Pièce en deux actes, créée le 18 décembre 1956, au théâtre de l’Atelier, interprétée par Jacques Duby, Marcel d’Orval, Pierre Mongeais, Jacques Ramade, Françoise Favier, Edith Perret, Solange Certain, Brigide Barbier, Madeleine Barbulée, Gabrielle Fontan, Jacques Dynam, Dominique Davray, Marcel d’Orval, Léon Larive, Marguerite Cassan Robert Vattier, mise en scène d’André Barsacq, décors de Jacques Noël.
Analyse
Le jeune Émile Maugis était ce qu’on peut appeler « un pauvre type », à la fois jaloux et admiratif des apparentes réussites de ses concitoyens jusqu’au jour où il découvrit que ces succès n’étaient le plus souvent que vantardises et mensonges. Il décida alors de jouer le jeu. À son tour il devint plus monstrueux encore que les autres jusqu’au point de tuer son épouse et de faire condamner l’amant de celle-ci, à sa place.
Critiques
« Quand Maugis était pur, l’œuf lui résistait, qu’il se montre abject, la Société lui ouvre les bras et lui offre sa protection, Elle élève Maugis au rang d’intéressante victime (…) La seconde partie est moins aisée, moins brillante, moins sympathique que la première. Celle-ci faisait table rase des illusions, mais c’était une démolition. La noirceur un peu grimaçante du second volet ramène aux faits divers. Dommage ! ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro 19 décembre 1956
« …selon l’auteur L’Œuf ne s’ouvre, la société n’est accueillante qu’aux forbans et aux assassins. Rarement vit-on sur scène démonstration plus navrante ».
Jean Vigneron La Croix 9 janvier 1957
« Si l’auteur a voulu que le destin de son personnage soit à la mesure d’une médiocrité qui condamne notre temps plus que lui –même, il ne peut faire que de nous, spectateurs, n’ayons éprouvé quelque déception de nous retrouver en dernier lieu sur les terres du cocuage vaudevillesque et des tribunaux comiques ».
X … France Observateur janvier 1957
« Premier contact avec l’amour, avec le travail, avec le chômage, avec la fonction publique, avec le mariage, avec l’adultère avec le crime impuni qui brise enfin la coquille de L'Œuf. C’et l’apprentissage de la vilenie, de la médiocrité, sous tous ses aspects. Le message est un peu sombre et la vision du monde qu’a Félicien Marceau n’est guère réconfortante ».
Jean Guignebert Libération 19 décembre 1956
« Il s’agit tout bonnement de l’absurdité du monde et de l’angoisse du monde et c’est rendre hommage à l’auteur que de nous dire qu’on ne s’en aperçoit guère (…) Pour une fois « le clin d’œil au public » est en effet de l’art et une preuve de discrétion ».
Guy Verdot Franc-Tireur 19 décembre 1956
« Si le cinéma français se mettait un jour a avoir autant d’humour qu’en a parfois le théâtre, nous aurions notre Buster Keaton, nous aurions notre Alec Guiness. C’est indubitable ! ».
Robert Treno Le Canard enchaîné 3 janvier 1957
« Félicien Marceau que l’on félicitait pour sa 600ème fit remarquer qu’en vérité L’Œuf en était à sa 4000 ème car douze pays l’ont joué et le joue encore. Rien qu’en Allemagne, cinq troupes régulières l’ont inscrite à leur répertoire et l’interprètent plusieurs fois par semaine en alternance avec des classiques ».
X… France-Soir 4 janvier 1959
LA PREUVE PAR QUATRE
Pièce en deux parties, créée le 3 février 1964, au théâtre de la Michodière, interprétée par François Périer, Régine Lovi, Nicole Maurey, Claude Simonet, Robert Deslandes, Madeleine Barbulée, Léo Peltier, Jea-Pierre Marielle, Albert Rémy, Françoise Petit, Michelle Bardollet, Martine Messager, Palau, Odile Mallet, mise en scène par Félicien Marceau.
Analyse
Homme d’affaires par excellence, Arthur Darras semblait réussir au mieux sa vie. Eh bien non… Il voudrait être totalement heureux en amour.. Aimer une seule femme c’était agréable, certes mais c’était réducteur, alors que s’il cloisonnait il pourrait jouir des qualités de chacune de ses amantes et il serait ainsi parfaitement heureux...! Avec Lulu, il s’adonnerait à la luxure, à la jeune et douce Mimi il offrirait sa tendresse, il ne manquerait pas de romantisme, avec son épouse Caroline dont il appréciait la chère présence et serait très attentionné envers sa parfaite secrétaire. Ainsi connaîtrait-il l’amour au grand complet. Mais ses amoureuses avaient elles aussi leur exigences : la femme tendre était affamée de luxure, la femme impudique rêvait de tendresse et l’épouse souhaitait un mari fidèle… Alors pourquoi ne pas louer une garçonnière pour y recevoir Jacqueline, une nouvelle conquête.
Critiques
« Un comique franc comme l’or. Et qui n’hésite pas à philosopher un bri ; On dira : c’est de la philosophie chansonnière. Sans doute. Mais c’est d’abord de la philosophie farceuse. Le ton de Marceau est là : il ne marchande pas son humour. ( …)Le tout sans un sourire, sans une pirouette, avec une gravité d’acier. En farceur froid ».
