( Directeur du Théâtre de la Michodière de 1981 à 2015et historien du Théâtre, cet ancien journaliste depuis 1952, devient, à partir de 1958, le Secrétaire général des plus importants théâtres parisiens. Il anime de nombreuses émissions de radio dont les célèbres Cinglés du Music hall. Il est l’auteur d’articles et de livres qui font référence, parmi lesquels : Grandes heures du Théâtre à Paris (Perrin -1964) Moulin Rouge (1989) Folies-Bergère (1990 Prix du Boulevard), et plus récemment Mistinguett. Il collabore régulièrement à la revue d’Art Happy Few et est l’un des plus célèbres collectionneurs en matière de spectacle. Il est membre de l'A.R.T. et fait partie du jury depuis 1981. ( voir rubrique donateurs )

Novembre 1918. Le grand sculpteur grec Phidias a 2 408 ans ! Péricles reste dans son siècle et Aspasie, mineure, a toujours vingt ans ! Car toujours arpète chez Lanvin (avant J.C. bien entendu ) ! ! !
Et Phi-Phi voit le jour, ou plutôt les feux de la rampe, le 12 de ce mois. Si bien qu’aujourd’hui il convient de fêter ses 90 ans, étant le plus jeune des nonagénaires.

Maquettes originales des costumes de Pol Rab
Collection Jacques Crépineau
( photos DR )
Phi-Phi c’est toute ma vie de théâtre, ou presque, comme cela a été la joie de vivre des générations précédentes, et cela restera le bonheur d’être sur terre pour les générations futures. Car malgré elle, l’opérette Phi-Phi est apparue alors que l’Europe sortait du plus affreux carnage de l’histoire de l’humanité. On voulait non seulement oublier, mais seulement vivre et se dépêcher d’être heureux. Et Phi-Phi était la synthèse de tout ce que la philosophie nommait le bonheur. C’était, en sorte, la nouvelle « phi-philosophie »… révélée par Albert Willemetz. Car tout procède de lui. Non seulement Phi-Phi, mais toute l’opérette moderne qui devait faire paraître, la pourtant brillante opérette classique, comme une vieille lune. Si injuste que ce soit, c’est le temps en marche…
Depuis 90 ans, beaucoup de chroniqueurs ont trop insisté sur le « débutant » Willemetz lors de la première de Phi-Phi. Né à Paris en 1887, Albert Willemetz, parisien type et boulevardier accompli, avait débuté comme fonctionnaire au ministère de l’Intérieur : secrétaire particulier de Clémenceau. Lorsque, recommandé, il vint solliciter un emploi près le redoutable ministre, il arriva avec un quart d’heure de retard au rendez-vous. Ce qui attira à Albert Willemetz la réplique cinglante du futur Tigre : « Vous vous croyez déjà fonctionnaire ! » Cependant il fut agréé et sans doute son activité bureaucratique devait-elle lui laisser quelques loisirs, car il composa et fit paraître, avant la guerre, un recueil de poèmes et de nombreux contes et nouvelles dans divers périodiques parisiens. En 1916, il obtenait un succès au théâtre du Gymnase avec une revue, Tout avance et, en 1917, un triomphe au Palais-Royal avec Il faut l’avoir (il s’agissait de la victoire), en collaboration avec son ami Sacha Guitry. La même année, le jeune auteur était reconnu par la critique pour sa pièce Petite Reine, créée au Gymnase par Alice Cocéa ! Tiens, déjà ! Ces trois ouvrages à l’affiche n’étaient pas les seuls où parut alors le nom de Willemetz. Nous avions déjà affaire à un auteur connaissant son métier. La chance providentielle dont on a voulu couvrir Phi-Phi est hors de propos ; seuls comptaient le talent et le travail de son auteur qui allait devenir le maître du nouveau genre.
