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Jean-Denis Malclès

Peintre, décorateur, scénographe, coloriste

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Collection Janine Malclès

(1912-2002)
I
ndéniablement l’un des décorateurs qui ont le plus marqué la seconde moitié de XXème siècle, cet authentique provençal, peintre par essence, n’a cessé de nous surprendre tout au long de sa vie par l’étendue, la grâce, l’humeur joyeuse de son imaginaire.

Ancien élève de l’École Boulle, où l’on pratique depuis toujours l’excellence, il sculpte d’abord des meubles dans l’atelier du maître Ruhlmann, il peint sur toile et sur tissus, mais le Théâtre n’est pas loin. Grâce à Jean-Louis Vaudoyer, grand admirateur de son talent de peintre et de coloriste, (le fameux rouge Malclès est à jamais célèbre) il signe l’un de ses premiers décors pour la Comédie-Française. C’est là qu’il acquiert la parfaite connaissance de la machinerie théâtrale.

Son génie, nourri à l’école de Christian Bérard, s’exprime dans un sens extraordinaire de la synthèse, doublé d’une créativité qui ne connaît pas de limite. Son sens de l’humour et de la dérision vont faire de lui le complice idéal d’Yves Robert, et de Grenier-Hussenot pour lesquels il créera sur des scènes minuscules des décors grandioses. Certaines de ses créations, comme les costumes des Frères Jacques, un demi siècle plus tard, crieront encore leur modernité…

Mais de 1948 à 1981, c’est une véritable osmose qui s’établira avec Jean Anouilh qui reconnaîtra en lui le décorateur capable de voyager au pays de ses propres rêves et de les lui restituer. Collaboration historique et fructueuse s’il en fut, doublée d’une amitié indéfectible.

Comment oublier Jean-Denis, sa façon de sourire en coin, le visage légèrement incliné et l’œil tout à la fois malicieux et affectueux ? Comment oublier l’ami, indissociable du professionnel, comment oublier l’ingéniosité de ses trouvailles, comment oublier ses qualités graphiques épurées, la précision de son trait, comme dans le décor du Chien du Jardinier de Lope de Véga qu’il signa pour Jean-Louis Barrault ?

Ce sens de l’épure et de la synthèse il l’a poussé jusqu’au sublime dans nombre d’affiches illustrées. Il appliquait avec génie la définition de Paul Colin : « une affiche est un télégramme pour l’oeil ». Ses réalisations innovantes et dépouillées continuent, par leur pouvoir d’évocation, par la sensibilité qui s’en dégage d’enchanter le public des expositions. Jean Cocteau ne lui confia -t-il pas le soin de dessiner l’affiche de son film La Belle et la Bête ?….
Son souvenir demeure en nos coeurs admiratifs, fidèles et respectueux avec une infinie tendresse pour son épouse Janine sans laquelle nous n’aurions jamais pu profiter de lui si longtemps.
Merci pour tout ce que tu as fait Jean-Denis. Merci d’avoir été cet homme de talent, bon, ouvert, généreux et joyeux que nous avons tant aimé.

Danielle Mathieu-Bouillon
Présidente de l’Association de la Régie Théâtrale