Mais revenons à la chronologie. Husson donne, en 1953 Les Pavés du ciel. Lasse d'être une femme trompée, Lucile, d'un coup de pistolet, foudroie son mari Henri, mais pas plutôt défunt, Henri semble se ranimer, lorsque paraît un étrange visiteur, venu du ciel ou de l'enfer. Comme il est décédé d'une mort violente, Henri a droit à une réincarnation. Hélas, ayant très mal vécu, il ne peut que se réincarner en un objet, un secrétaire Louis XV. Bien que défendue par deux vedettes, Micheline Presle et Jean-Pierre Aumont, la pièce ne rencontre qu'un succès mitigé. Le public français, particulièrement cartésien, adhère mal à tout ce qui est irrationnel.
HUSSON va très vite payer La Cuisine avec un four dont l'importance n'aura d'égal que le triomphe des bagnards. Il raconte : « À deux jours et à 1000 kilomètres de distance, se sont jouées La Nuit du 4 août et L'Ombre du cavalier. La première au théâtre Édouard VII, à Paris, le 24 février 1956, la seconde au Palais de la Méditerranée à Nice… Cette Nuit, à qui la critique fit un accueil touchant d'unanimité, dans l'exécration, hélas ! » L'action se situe dans un bar de la rue Lepic en 1920, et conte l'histoire d'un jeune duc aux prises avec une fille légère et des truands, qui, d'ailleurs, ne le sont pas. « Ce thème absurde, mais léger, est développé avec lenteur, avec lourdeur » (Paul Gordeaux – France-soir) « La pièce m'a ennuyé autant que répugné » (Robert Kemp – Le Monde) « C'est une erreur à peine concevable » (Gabriel Marcel – Les Nouvelles Littéraires).
Quant à L'Ombre du cavalier, mi dramatique mi plaisant, pièce romantique écrite bien avant La Cuisine, elle rencontre un chaleureux accueil de la part des critiques lyonnais et niçois. Elle ne sera malheureusement pas présentée à Paris. Sans doute parce que les deux rôles principaux étaient tenus par Julien Bertheau et Denise Noël, tous deux sociétaires de la Comédie-Française, le statut de la grande maison interdisant à leurs sociétaires de jouer sur une autre scène parisienne que celle de la place Colette.