Je dis bien « son » auteur, malgré les deux noms à l’affiche : Albert Willemetz et Fabien Sollar. Le sujet de Phi-Phi a été fourni au premier par le second. C’est ce que Willemetz a toujours reconnu. Bien que Sollar, qui avait de hautes prétentions, préférât que l’histoire fût traitée en tragédie en vers pour l’Odéon, le genre racinien n’étant pas dans le caractère léger de Willemetz, celui-ci en fit une petite comédie gaie et assez leste, bien qu’en vers. L’arpète se nommait alors Galatée. Elle ne fut transformée en Aspasie qu’après l’introduction du personnage de Péricles dans la seconde version. Mais, écrivant déjà la légende de Phi-Phi, les auteurs prétendirent, plus tard, avoir trouvé le sujet et le personnage d’Aspasie par hasard en feuilletant le Larousse !
Qui était Fabien Sollar ? Une vieille relation d’Albert Willemetz, relation professionnelle, car Sollar avait été secrétaire général puis directeur des célèbres journaux Le Rire et Fantasio, auxquels le jeune fonctionnaire du ministère de l’Intéreur collaborait régulièrement. Or, j’ai découvert ce qui a échappé à tout le monde depuis quatre vingt dix ans : Fabien Sollar, dont Phi-Phi fut la première, la seule et dernière collaboration dramatique, n’était pour rien dans l’élaboration du sujet.. Celui-ci appartient à Arsène Houssaye, en un conte publié par Fantasio, n° 136 du 15 octobre 1911, lequel est extrait des Douze nouvelles nouvelles, livre déjà bien oublié alors que son auteur, Arsène Houssaye (1815-1896), directeurs des journaux l’Artiste et la Presse, avait été, grâce à la protection de Rachel, un brillant administrateur de la Comédie-Française de 1849 à 1856. Ses œuvres du second rayon sont d’ailleurs assez scabreuses. On trouve dans le conte la trame complète de Phi-Phi… que Fabien Sollar s’appropria.
À la fin de l’été, Gustave Quinson, directeur entre autres, du théâtre de l’Abri, ( ouvert en sous-sol pour se protéger des alertes aériennes ) n’avait rien pour succéder à une revue de Willemetz et Lucien Boyer qui tirait à sa fin. L’astucieux auteur proposa au directeur sa pièce, parfaitement dans l’esprit du théâtre… C’était déjà un coup de veine, que le hasard transforma très vite en chance… Quinson, aussi directeur des Bouffes Parisiens venait de connaître un four cuisant dans ce théâtre au début de saison et n’ayant rien programmé derrière, il proposa à Willemetz de passer aux Bouffes en ajoutant des choristes, des couplets et de la musique. Bien entendu, c’était grisant !

Maquettes originales des costumes de Pol Rab
Collection Jacques Crépineau
( photos DR )
Mais qui ferait la musique ?
À la grande surprise des auteurs et directeur, le grand Christiné, qui attendait tranquillement la fin des hostilités à Nice, accepta de monter à Paris pour l’occasion. Lui, compositeur de plusieurs centaines de refrains que Mayol, Dranem, Fragson, Polin avaient immortalisés, était tenté par l’idée de signer une opérette. Cependant le temps pressait et, en bon Helvète qu’il était, Christiné ne voulut pas prendre de risques et se contenta de fournir quelques fonds de tiroirs inutilisés auxquels il ajouta deux ou trois ensembles et finals originaux. À cette occasion, Albert Willemetz inaugura une formule de travail et créa un mot, entré dans les mœurs depuis : avec les « lyrics », l’auteur se pliait à l’inspiration du musiciens, lui laissant l’entière liberté de sa fantaisie. Jusqu’à Phi-Phi, dans le monde de l’opérette, le compositeur habillait toujours les textes du librettiste qui avait la priorité absolue de l’œuvre.
Donc, aux Bouffes, avec Urban, Pierrette Madd, Dréan, Alice Cocéa et Ferréal, la répétition générale de Phi-Phi était fixée au 9 novembre 1918. Comme le costumier Donatien était en retard pour la livraison des costumes, on recula la date au 11 novembre en matinée. C’était la pratique de l’époque. Les costumes avaient été dessinés par Pol Rab, élève aux Beaux-Arts, car moins onéreux que ceux commandés à Minon, grand costumier-vedette. Pol Rab avait 19 ans ! Pour ses débuts ce fut un coup de maître. Ses maquettes jamais exposées, jamais publiées paraissent dans ces pages pour la première fois. Disparu à 33 ans, il fit une carrière éblouissante dans tous les domaines de la scène.
