couple Hanoteau-Sapritch ne s’entendait plus. Ils divorcèrent en 1970. Alice se montra alors malheureuse et très jalouse d’Amarande, cette charmante, pétillante et jeune comédienne dont son époux s’était épris.

1 cf Le Déserteur Chanson de Boris Vian
2 cf Quelques pièces
3 André Gide  Les Nourritures terrestres
4 Paris-Presse - l’Intransigeant 24 avril 1951
5 cf Quelques pièces
6 cf Quelques pièces
7 Emission retransmise le 7 juillet 1978 sur la première chaîne

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