La santé de Roger commençait à se dégrader et les visites chez le cardiologue se faisaient fréquentes. Il met en chantier un nouvel ouvrage intitulé tout d’abord 27 de tension qui deviendra Le Condamné. Achevée en 1951, la pièce sera radiodiffusée le 29 novembre 1951.
1950 sera l’année du mariage. Roger n’épousera pas Léo, mais Anne, la jeune demi-sœur de cette dernière.

Anne Vitrac
(photo DR)
fonds Roger Vitrac
Collections A.R.T.
Quelques mois plus tard, Vitrac s’adonne une pièce toute autobiographique, rappel de son enfance. Comme dans Le Coup de Trafalgar, le personnage principal s’appellera Mr Dujardin mais cette fois-ci il aura pour prénom Edouard. Ce n’était pas un hasard, mais un clin d’œil ironique au véritable Edouard Dujardin, ami de Stéphane Mallarmé, écrivain apprécié des Symbolistes. Le personnage recréé par Vitrac est à la fois naïf, farfelu, pleutre et hâbleur. Au milieu de ce monde mesquin et méprisable, Simon, un petit garçon d’une dizaine d’années, essaye de vivre. Le manuscrit aura pour titre : Le Sabre de mon père.

Le Sabre de mon père
À l'extrême gauche, Sophie Desmarets, de dos, Pierre Dux
(photo DR)
Collections A.R.T.
voir l'intégralité du programme
La pièce sera affichée au Théâtre de Paris, le 17 février 1951. Elle n’obtiendra pas le succès espéré. Le lieu ne lui était sans doute pas propice. Il lui aurait fallu être montée dans un plus petit théâtre, l’Atelier par exemple. La grande salle du Théâtre de Paris, séparée de la trop vaste scène par une fosse d’orchestre, ne facilitait pas les échanges entre acteurs et spectateurs. La communication ne passait pas, le public demeurait indifférent. La pièce ne tint l’affiche que pour les trente représentations, syndicalement obligatoires.

« Une
pensée ? Où la trouver ? ma pauvre Ginette. Vous savez bien qu'aujourd'hui Mauriac pense pour tout le monde. Pourtant, il a trouvé Le Sabre de mon père impensable. Un os ? Non, un pense-bête. Qu'en pensez-vous ? Je vous embrasse »
Roger Vitrac à Geneviève Latour 1952
Autographe
Coll. Geneviève Latour
Malade, Roger Vitrac n’écrira plus et s’éteindra le 22 janvier 1952, des suites d’une attaque d’hémiplégie. Il avait cinquante-deux ans.
Quand ses quelques amis assistèrent à son enterrement en l’église de la Madeleine, ils étaient loin de se douter que sa carrière d’auteur dramatique ne faisait que commencer et allait renaître de ses cendres, une dizaine d’années plus tard.

Jean Anouilh et Roger Vitrac pendant les répétitions de Victor
novembre 1946
(photo Lipnitzki)
fonds Roger Vitrac
Collections A.R.T.
Jean Anouilh se montra fort attristé par le décès de Roger Vitrac Il faut dire que ce dernier l’avait vivement encouragé à ses débuts et qu’il avait très bien accepté que pour écrire Ardèle ou la Marguerite, le jeune auteur se soit inspiré de son propre théâtre. Anouilh se sentait une dette vis à vis de son aîné et tint à lui rendre hommage en remettant en scène Victor ou les enfants au pouvoir. Ce fut fait au théâtre de l’Ambigu, en 1962. Le spectacle connut alors un très grand succès.

Victor en répétition 1962
(photo Lipnitzki)
fonds Roger Vitrac
Collections A.R.T.
Désormais, Roger Vitrac cessait d’être un auteur maudit. L’heure de la renaissance avait sonné.

Victor ou les enfants au pouvoir 1962
Décor de Jacques Noël
Coll. part. Jacques Noël
Cf. Quelques pièces