Pol Rab avait ainsi bénéficié du sens de l'économie des producteurs. Le peu de foi de Gustave Quinson en son spectacle lui avait fait s'associer avec huit de ses confrères. A parts égales, dont Alphonse Franck. On verra plus tard l'importance de cette union. Débutant, heureux de l'aubaine, Pol Rab, avait fait des sacrifices qui s'avérèrent payants. Donatien était donc en retard et avait montré si peu d'empressement qu'il fut forcé d'accepter un pourcentage pour prix de son travail. Au bout de quelques mois, il pouvait s'acheter une villa et sut transformer son pourcentage en avantageux forfait qui lui permit de transformer celle-ci en … château !



Maquettes originales des costumes de Pol Rab
Collection Jacques Crépineau
( photos DR )
Pour bien saisir l'importance de Pol Rab, il convient de relire les lignes que Marcel Achard lui a consacré :
« Pol RAB avait un grand talent. Et une vision du monde singulièrement poétique. Il regardait les êtres avec une tendresse goguenarde. Il aimait trop la vie – ou peut-être se sentait-il trop pressé par le temps – pour soumettre son talent à un effort continu, dans un sens donné, et dans ce sens seulement. Il ne disciplina pas ses dons, il en fut prodigue. Son activité prodigieuse, il l'employa sous toutes ses formes. Il fut un peintre d'affiche admirable ; à l'époque de la grande vogue des chanteuses réalistes, il fut leur peintre officiel. Il savait mieux que quiconque souligner les traits essentiels de leur caractère physique ; mieux que quiconque aussi, les situer dans leur climat poétique ou singulier. Il fut un dessinateur et un caricaturiste d'une verve, d'une audace et d'un bonheur extraordinaires. Il donna la vie à RIC & RAC, ces chiens philosophes, sagaces, impertinents qui sont devenus légendaires…».
On a vu que Cocéa avait déjà joué la comédie ; Pierrette Madd était une petite chanteuse de théâtres périphériques, Urban et Dréan étaient des comiques de café-concert et Ferréal, Marseillais de naissance, venait du Concert Mayol. Il avait été engagé dans ce music-hall après des débuts tumultueux à l’Odéon, chez Antoine. Selon la tradition, celui-ci avait engagé les deux second prix du Conservatoire, la Comédie-Française se réservant les premiers. Ferréal, non pas doué, mais accablé d’un épouvantable accent de la Canebière, avait été programmé en matinée classique pour ses débuts officiels avec son camarade dans Andromaque. Ils furent remerciés aussitôt, car son partenaire était Saturnin Fabre qui possédait déjà l’étonnante personnalité qui a fait son immense carrière. Les deux partenaires n’étaient pas en conformité avec la tradition classique qui sied à Racine… bien qu'elle fit se tirbouchonner de rire les potaches qui assistaient à cette mémorable création.
Mais le 11 novembre, dans la liesse qui emplissait les rues, pas question de donner une répétition générale. Laquelle eut enfin lieu le lendemain 12, après avoir été annoncée dans la presse du matin : costumes grecs - esprit gaulois – musique française – danse anglaise. En effet, depuis le déferlement du ragtime et l’arrivée des jazz-bands américains, le public réclamait des rythmes nouveaux que Phi-Phi eut le bonheur de présenter. Dans l’ambiance euphorique, la générale fut brillante et triomphale, selon les mots habituels. Tout Paris était dans la salle : de Mayol à Henri Bergson, traîné là par Anna de Noailles, de Marthe Chenal à Maurice Chevalier. Bergson était si content que le lendemain il adressa à Albert Willemetz un exemplaire du Rire ainsi dédicacé : « À Albert Willemetz, qui est aussi un philosophe ».
