Comme pour Sacha Guitry, et bien que Marcel Pagnol ait produit 3 pièces pendant la période qui nous intéresse, nous avons préféré privilégier deux des pièces produites avant 1945, car il s’agit des meilleures, pour de pas dire des chefs d’œuvre.
TOPAZE
Analyse
Une satire mordante et cruelle sur la corruption qu’engendre l’argent. Renvoyé de son école, un humble instituteur devient le précepteur de bourgeois cyniques. À leur contact, un peu malgré lui, il se lancera dans les affaires, deviendra pire qu’eux, et écrasera tous ceux qui tenteront de s’opposer à lui.
Critiques
« Un gros succès et, ce qui est mieux, une œuvre. Une comédie qui est très gaie et en même temps amère et âpre sur le pouvoir corrupteur de l’argent… Monsieur Pagnol est un esprit rigoureux et ferme qui va jusqu’au bout de ses audaces ; c’est aussi un auteur qui a le sens, le don du comique des mots qui font balle, des traits vifs et nets qui peignent les êtres… Sans risque de se tromper, on peut annoncer en lui dès maintenant, un des maîtres du théâtre de demain ».
Étienne REY - Comœdia
« Topaze " marque l’entrée dans la carrière d’un auteur dramatique de la lignée de Meilhac et de Robert de Flers, un manieur de réalité mordante, cruelle, mais éclairée par la radieuse lumière de cet esprit léger, aérien, vif et précis dont le comique a un sens, une philosophie, et part tantôt en fusée pour percer et pour éblouir ».
Claude BERTON - Les Nouvelles Littéraires
« Cette comédie a remporté un très grand succès. Elle est amusante. Elle est brillante. Elle abonde en mots faciles, mais d’une justesse notoire, et bien en situation. Elle se donne, par instant, l’air de la cruauté et elle reste joviale de la façon même qui peut séduire le public ».
Pierre BRISSON - Le Temps
MARIUS
Analyse
Marius est le fils d’un cabaretier marseillais et rêve en permanence de quitter Marseille pour s’embarquer et partir en mer à l’aventure. Un soir, dans le plus grand secret, il s’enfuira pour réaliser son rêve, laissant les siens dans une grande tristesse, son père étonné et furieux, et sa fiancée Fanny malheureuse et enceinte.
Critiques
« La jolie pièce et le joli succès, et comme on se réjouit de voir le triomphateur de Topaze obtenir, ici encore, cette parfaire réussite, de voir un jeune auteur affirmer définitivement sa maîtrise, en accord complet avec le public, et cela sans bluff ni scandale, sans prétendre à tout rénover ni à tout bouleverser, par les moyens éternels, probes et propres du théâtre, en nous montrant des personnages, et en exprimant les sentiments les plus directs et les plus simples ».
FRANC-NOHAIN - L’Écho de Paris
« L’auteur a supposé une série de scènes-types dont chacune se suffit à elle-même, mais qu’il a liées d’une façon adroite. Tout cela fait autant de tableaux charmants. Et tous ces gens-là parlent un langage exquis, léger, sous entendu, le plus peuple et le plus pittoresque, où ils mènent inépuisablement des images fantasques avec, tout à coup, un mot dru, truculent, éclatant et sonore ».
Henry BIDOU - Le Journal des Débats
« C’est du merveilleux théâtre anecdotique dans le milieu pittoresque, la vie intense des personnages constitue le principal mérite… Les quatre actes réalisent à miracle le grouillement ensoleillé, la vie intense et si plaisamment frénétique de notre grand port ; ils fleurent les oursins et la bouillabaisse, c’est un voyage là-bas que le spectateur accomplit sans quitter son fauteuil ».
ANTOINE - L’Information
CÉSAR
Analyse
La dernière pièce de la trilogie, après Marius et Fanny. Panisse, qui a épousé Fanny après le départ de Marius, se meurt. Césariot, jeune polytechnicien et fils de Marius mais reconnu par Panisse revient à Marseille et découvre le secret de sa naissance. Il fera la connaissance de Marius, lequel retrouvera Fanny.
Critiques
« … Je m’aperçois qu’ainsi résumée, l’histoire de César doit paraître d’une presque insupportable fadeur. Or, et c’est précisément le secret de l’art de Marcel PAGNOL, la pièce n’est pas fade… Mais c’est pour le spectateur un plaisir et un repos incontestables que de se sentir conduit, de scène en scène, par un guide qui sait où il va et ne trébuche point, par un homme qui sait composer un dialogue et le faire progresser dramatiquement ».
Thierry MAULNIER - Spectateur
« C’est une grande chose pour un auteur que de susciter parmi son public cette rare connivence. Toute la salle, l’autre soir, la ressentait avec moi. Signe éclatant d'une réussite qui défie l’analyse et qui, peut-être, défiera le temps ».
Francis AMBRIERE - Opéra
« Ici, les mots ne sont pas « de situation », mais composent et complètent le dessin de caractères, les répliques émouvantes jaillissent du cœur. On ne sent pour ainsi dire jamais l’auteur derrière ses personnages qui vivent et parlent comme ils doivent parler et vivre ».
René BIZET - Paris-Presse
« Il est superflu de dire, sans doute, qu’on retrouve dans César la verve, la fantaisie, la saveur, le sens du pittoresque, le goût de l’humour, de la galéjade, qualités éminemment propres à Marcel Pagnol. Est-il besoin d’ajouter que nul mieux que lui ne sait construire une pièce, conduire une scène, mener une action ».
André RANSAN - Résistance