Pierre Marcabru Paris-Presse
« Une pièce qui divertit surtout par sa forme. Comédie qui pourrait se couler dans le moule traditionnel, mais l’auteur, répudiant la coupe des trois actes subit l’influence du cinéma ; il morcelle son scénario en tableaux à l’intérieur desquels, il ménage encore des plans différents et passe instantanément de la narration à l’action parfois sans le secours d’aucun artifice simplement parce que deux personnages qui se figent dans un coin, cessent d’exister à nos yeux tandis que d’autres venant au premier plan ( on serait tenté de dire ‘’en gros plan’’) continuent à jouer ou même prennent un relief nouveau dans un autre temps ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro
« Construction raffinée, dialogues qui éclaboussent l’esprit du spectateur. Marceau nous projette dans une sorte de stalom de la gaité, qui nous fait passer allégrement les portes de l’amertume et de la satire. Sensible, émouvant même, une totale réussite ».
Maurice Toesca Démocratie 64
« C’est une idée à la Marivaux.Mais M. Marceau la traite à sa façon, c’est-à-dire avec cent péripéties cocasses, des personnages épisodiques et savoureux. (…) Bref, voilà une pièce très réussie, pleine de feux d’artifice, et qui veut toujours dire quelque chose ».
Jean Dutourd France-soir
L'HOMME EN QUESTION

Collections A.R.T.
Pièce en deux parties, créée le 3 novembre 1974, au théâtre de l’Atelier, interprétée par Bernard Blier, Martine Sarcey, Paul Cambo, Pean-Pol Brissant, Michel Dacquin, Jacques Ramade, Jacquelibe Parre, Bernard Xharlan, Paulette Frantz, Danièle Huet, Annick Blancheteau, Bernard Murat, Sylvine Delanoy, Jean Gouley, Anna Gaylor, Martine Couture. Mise en scène de Pierre Franck, décors de Jacques Noël.
Analyse
Un soir d’insomnie, le politicien Édouard Jaume cherche son jeu de cartes pour entamer une réussite quand apparaît devant lui une jeune et jolie jeune femme qui est en réalité sa conscience. Avec elle il revit ses souvenirs, son premier amour, son mariage, son premier emploi. Puis il en arrive à l’époque actuelle, le poids des impôts, les charges qu’impose la politique, et bientôt il doit avouer à sa conscience l’amour exclusif qui a pour sa fille Nathalie, dont il méprise l’époux. Ce dernier est très malheureux et finit par se pendre. Édouard croit avoir récupérée Nathalie, mais celle-ci ne pardonne pas à son père d’avoir brisé si brutalement son mariage C’est alors qu’Édouard a l’honneur d’apprendre qu’il est nommé Ministre. Sa conscience alors disparaît.
Critiques
« Avec L’Œuf, Félicien Marceau avait inventé un nouveau genre littéraire : le roman-théâtre. L’univers romanesque éclaté sur la scène, est recomposé sous nos yeux pièce par pièce comme un puzzle (…) C’est le héros de L’Œuf, Mais, vingt ans après. Il a pris du ventre, du poids, de l‘âge. Il commence à avoir un passé. Bernard Blier lui donne son épaisseur charnelle ».
Pierre Marcabru Paris Presse
« Une pièce de Félicien Marceau c’est presque toujours un grenier d’enfants, il y a l’exquis et le laid, mais aussi le meilleur et le pire en ce sens que certains épisodes, j’allais dire certains paragraphes qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à des sketches de revue de cabaret de chansonniers et qui nous gênent par leur platitude pourraient être coupés sans nul inconvénient. Exemple : le long béquet sur les impôts. À côté de cela nous vivons les meilleurs moments de la soirée ; les passages presque douloureux avec la fille du héros, les scènes cocasses et féroces avec le pauvre gendre (…) Mais j‘ai oublié de vous dire que si le fond de le pièce est grave, l’art de Félicien Marceau est de nous faire rire ».
Jean-Jacques Gautier Le Figaro
« Selon la manière coutumière de l’auteur, la comédie faite de scènes courtes, de monologues et de petits sketches pourrait être sombre - en fait elle es grinçante - mais bien qu’il se défende de le faire exprès, Félicien Marceau nous fait rire à tous les tournants de scène ».
Jean Mara Minute
« La pièce de Félicien Marceau irritera ceux qui sont partisans du théâtre « à faire » que la spectateur assemble comme un jeu de mécano ( l’on connaît la vogue actuelle du bricolage ) C’est à l’inverse un théâtre parfaitement conscient, lucidement organisé qui sait où il va ».
Jean Le Marchand Le Quotidien du médecin
« Depuis L’Œuf, Félicien Marceau n’avait pas écrit une pièce aussi forte, aussi touchante. Son « homme » si pitoyable se débat avec un tel courage, dans un tel lacis de truquage, de passion et de tristesse qu’on ne saurait lui refuser commisération. C’est « un égorgé » dessiné avec une précision poignante ».
Paul Chambrillon Valeurs actuelles
«… Œuvre de moraliste donc, en définitive et qui pourrait, qui devrait en inciter beaucoup à un salutaire retour sur eux-mêmes, avant que ne leur soit appliquer le mot familier de Veuillot : « Il est arrivé… mais dans quel état ! ». Cet état lamentable, fangeux, quasiment irrémissible, c’est le mérite de Bernard Blier de l’assumer jusqu’au terme sans complaisance masochiste mais avec un stupéfiant et louable mélange de geignardise et de roublardise tantôt à plaindre tantôt à blâmer à telle enseigne qu’il faut vraiment être « une conscience » pour ne pas s’y laisser prendre ».
Jean Vigneron La Croix