Oui Tout Paris en rupture de flon-flons tricolores était là : Cécile Sorel coiffée d’aigrettes qui cachaient la vue à trois rangs de fauteuils… Gabaroche apprenant la leçon pour peaufiner ses futurs succès dans ce même théâtre (cf genies méconnus), Liliane Greuze couverte de bijoux par son dernier amant, surnommée par Rip « La cruche casée »… et Napïerkovska inaugurant le nouveau maquillage qu’elle rendrait célèbre au cinéma muet…
L’heureuse destinée de Phi-Phi fit oublier à Albert Willemetz ses difficiles débuts. La critique ? Aimable ? Même pas. Dans Le Temps, Adolphe Brisson écrivait que la pièce « manquait d’originalité, renouvelait insuffisamment le plaisir des spectateurs… se bornait à réveiller leurs souvenirs… elle était sans finesse… ». Dans Les Débats, Adolphe Julien déclarait, péremptoire : « Comment trouver le moindre agrément à Phi-Phi ?… C’est une opérinette ». Quant à Henri Welschinger, membre de l’Institut, il fulminait dans Démocratie nouvelle contre cette « vague infecte de plaisirs grossiers » et concluait : « Si la police ne prend pas des mesures pour arrêter les flots immondes de ces égouts collecteurs, il y aura des Français qui sauront s’en mêler et faire justice de toute cette corruption. »
Que ça !


Maquettes originales des costumes de Pol Rab
Collection Jacques Crépineau
( photos DR )
Les premiers spectateurs venus s’arrachaient les petits formats des airs. La malheur était qu’ils fussent très peu nombreux. Et là encore il convient de détruire une légende : Phi-Phi ne démarrait pas, Phi-Phi ne marchait pas malgré le succès devant le public. Et au bout d’un mois il fallut bien se rendre à l’évidence : Phi-Phi était un échec. C’est ce que Gustave Quinson, qui avait assuré ses arrières, fit comprendre à Willemetz en lui annonçant qu’il retirait son enfant de l’affiche, pour créer une pièce de Maurice Rostand, Casanova, admirablement décorée par George Barbier, avec Jane Renouard, Boucot, Marcelle Geniat, André Lefaur.
Le hasard fit que Alphonse Franck, directeur du théâtre Edouard VII, ouvert depuis 1916, toujours à la recherche d’un répertoire et de son public, était aussi en panne de spectacle. Apprenant que Phi-Phi quittait l’affiche des Bouffes-Parisiens, il lui offrit l’hospitalité de son théâtre. Et là, chose étonnante, au bout de huit jours Phi-Phi faisait chaque soir le maximum de recettes pendant que Casanova en assurait… le minimum. Si bien qu’un accord intervint entre les deux directeurs et que Phi-Phi réintégrant le bercail recommença, et cette fois pour de bon, sa carrière rue Monsigny pour des décennies. Non seulement Phi-Phi apporta le bonheur à ses auteurs mais aussi à ses interprètes. Parmi les petits modèles on trouvait dans la première distribution Blanche Montel et Yvonne Vallée ; lors des reprises : Lucienne Boyer, Simone Valère et bien d’autres…
Parmi les créateurs, Urban joua le rôle pendant 29 ans. Il était parvenu à une telle perfection du personnage que l’osmose était parfaite entre lui et le héros. Dréan joua souvent aussi le valet Le Pirée, personnage pourtant secondaire que le grand Dranem tint à incarner en 1924 ! Parmi les mémorables Mme Phidias, après Pierrette Madd, Marthe Ferrare, Gisèle Grandpré, Germaine Roger, Nicky Nancel, troublèrent et enchantèrent non seulement Ardimédon, mais des milliers de spectateurs. Aspasie (mineure) révéla et porta chance à toutes ses interprètes : Alice Cocéa, Davia, Gise Mey et plus espiègle et spirituelle de toutes : Edith Georges.
