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Insuccès et adaptations

Albert HUSSON revient vite à la comédie avec Les Pigeons de Venise présentée le 8 novembre 1957 au théâtre Michel après avoir été créée à Lyon, dans une mise en scène - et avec Louis Ducreux ; Tandis qu'il était à Rome, l'auteur, occupé par la réalisation d'un film avec Blasetti, a lu dans un quotidien un abominable fait divers contant les malheurs par où était passé un couple de pauvres amoureux victimes d'un individu retors. Husson avait là le sujet d'une comédie qui sera beaucoup moins noire que l'anecdote et qui conte l'histoire d'un touriste qui, par dépit amoureux, s'emploie à brouiller les couples qu'il attire dans ses filets. Critique sympathique sans plus pour cette pièce pleine de poésie et d'humour, critique qui reconnaît néanmoins que l'auteur « s'est inscrit parmi les gentils amuseurs, les conteurs souriants et faciles » (Robert Kemp – Le Monde) qu'il « a su éviter les vulgarités, a su trouver un tour à la fois tendre et frais qui n'est point désagréable à l'oreille » (Pierre Marcabru – Arts).

Les Pigeons de Venise d'Albert Husson
Collection A.R.T.

L'auteur pratique à nouveau l'alternance avec une pièce historique qui succédera aux Pigeons. Le 20 juin 1958 Claude de Lyon est créée au théâtre antique de Fourvière. C'est une page dramatique de l'histoire romaine, allant du règne de Caligula à la mort de Claude et réhabilitant ce dernier, lettré, libéral mais pitoyablement faible, lâche parfois jusqu'au ridicule et cependant grand empereur. La pièce est reprise à Paris en octobre 1961 au petit théâtre du Tertre et suscite une critique unanimement louangeuse. Elle était précédée d'un acte L'Impromptu des Collines.

En février 1959, première au théâtre Fontaine de La Copie de Madame Aupic, dont l'intrigue fut imaginée par Gian Carlo Menotti, sur le thème de Pygmalion. Un peintre a l'idée de ressusciter sur la toile un amour de jeunesse. Mais réapparaît la vraie madame Aupic qui a vingt ans de plus et ne se ressemble plus. Reconnaissant que la pièce est incroyable et artificielle, la critique admet néanmoins des instants délicats de rêve et d'émotion, signalant, dans son unanimité, que le sujet se prêtait bien plus au style romanesque que théâtral. Husson est alors attaqué par une dame Aupic qui s'insurge que son nom soit porté par un personnage discutable. L'auteur sera accroché de la même façon, quelques années plus tard, lors du Système Fabrizzi par une dame Sartori, nom de l'héroïne de la pièce. L'auteur répond à chaque attaque : « C'est une coïncidence qui se produit fréquemment. Mais on n'en fait pas toujours des histoires. Par exemple, mes parents n'ont jamais rien dit à Guy de Maupassant lorsqu'il a publié Le Rosier de Madame Husson ».

Ce Système Fabrizzi, qui déclencha l'ire de Madame Sartori, est monté au théâtre Moderne (Petit théâtre de Paris) le 4 octobre 1963 par Sacha Pitoëff et sa compagnie. On trouvera plus loin résumé et critiques de la pièce qui connaît un grand succès de presse et de public. Elle sera jouée 500 fois et l'auteur abandonnera le Secrétariat Général du théâtre des Célestins.

Sa dernière œuvre originale sera donnée à la Michodière le 20 février 1969 : La Paille humide. L'intrigue se déroule dans une petite ville de province française pendant la révolution de 1848. Pour échapper aux femmes qui le poursuivent, Nicolas se fait mettre en prison pour être tranquille et écrire un opéra sur une nouvelle comédie de Mérimée, Carmen. Or, pendant la révolution, les portes de la prison ne cessent de s'ouvrir et de se fermer. Les épouses des hommes politiques, coupables à tour de rôle, se sentent seules quand ils sont mis sous clé, alors elles tombent toutes sous le charme de Nicolas.

La Paille humide d'Albert Husson
Collection A.R.T.

La pièce connaît un échec et marque la fin de la création originale de l'auteur qui, dès lors, se consacre uniquement aux adaptations. Il en signera en effet une trentaine, égalant par là Marc-Gilbert Sauvajon, le maître incontesté du genre.

Albert Husson s'éteindra le 16 décembre 1978, à l’âge de soixante-six ans, ayant, toute sa vie érigé la discrétion en ligne de conduite. André Roussin conclura : « Un auteur dramatique n'a guère besoin d'être enrubanné et mis sur un piédestal. Ses pièces sont connues ou elles ne le sont pas et le commentaire le plus louangeur a moins de prix qu'un titre dont chacun se souvient ». 1

La Cuisine des anges restera toujours dans la mémoire du public.

1 L'Avant-Scène n° 300 – décembre 1963.

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