Phi-Phi allait bientôt entamer une carrière internationale, traduit dans plus de quinze langues. La plus spectaculaire production dont nous ayons le témoignage est certainement la création à Londres, au London-Pavillon, hélas disparu, la plus grande salle de la ville. Le grand C.B. Cochran a réalisé à cette occasion, l'un des plus beaux spectacles de sa carrière, pourtant si riche ; le livret découpé en deux actes, présenté en quatre décors, introduisait de nombreux personnages d'époque mais respectait scrupuleusement l'intrigue. Bref, près d'une centaine d'artistes animaient l'immense plateau. La grande innovation avait été l'adjonction d'airs intercalés de Chantrier, Cole Porter et Herman Darewoki. Les danses et ballets étaient réglés par les Dolly Sisters. Les nombreux décors et costumes avaient été imaginés par Edmond Dulac, parisien de grand talent, découvert par Jacques Rouché au théâtre des Arts. Evelyne Laye, qui avait été une belle Veuve Joyeuse, les grands fantaisistes Clifton Webb et Stanley Lupino, menaient la troupe de façon irrésistible. C'était le triomphe de la super opérette devenue comédie musicale anglo-saxonne.
Et c'est ainsi que Albert Willemetz devint important. Il assura la transition, ouvrant les portes pour ce qu'il est convenu d'appeler « la comédie musicale française ». Plus tard, travaillant avec les meilleurs compositeurs, il réussira des succès mémorables et un chef-d'œuvre hors-temps : Là-Haut , opéra bouffe, avec Maurice Yvain, l'Offenbach du XXe siècle, et c'est en hommage à Albert Willemetz que le compositeur Camille Saint Saens, pourtant peu porté sur la gaudriole écrivit en 1926 : « L'opérette est une fille de l'Opéra Comique, une fille qui a mal tournée : mais les filles qui tournent mal ne sont pas toujours sans agrément ».
Bien entendu, Phi-Phi connut sa version filmée et muette avec les paroles populaires des Petis païens ou de la Gamine charmante, lisibles sur un carton à l'écran, pendant qu'un pianiste jouait la mélodie… Les nom des responsables sont bien oubliés : mise en scène : D. Fexis, avec Rita Jolivet, Georges Gauthier, Gaston Nores et Irène Wells.
Mais le plus spectaculaire du film, qui était aussi à grand spectacle, étaient les irrésistibles costumes art-déco, créés par Madeleine Vilpelle que l'on peut voir ci-dessous, aussi pour la première fois.


Costumes de Madeleine Vilpelle
Collection Jacques Crépineau
( photos DR )
En 1934, les costumes de la création tombèrent en poussière. Freddy Wittop, authentique hollandais, ancien danseur espagnol, devenu l'un des meilleurs créateurs de son temps en conçut de nouveaux pour les Bouffes Parisiens. Eux aussi, jamais exposés, ni publiés, ornent cette page.


Costumes de Freddy Wittop
Collection Jacques Crépineau
( photos DR )
Toujours au même théâtre, Erté et Claude Catulle habillèrent nos héros avec luxe, invention et esprit… greco-parisien.
Ma passion pour Phi-Phi m’a conduit à voir douze, peut-être quinze, productions différentes : les meilleures et aussi, hélas, les pires ! C’est inévitable et c’est aussi la preuve de la pérennité de Phi-Phi, à qui on peut faire subir tous les outrages, ceux qu’on inflige aux chefs-d’œuvre de Shakespeare, de Molière, de Beaumarchais et autres… Outrageusement défigurés par des metteurs en scène impuissants…
40.000, 50.000 représentations de Phi-Phi n’ont jamais lassé les spectateurs. La 1.000 ème aux Bouffes-Parisiens, eut lieu le 26 janvier 1921. Ce soir-là, le chansonnier Lucien Boyer improvisa sur la célèbre valse des Saltimbanques, « C’est l’amour », ce refrain repris en chœur souvent par les spectateurs eux-mêmes :
C’est Phi-Phi que l’univers chante à la ronde,
C’est Phi-Phi qui réjouit l’humanité,
C’est Phi-Phi qui va faire le tour du monde,
C’est Phi-Phi qui va nous rendre la gaieté !
Et Alphons Karr avait déjà tout dit en constatant : « Plus ça change, plus c’est la même chose »
Amen !
Jacques Crépineau
Avec l'aimable autorisation de Monsieur Guy Couloubrier, revue Happy Few

Dessin de Uzelac
Collection Jacques Crépineau
( photos DR )